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Get out, get out, get out of my head. ✖ Oz

Moira Sayall
Moira Sayall
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Get out, get out, get out of my head. ✖ Oz M4R7teN
FEVER
(I've got a fever, so can you check ?
Hand on my forehead, kiss my neck
And when you touch me, baby, I turn red.
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Get out, get out, get out of my head. ✖ Oz 0b8d827dd675f3a663f5fcde913f7698fa49d95eGet out, get out, get out of my head. ✖ Oz 9cc6f9716bd2671da27b64abf7c7b3ff1432e046
YOU ARE MY SUNSHINE
(You make me happy
When skies are gray
You'll never know, dear
How much I love you.
)


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SLIPPING THROUGH MY FINGERS
(Do I really see what's in her mind ?
Each time I think I'm close to knowing
She keeps on growing,
slipping through my fingers all the time.
)

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Get out, get out, get out of my head. ✖ Oz Original
HEART AND SOUL
(You're my heart, you're my soul
I'll be holding you forever
Stay with you together.
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And fall into my arms instead.
Moira & Oz

Son corps est encore endolori, couvert de bleus et de cicatrices qui prendront quelques temps avant de disparaitre entièrement. Elle s’est redressée dans le lit sur lequel elle est restée pendant assez longtemps à son goût. Moira n’a pas envie de rester ici, dans cette infirmerie aseptisée, sur cette couchette sur laquelle elle aurait aimé ne jamais finir. Les nuits sont longues, sans repos et le peu de temps où elle ferme ses paupières, la petite brune est assaillie par les images de sa dernière bataille spatiale. Elle revoit tous ces X-Wing explosant sous ses yeux, de ses camarades tombant comme des mouches. Tant de morts… Elle revit sa descente interminable, elle peut ressentir cette peur qui lui déchirait le coeur alors que Moira était persuadée d’aller vers sa mort. Est-ce que Gavin a ressenti la même chose ? A-t-il eu le temps de voir son trépas venir ou cela a-t-il été rapide, indolore et sans peur ? Elle l’ignore, cette réponse restera à jamais sans réponse. Pourquoi elle ? Pourquoi s’en est-elle sortie alors que plusieurs de ses amis ont trépassé ? Elle a ce poids sur les épaules, celui du survivant qui s’en veut. Pour être honnête, elle ne voulait pas survivre. Elle ne voulait pas se réveiller. Aujourd’hui, elle regrette amèrement de n’être pas morte dans le crash de son vaisseau. Certes la brunette s’en serait allée avec tant de regrets, ceux qui la bouffent de l’intérieur depuis si longtemps mais qu’importe, sûrement aurait-elle trouvé la paix par la suite. Plus de souffrance. Plus rien. Juste le vide. Moira aurait voulu s’éteindre sur l’herbe de Naboo, tenant dans sa main la poupée de chiffon appartenant à sa fille. Si elle avait disparu ce jour-là, on aurait fait parvenir les moult lettres rédigées par Moira à l’intention de son unique enfant, un jour, elle aurait tout su, plus de secret. Elle se passe une main sur le visage avec un long soupir, remarque le petit bouquet de fleurs sur la minuscule table de nuit avec, posée contre le vase, la fameuse poupée. Quelqu’un a pris soin de la nettoyer, de faire partir les traces de suie et de sang qui la maculaient. Sa chaine et son alliance repose au même endroit et Moira les récupère pour repasse le collier à son cou, bien qu’elle ne s’en sente pas particulièrement digne. Lorsqu’elle croyait courir vers sa fin, Moira n’a pas eu une seule pensée pour son défunt époux. Ses amis, sa fille, Oz… Mais pas lui. Elle s’en veut.

Les draps sont repoussés avec maladresse, ses mains tremblent légèrement. Elle retire la dernière perfusion à son bras, pose ses pieds sur le sol gelé dans un frisson ; des vêtements propres sont posés un peu plus loin. Moira sait qu’elle doit rester encore quelques jours dans l’infirmerie mais elle n’en peut plus, elle veut rejoindre sa propre cabine, s’enfermer dans une pièce familière et ne voir personne. D’ailleurs, elle a refusé de voir qui que ce soit une fois réveillée de son coma. Puis de toute façon, la seule personne que la pilote aurait aimé voir n’en a sûrement pas envie. Ses mots résonnent encore et toujours dans son esprit, le laisser en paix. Elle le fait, respecte sa volonté même si celle-ci lui crève le coeur. D’un pas peu assuré, la brune s’avance vers les habits lui appartenant ; elle se débarrasse de la blouse dont on l’a affublée à son arrivée à l’infirmerie puis s’habille. Personne ne pourra la retenir, elle va bien mieux, elle peut marcher et même si des douleurs persistent, elle s’en fout. Ce n’est pas une migraine qui l’empêchera de faire ce dont elle a envie et ce qu’elle veut, c’est son intimité. Moira récupère le jouet, hésite quelques instants devant les fleurs sauvages avant de finalement les retirer de leur vase pour les prendre avec elle. Sans un dernier regard, elle se glisse à l’extérieur de l’infirmerie.

