Merde. Bordel de putain de merde. Freyja ne s'exprime jamais d'une telle manière habituellement. Elle a tendance à éloigner tout mot un peu vulgaire de son vocabulaire, pour la simple et bonne raison que ce dernier se doit d'être irréprochable. Car c'est bien la raison pour laquelle sa réputation la précède : son calme presque polaire, ses mots tranchants comme la lame d'un couteau. La beauté froide par excellence. Mais récemment, ses nerfs sont mit à rude épreuve : entre Loki coincé sur Naboo, et la Force qui lui souffle que ses négociations avec son mari pour mettre un héritier en route avait été couronnée de succès. Bien que cela ne soit neuf que de quelques semaines, elle ne pouvait s'empêcher de paraître absolument instable face à la situation. La Reine de Glace voyait sa froideur habituelle remplacée par un torrent d'émotions contraires, qu'elle avait du mal à refréner. Dans un sens, cela lui rappelait le caractère de celle qu'elle considérait comme sa meilleure amie. Freyja avait toujours eu pour habitude de s'entourer des bonnes personnes afin d'être intouchable. Appréciée par le Sénat ; déifiée par le Sheyf de Kiffu ; alliée à la Reine de Bosthirda. Décidément, elle était bien loin d'être une cible à prendre. D'autant plus que Madame Lothbrok avait aussi son caractère, ses propres ambitions et ses propres manipulations à gérer. D'un côté, elle était certainement la plus inoffensive des Siths : l'attrait du Côté Obscur, d'abord familial, ne faisait pas d'elle une combattante, mais simplement une porte-parole. Lorsque la vérité sur l'Ordre Sith serait révélée au grand jour, Freyja savait qu'elle aurait un rôle très important à jouer, notamment parce qu'elle était une figure publique assez imposante dans le paysage politique. Cependant, elle était devenue hors de contrôle. Balayés, ses nerfs d'acier. Envolée sa façade de glace. Aujourd'hui, elle était devenue comme un volcan en éruption, et la sénatrice refusait les moindres questions. En l'absence de Loki, elle avait pour habitude de prendre les décisions en collaborant avec le Sénateur de Kiffu et Kiffex, mais cette fois, elle avait envoyé paître tout le monde et avait ordonné qu'on la laisse seule dans ses appartements jusqu'à l'arrivée de son amie. Freyja l'avait invitée dans un but précis : déjà, lui annoncer sa grossesse. Oh, la connaissant, elle n'en serait que peu ravie : Mórríghan  était loin d'être un cœur tendre et plein de compassion. Elle était une Sith, dans toute sa splendeur. Malgré cela, elle avait l'avantage d'être impartiale et une excellente souveraine, qui serait de précieux conseil. L'arrivée de la Reine fut annoncée par l'un des sujets de Freyja, qui se mit en route immédiatement. Un dernier coup d'oeil sur son visage : quelle pâleur. A en faire peur à un fantôme. Tant pis : Mórríghan l'avait déjà vue dans bien d'autres piètres états. Alors que la Sénatrice se dirige en direction du salon où l'attend probablement son amie, elle se questionne sur la manière dont elle allait prendre la nouvelle. La Reine de  Bosthirda est également très imprévisible et c'est sans doute ce qui fait son charme. Au Diable les formules d'usage : elles n'étaient pas des inconnues, et il ne s'agissait pas d'une entrevue diplomatique. C'est pourquoi, en entrant dans le salon, Freyja découvre la silhouette de la Reine et s'exprime à elle avec beaucoup de respect mais néanmoins pas mal de familiarité : « Mórríghan, désolée de t'avoir fais attendre. » Elle lui fait signe de prendre place sur la table. « Qu'est-ce que je t'offres ? » Freyja commence avec de bêtes banalités, avant d'embarquer sur un sujet sensible, mais elle est bien consciente qu'en face d'elle se trouve une femme féroce et non pas un modèle de tendresse.