Rule 32  | Val Laarso & Rhiswel Kens

A vrai dire les sujets de conversation étaient souvent les mêmes. On en revenait vite au même, les flirts, les relations, le boulot, les rencontres. Elles menaient des existences différentes. L’une tenait un bar. L’autre évoluait dans le béton. Quand on ne parlait pas de travail en revanche, elles se ressemblaient. Des femmes indépendantes qui s’étaient données pour mission de ne pas rater leur parcours professionnelle. L’une était plus carriériste que l’autre dans sa facon d’agir mais le résultat était le même. Elles étaient seules à leur facon. Entourées de gens et néanmoins sans proches. C’était sans doute de cette facon qu’elles s’étaient trouvées. Derrière les sourires, les plaisanteries, les discussions, les confidences, il y avait la volonté de trouver dans l’autre une épaule où s’appuyer. Et cette amitié se renforcait dans ces moments.

Les sourires passèrent aux rires alors que Val se moquait de son incapacité à lire ce qu’elle pensait. Un haussement d’épaules moqueur à la place d’une répartie. Et la discussion vira sur les flirts. Ce n’était pas une conversation qu’elle comptait éviter. Soucieuse de ce que faisait son amie. Elle voulait tout savoir.

Son amie parlait d’une femme qu’elle avait peu de chances de conquérir. Rhis n’était pas sans savoir l’intérêt de son amie pour les femmes et n’avait pas non plus manqué les compliments qu’elle lui lancait tout le temps. Elle pouvait coller à la description, succincte mais à la fois bien représentative. Mais Rhiswel préférait ne pas trop s’avancer. De toute facon Val en avait désormais trop dit. Il fallait qu’elle lâche l’info.

Elle eut sa réponse sous forme d’un baiser. Restant agrippée le temps d’un moment à ses lèvres, elle resta interdite et ne bougea pas. Ce n’était pas désagréable. Oh que non. Juste inattendu ce qui rendait la sensation encore meilleure.

Son amie s’était déjà éloignée et avait repris sa place sur la serviette, avec ce sourire de satisfaction, ravie visiblement d’avoir pu lui voler un baiser, ce qui lui arracha un sourire en retour.  Une moue espiègle s’était dessinée sur ses lèvres. Rassemblant ses jambes elle eut tôt fait de s’asseoir et contemplait la jeune femme.

« Pas assez mariée hein ? »

L’idée la faisait rire. Etait-ce une facon de dire qu’elle était encore un terrain libre ? Heureusement qu’elle n’était pas prête pour se passer la bague au doigt. L’idée semblait saugrenue. L’idée d’un moment intime avec son amie l’était moins. Mais tout de même. C’était un terrain très glissant et il fallait qu’elle y mette le hola dès maintenant. Elle ne voulait pas gâcher ce qu’elles avaient. Sachant que l’alternative ne marcherait pas. Non pas qu’elle ne puisse pas débuter une relation avec Val. Elle avait une très grande attirance pour elle mais pas de ce calibre.

« Allons tu es ma meilleure amie. »

Le sourire qui effleurait ses lèvres et le doigt qui néanmoins s’était posé sur l’épaule de la jeune femme dans une caresse.

Un lien qu’elle ne parvenait à définir.

« Je sais que c’est étrange…. »

Elle plissa les lèvres.

« Ce n’est pas une bonne idée et au fond je sais que tu t’’en doutes. »

Elle lui adressa un regard rempli de tendresse.

« Cela ne change rien que tu es spéciale pour moi. »

Au fond de son cœur il y avait cet amour de sœur qu’elle lui portait.

Rule 32 | Val Laarso & Rhiswel Kens

Le baiser avait laissé un étrange sentiment que Rhiswel n’aurait pas pour autant qualifié de gêné. Elle avait laissé Val s’exprimer sur le sujet. Ne retenant parfois que des gestes. Esquisser l’envie de l’arrêter lorsqu’elle vit la moue sur son visage. Cette discussion pouvait devenir rapidement pesante, et elle s’assurerait que cela ne soit pas le cas. Si Val insistait elle ferait ce qu’elle pourrait pour la stopper, ne serait-ce que pour éviter que cela devienne trop tendu. Heureusement Val sut rebondir. Par orgueil peut-être. Il n’était pas plus aisé d’être dans la position de celle qui refusait que d’être dans celle qui essuyait le refus. Rhis se demandait jusqu’à quel point Val était décue. Après tout c’était sans doute juste une amourette. Ou du moins elle l’espérait. L’amitié reprendrait le dessus. Et Val le faisait à force de plaisanteries qui lui arrachèrent un rire. Vraiment ? Elle ne pourrait pas quitter son regard de ses petites fesses ? D’accord elle voulait jouer à ca ? Oh mais que pensait-elle ?

« Je sais que mes fesses sont adorables. »

Et elle arborait une expression faussement amusée, mais pas trop non plus. Parce qu’il ne fallait pas amener Val sur cette pente. Ce n’était pas une bonne idée. Elle pouvait se montrer très aguicheuse par jeu quand elle le voulait. Et compte tenu de ce qu’il venait de se passer il était important de ne pas lui donner plus de raisons de l’être encore plus. Ce qu’elle pouvait être gosse parfois ! A moins que ce ne soit une passionnée. Un peu trop déraisonnable.

Et parfois terriblement attachante.

Le ton de Val venait de changer de direction.

Et elle était tellement adorable.

« Je serai toujours là pour toi moi aussi. »

Et dans chacune de ses paroles il y avait le murmure d’une promesse.

« Où que la galaxie nous mène. »

Le pacte fut scellé dans ces mots ridiculement mignons et un bref instant elle la regarda.

« Viens par ici allez. »

Et s’avancant vers elle, elle effaca la distance entre elles, pour la prendre dans ses bras. Une embrassade de franche amitié qui se passait de mots. Parce que c’était ainsi entre elles. C’était vrai elle traverserait la galaxie pour la retrouver. Bon elle n’était pas vraiment une personne très courageuse, mais pour Val, serait-ce différent, serait-elle vraiment prête à faire l’inimaginable ? Elle n’était pas suffisamment brave. Du moins le croyait-elle. Mais en cet instant, ses bras autour de Val, son corps contre le sien, et le visage dans ses cheveux, elle aimait à penser qu’elle pourrait y arriver. Alors elle la serra contre elle. Ne la lâcha qu’au bout d’un moment.

En silence elle reprit sa place et laissa les minutes passer.

Le soleil dorait leurs peaux, tandis qu’elles reprenaient leur farniente. L’après-midi se poursuivait. Relaxant. Après cet étrange interlude, la sensation était saisissante. Les minutes s’égrenaient au rythme des leurs chuchotements, de leurs discussions, de leurs rires. Elles étaient redevenues des copines venues passer un simple moment entre filles.