Sur le chemin, Moira parvient à ne croiser personne. Son coeur se serre alors qu’elle s’approche du quartier occupé par l’escadron Rogue, elle prie pour que personne ne soit éveillé, qu’ils soient tous dans leur cabine à dormir. Personne. En évitant de regarder les portes des chambres de ses camarades tombés au combat, Moira s’empresse de faire coulisser sa porte pour se faufiler dans la cabine. C’est un BB-12 surexcité qui descend de son petit socle pour venir tourner furieusement autour de sa propriétaire en bippant joyeusement, c’est que Moira lui a quelque peu manqué !

« Shhhh BB, tu vas réveiller quelqu’un. » Murmure doucement la brune en tapotant la tête ronde du droïde.

Ce quelqu’un n’étant autre que son voisin de chambre. Elle repousse gentiment le robot, dépose les fleurs ainsi que la poupée sur sa table de chevet avant de s’allonger sur son lit. Lumières éteintes, seul BB-12 éclaire légèrement la pièce en diffusant une lumière bleutée, comme une veilleuse. La brune reste quelques minutes dans cette position avant de finir par se redresser pour récupérer un bloc de papier ainsi qu’un crayon avec lequel elle noircira une page de son écriture un peu tremblante. Cela fait un moment qu’elle n’a pas écrit, les mots se bousculent, les larmes coulent le long de ses joues, venant parfois atterrir sur le papier. Parfaite Catharsis. Ou presque. Car plus elle rédige, plus un autre sentiment prend le dessus sur sa tristesse : la colère. Intenable, violente, ses doigts se crispent sur le stylo qui dérape. Sa main balaie brusquement toutes les affaires déposées sur le bureau qui s’envolent pour heurter un mur. Moira attrape sa chaise, la balance à son tour avec toute la rage dont elle peut faire preuve, se foutant soudainement bien de foutre le bordel et de réveiller toute la base. Tout ce que ses mains peuvent trouver, elles le jettent contre le mur. Extérioriser cette putain de rage, faire passer cette colère sur les objets qui l’entourent. Le pauvre BB-12 s’est précipité hors de la chambre, bippant comme un fou en évitant les affaires de Moira qui volent à travers la pièce. Des coups à la porte, la brune s’arrête, à bout de souffle avant de se tourner pour faire coulisser le panneau. Ses yeux se lèvent, rencontrent le visage d’Oz.

« Non. » Dit-elle avant même qu’il ne dise un mot, froidement.

Refermer. Elle n’a pas envie de le voir, finalement. Qu’il la laisse tranquille, que tous la laissent en paix. Moira referme la porte ; ou essaie.

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La guerre, elle prend tout et elle ne laisse rien. Les yeux grands ouverts, allongé en travers de mon lit, je laisse le temps filer. J’espère qu’il fera bientôt jour. Bientôt, tout le monde s’activera à nouveau et je pourrai oublier la tristesse, la colère, la haine. Au milieu de la masse qui s’agite, je noie les sentiments trop forts qui m’oppressent, mais ils reviennent à la tombée de la nuit. Alors que certains ferment les yeux pour trouver le repos, je fais partie de ceux qui ont le sommeil agité. Pour ne pas dire carrément inexistant. Les cernes se creusent sous mes yeux, les nerfs s’irritent, les pensées s’atténuent. Je ne souffre pas de cette anesthésie qui étreint mon corps au fur et à mesure des nuits blanches que je passe. Au contraire, je crois que je garde les yeux volontairement ouverts, pour ne pas avoir à revoir toutes ces images. C’était il y a plusieurs jours déjà, pourtant les images défilent sous mes paupières comme si c’était hier, à chaque fois que je les ferme. Il y a d’abord Nyalin, son corps déchiré, ses yeux qui ne s’ouvriront plus jamais. Je crois que je n’ai pas pleuré, je n’y arrive pas. Sa mort me laisse vide. Vide, et c’est tout. Je n’ai pas le courage de parler d’elle, avec quiconque. Même Moira, je lui ai demandé de me laisser tranquille quand elle voulait m’aider. Je ne sais pas quoi dire, je n’ai rien à dire. J’ai juste peur de ce rien qu’elle a laissé dans ma vie. Même si nous étions loin l’un de l’autre, même si tout n’allait pas toujours si bien. Elle était ma fiancée, et elle aurait dû devenir ma femme.

