Eden était un homme qui se plaisait à dire qu'il était imperturbable. S'il lui avait conté de nombreux passages de son entraînements, de larges pans de son existences étaient voilés de mystère, comme s'ils n'avaient pas de réelle importance pour lui, et par extension, nulle importance pour sa jeune compagne. En outre, elle n'avait jamais vraiment eu l'occasion de le voir abandonner son masque qui oscillait entre sourires narquois et dangerosité, il n'en restait pas moins un homme belliqueux, qui aimait rependre le chaos. Lexi ne s'était, jusqu'à aujourd'hui, jamais posé de questions sur la véracité de ses propos, et elle n'aurait imaginé émettre des doutes sur ses déclarations un jour. Car il était tout ce qu'elle avait connu : son mentor, son allié, son meilleur ami, son amant, son premier amour. Et quand bien même ils avaient connu beaucoup de bas, ils avaient également vu passer de beaux jours. Ils ne faisaient qu'un. Mais aujourd'hui, tout avait changé : un premier gouffre s'était creusé entre les deux Sith, et après avoir prononcé les mots les plus difficiles, ceux qui sonnent comme des reproches, la rouquine ne peut qu'observer la réaction négative que cela engendre chez lui. Elle ne se démonte pas : elle attend une explication. Sa première réponse, son ton est sarcastique, cruel, et la jeune femme n'a pas besoin de traducteur pour comprendre qu'il se sent presque trahi par ces mots. Car cela impliquait qu'elle avait momentanément échappé à son contrôle, qu'elle avait eu des entretiens avec l'ennemi, ceux contre qui il s'était fermement opposé à les revoir un jour. Pour toute réponse, malgré la boule d'angoisse qui naît dans son estomac, elle réussit à souffler un « Tu ne pensais pas que j'allais rester éternellement sans les revoir ? » Elle avait passé ces cinq dernières années à nourrir une haine viscérale à ces personnes dont elle ne connaissait que le nom et la fonction au sein de l'Ordre Jedi, et elle était bien trop prise dans son enseignement du Côté Obscur pour faire la part des choses. Eden l'avait modelée pour penser ainsi, pour en faire une Sith redoutable, qui le moment venu pourrait frapper ses anciennes connaissances.  Eden reste mielleux dans son discours, mais on sent que la bête en lui rugit, comme si elle était prête à bondir si Lexi maintenait ses accusations. Il insinue qu'ils l'ont manipulée. Et soudain ses convictions commencent à se craqueler de nouveau. Qui croire ? En qui faire confiance ? Que s'est-il réellement passé sur Yavin IV ? Pourrait-t-elle s'en rappeler un jour ? La Force ne pourrait-t-elle pas lui ouvrir le chemin vers la vérité ? Au lieu de cela, Eden continue sur sa lancée, bien loin de se laisser démonter, même s'il n'aime manifestement pas la position dans laquelle son apprentie le met.  Enfin, il pose la bonne question : pour quelle raison avait-elle rencontré toute ces personnes, qui étaient des piliers de son passé. Elle réfléchit. Elle tente de trouver les bons mots afin de ne pas le froisser. « Ne va pas penser que je les ai vus car tu ne m'est pas suffisant. » Elle secoue doucement la tête en laissant retomber sa main. « Ma mémoire est un grand néant, et le premier souvenir que j'ai est ton visage penché au dessus du mien, à mon réveil, après le massacre. » Lexi lâche un long soupir. « Avant de mettre notre plan à exécution sur Naboo, je n'ai jamais rien connu d'autre que Korriban. Je ne pouvais avoir rien d'autre que ce que tu me donnais. » Et soudain, il rugit. Et le pire, c'est qu'il en était légitime. Car il est vrai que même si il l'avait kidnappée, comme elle le soupçonnait, n'avait-il pas prit soin d'elle ? Même si leur relation était fort étrange, voire inconcevable pour certaines personnes, elle n'avait pas à se plaindre de son traitement. Si on en oublie les actions d'Eden parfois portées sans le consentement de Lexi, et quelques pressions et quelques disputes, il n'en restait pas moins un mentor très attaché à son apprentie. « Est-ce que je t'ai jamais fait du mal? Du moins... sans ton consentement, en tout cas ? » Elle rougit, elle frisonne au souvenir de leurs ébats, et cette dernière déclaration est criante de vérité. Lui avait-il déjà fait du mal ? Pas vraiment. Enfin elle ne croit pas ; disons que les fois où cela était arrivé, il était incontestable que c'était de sa faute à elle. Qu'elle l'avait mérité, en somme. Et puis, il est vrai que dans leurs moments intimes, ils ne se privaient pas de ce genre de pratique. Et enfin, le dernier argument : ils la manipulent. Ils se servent de sa faiblesse, de son manque de souvenirs pour atteindre Eden. Elle secoue brusquement la tête « Mais... Mais non, ce n'est pas possible. Tu n'étais pas avec eux, tu n'as pas vu... Mais... Mais... I-ils avaient l'air sincères... La Force... » La Force me l'a soufflé, allait-elle répondre, mais elle se retient au dernier moment. Enfin, elle serre les poings. « Qui suis-je censée croire ? Je ne suis pas ta marionnette. Je ne suis la marionnette de personne ! » Puis, elle porte la main à sa bouche en réalisant les mots qui venaient de traverser ses lèvres. L'affront ultime, la phrase de trop. « N-non attends, je... Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire... » Elle recule d'un pas.