Au-delà du corps sans vie de Nyalin, il y a les autres. Tous les Rogues tombés au combat, les autres résistants aussi. Mes amis, mes frères. Moira. Amer, je repense à ce que j’ai pu lui dire la dernière fois que nous avons réellement parlé tous les deux. La dernière fois qu’elle a tenté de venir me parler. Les quelques mots échangés lors de la bataille ne comptent pas, je pense encore à son regard déçu, ses yeux si tristes. Je regrette chaque jour de ne pas lui avoir demandé de rester même si j’étais incapable de lui parler. Je regrette cette colère que j’ai pu lui jeter au visage. Parce qu’elle compte trop, parce qu’elle n’aurait pas dû compter autant alors que j’étais fiancé, parce que ce n’est pas avec elle que j’aurais dû être toutes ces nuits. Et pourtant, je ne sais pas si je changerais quoi que ce soit si on m’en laissait la possibilité. Je ne sais pas si j’aurais été prêt à effacer toutes ces nuits passées près d’elle, à veiller sur son sommeil, à la rassurer après un cauchemar. Sans que je ne m’en rende compte, elle a pris une place trop importante dans ma vie, et je n’avais pas le droit de lui en vouloir pour ca. Maintenant, j’espère à chaque instant d’avoir une occasion de lui demander pardon, de lui dire à quel point elle compte pour moi. Je n’oublie pas son visage maculé de sang, son souffle court alors qu’elle était à l’infirmerie. Après la bataille, après mon crash sur le sol de Naboo, je ne savais pas combien de personnes j’avais perdues. Je n’ai pas songé un seul instant que Moira pourrait faire partie de ces pertes. Ce n’est qu’en revenant sur la base de la Résistance que j’ai appris qu’elle aussi s’était crashée, plus violemment, qu’elle était en mauvais état. Tous les jours, je les ai passés près de son lit dans l’infirmerie, à veiller sur son rétablissement. Si terrifié à l’idée de la perdre elle aussi, j’ai peut-être crié sur quelques infirmiers pour qu’ils s’occupent mieux d’elle, qu’ils me la ramènent. Pourtant, quand elle a enfin bougé, quand ses yeux ont papillonné légèrement, je suis parti. Je n’ai pas eu le courage de la regarder s’éveiller, de la voir en colère contre moi. Comme seule trace de mon passage, j’ai laissé quelques fleurs, et puis je l’ai laissée.

Ruminant mes pensées, je suis soudainement sorti de mon état de somnolence par des petits bips joyeux et répétés dans la cabine d’à côté. Je fronce les sourcils, surpris d’entendre autant de bruit dans la chambre de Moira à une heure pareille. Et puis je me dis que c’est simplement son petit droïde qui doit se réveiller. Je ne sais pas, je ne comprends pas mais je ne bouge pas. Ma tête retombe sur mon lit alors que je reprends ma contemplation du plafond. Et tout à coup, un bruit plus sourd. Des objets qui volent, je crois, quelqu’un qui balance tout. Je me demande qui peut bien faire un bordel pareil au beau milieu de la nuit. Moira ? Elle devrait être à l’infirmerie, en convalescence. Le carnage ne s’arrête pas, c’est comme si quelqu’un détruisait absolument tout dans la cabine voisine de la mienne. Alors je finis par me lever. Je passe des vêtements, je me glisse sans bruit dehors pour voir BB-12 dans le couloir, roulant nerveusement, bipant de mécontentement. Le petit droïde semble bien perturbé quand je m’approche de lui, je pose une main sur le haut de sa tête. « Calme toi BB, je m’en occupe. » Il siffle encore une fois et finit par se taire. Tous les deux ils font un tel bordel que j’ai l’impression que la base entière va se réveiller. Tendu, j’abandonne le petit droïde pour m’approcher de la porte de mon amie. Je ne sais pas ce que je vais lui dire, mais j’approche une main tremblante du panneau. Un coup, deux coups, trois coups. J’ai le cœur qui bat fort dans ma poitrine, mais j’essaie de garder un air calme. Finalement, la porte coulisse pour laisser apparaître le visage de Moira. Elle est essoufflée, elle a pleuré aussi. Mon cœur se serre de la voir à nouveau dans ces états, pourtant je n’ai pas le temps de la contempler plus.

Son refus claque dans l’air avec un simple mot, et je vois la porte se refermer. Reflexes de pilote, désespoir peut-être aussi, je glisse mon pied entre le panneau coulissant et le mur avant que la porte ne se ferme complètement. Je ne veux pas de ce froid entre nous, je veux être là pour elle et la serrer contre moi. Un lourd silence s’installe, que je ne brise pas en ouvrant la porte pour pouvoir entrer, avant de refermer derrière moi. Je ne fais aucun commentaire sur l’état de la chambre, j’ouvre à peine la bouche pour essayer de trouver un truc à murmurer. « Tu devrais pas être à l’infirmerie ? » Mon regard inquiet trouve le sien, et je comprends qu’elle n’y retournera pas, alors je m’approche un peu d’elle. Doucement, comme on approche d’un inconnu blessé, d’un petit animal sauvage. D’une main douce mais ferme, je la fais asseoir sur son lit et je m’assois près d’elle. Je veux entendre ses problèmes, qu’elle me parle de tout ce qu’elle a au fond du cœur, encore. Comme avant que tout n’éclate. Mais il y a cette colère en elle, que je peux sentir d’où je suis. Moira ne parlera pas, et je crois que je la comprends. Pourtant je refuse de la laisser seule alors qu’elle semble sur le point d’imploser. Je veux être là pour elle alors qu’elle est à deux doigts de craquer. « Je suis désolé pour tout ce que je t’ai dit… » Je ne peux pas la perdre, je ne veux pas la perdre. Mes doigts se referment doucement sur son poignet parce que je refuse simplement qu’elle s’éloigne. Il n’y a plus qu’elle maintenant, le dernier repère stable dans ma vie. Le cœur battant, j’espère simplement l’aider à trouver la paix, et la trouver aussi en restant auprès d’elle.
Moira Sayall
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Moira & Oz

Les objets jonchent le sol, certains sont brisés, certains sont intacts et Moira est au milieu. Au milieu du chaos qu’est devenue sa chambre mais aussi qu’est son esprit, sa vie. La pièce est à l’image de tout le reste, finalement voilà un environnement qui correspond bien plus que les murs aseptisés de l’infirmerie. Mais ce débordement de rage est-il utile ? Soulage-t-il le poids qui écrase douloureusement la poitrine de la brune ? Non. Elle sait que massacrer ses effets ne parviendra pas à apaiser la douleur mais elle le fait tout de même, parce qu’elle n’ignore pas qu’elle ressentira un bref soulagement, quelque chose d’éphémère. Et ça, c’est mieux que rien. Ses doigts se sont refermés sur les fleurs déposées un peu plus tôt sur sa table de chevet, elle s’apprête à les balancer à leur tour sauf que quelque chose la retient; l’en empêche, sans qu’elle ne puisse savoir quoi. Les plantes retournent à leur place, la lampe de chevet suffira largement mais celle-ci non plus n’a pas le temps de venir heurter le mur en face d’elle que des coups, un peu timides, sont portés à la porte.
Il est entré. Moira ne le voulait pas. Moira n’a pas envie de le voir. Ou plutôt si. Ou non. Dieu que son esprit est embrouillé, que son coeur ne sait plus quoi faire. Il lui demande si elle ne devrait pas être à l’infirmerie, la brune tourne la tête vers lui et leurs yeux se croisent. Elle peut y lire l’inquiétude, la tristesse, la fatigue et l’espace d’un instant, elle a la folle envie de le serrer entre ses bras. Sauf que la question résonne, l’amertume remonte et elle répond avec une sècheresse dont elle n’est pas habituée :

« Je ne suis pas mourante, je ne vois pas pourquoi j’y resterais. »

Sa voix claque comme une fouet dans le silence lourd. Jamais depuis que la jeune femme connait Oz, elle lui a parlé avec une telle amertume. Ce n’est pas dans son caractère, Moira ne rentre jamais dans une rage folle ; elle se renferme plutôt, opte pour le silence et les faux-semblants, voir l’apathie. Elle était ainsi, après le décès de Gavin, aucune colère, juste l’envie de rien et la lassitude. Pas aujourd’hui. La main chaude enserre son poignet, elle pourrait la retirer mais elle ne le fait pas car malgré elle, ce contact la rassure. Elle peut sentir cette chaleur si spécifique et apaisante qui la parcourt à chaque fois qu’Oz est près d’elle, qu’il la tient entre ses bras. C’est mal. Ca l’a toujours été mais peut-être l’est-ce encore plus aujourd’hui.

« Pourquoi es-tu là ? Moira dégage son bras, se relève du lit. J’ai pourtant dit que je ne voulais pas te voir. Donc moi, quand tu me demandes de te « foutre la paix » je dois le faire mais l’inverse par contre… »

Les pensées se bousculent dans sa tête, ses poings se serrent avec tellement de force que ses ongles s’enfoncent dans les paumes de ses mains jusqu’au sang. Les larmes commencent déjà à se bousculer, à dégouliner le long de ses joues blêmes.

« Je ne crois pas que je méritais toute cette rage et je n’arrive pas à comprendre pourquoi, de toutes les personnes possibles, tu m’as repoussée moi. Je n’arrête pas de me demander ce que j’ai bien pu faire de mal ou alors qu’est-ce que je n’ai pas fait et que j’aurais dû ! Ne me dis pas que tu voulais être seul, je n’y crois pas une seule seconde et je te connais bien trop pour savoir que ce n’est pas le cas. »

D’un revers de la main, Moira essuie ses joues avant de shooter avec rage dans un cahier explosé sur le sol. Et qu’on ne lui demande pas de se calmer, elle a besoin d’exprimer tout ce qu’elle refoule depuis quelques temps déjà, tout ce qu’elle a pu accumuler depuis que son coeur s’est brisé une seconde fois. C’est égoïste, elle s’en rend compte mais tant pis, elle ne s’est jamais prétendue Sainte.

« Ca me bouffe. Toute cette situation me bouffe de l’intérieur ; j’ai bien essayé d’ignorer tout ça mais j’en suis incapable parce que tout fout le camp et je suis presque dégoûtée de m’en être sortie, de ce putain de crash. Mais tu sais quoi ? Dans le fond, ce n’est pas après toi que je suis en colère mais moi. J’ai juste été trop conne et lâche. Je n’aurais pas dû t’écouter, rester assise sur mon lit la nuit à fixer un mur et à attendre. A la place, j’aurais dû venir tambouriner à ta porte jusqu’à ce que tu finisses par l’ouvrir, ne pas te donner le choix, ne pas laisser cette distance s’installer entre nous. Mais j’avais trop peur d’avoir le coeur brisé encore une fois. La voix de Moira se met à trembler, se fait plus faible. Peur de ton rejet, peur de te perdre… »

La petite brune baisse la tête lorsque ses larmes redoublent d’intensité ; cachant au possible son visage par ses longues mèches sombres. Ses bras viennent se croiser contre sa poitrine, elle se replie sur elle-même comme le ferait un animal blessé. C’est ce qu’elle est. A nouveau elle peut ressentir cette crainte qui l’étreignait, qui l’étreint toujours.

« Le jour où tu… Où tu m’as demandé de te laisser en paix, j’ai réalisé à quel point j’ai besoin de toi et que si tu n’es plus là, je n’ai plus rien. Ma vie est comme cette chambre, un chaos total mais ça n’a pas réellement d’importance parce tu es là. Ce n’est pas d’être seule dont j’ai peur, mais de ce lit vide où tu n’es pas, c’est d’être sans toi qui m’effraie le plus. Elle marque une pause, la gorge serrée par les sanglots. Parce que je t’aime. Tellement. Plus que je ne le devrais. »

Les doigts de Moira entortillent nerveusement la chaine au bout de laquelle pend son alliance. Les mots sont sortis mais le soulagement ne vient pas, l’angoisse est toujours présente parce qu’elle sait que si elle perd Oz, Moira sera privée de l’unique personne qui l’empêche de lâcher prise. Si la mort de Gavin a été douloureuse, la disparition de Oz serait plus dévastatrice encore ; cette simple pensée fait naître un sentiment de culpabilité. Cette même culpabilité qui l’écrasait un peu plus tôt lorsqu’elle s’est rendue compte que pas à un seul moment, à l’instant de s’écraser avec son vaisseau, elle n’a eu une pensée pour son mari. Parce que Gavin, il n’y avait pas de réel libre arbitre, tout les poussait l’un vers l’autre et que c’était écrit. Ils avaient des caractères, des points de vu différents et dans le fond, s’il n’y avait pas eu ce passé commun, s’ils s’étaient rencontrés à des âges plus avancés, il n’y aurait probablement rien eu. Oz, lui il a surgi sans crier gare et, petit à petit, il s’est naturellement installé puis imposé dans le coeur de Moira.

« Ca fait un moment que je le sais, que je me voile la face et que j’essaie de tout refouler parce que c’est mal. Que je me sens coupable. Ou plutôt je me sens coupable quelques instants puis j’oublie bien vite, par pur égoïsme. Mais aujourd’hui je m’en fous ; tu me manques terriblement. »


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