Il était remarquable d'observer à quel point Lewan faisait preuve d'insouciance. La naïveté qu'il montrait au monde était si criante de vérité qu'il était difficile de ne pas y croire. Elle semblait tellement véritable qu'on avait du mal à croire qu'il soit conscient de ses capacités, et plus encore de ses actes. Le pire dans tout cela, n'était pas le fait qu'il agissait comme un dangereux psychopathe en se faisant passer pour un doux agneau, bien au contraire. Le pire était qu'il était véritablement innocent et dénué de toutes méchancetés. Il était né dans l'ombre, il n'avait vécu que pour cette dernière, elle n'était donc que la lumière pour lui, la normalité la plus absolue, tandis que ce qui parait être bien pour le courant des mortels n'est que beaucoup trop aveuglant. Autrement dis, la vision que Lewan avait du monde, et donc de ses actions était décalée. Non pas déformée, mais bel et bien déplacé vers ce qu'il y avait de plus sombre chez un être humain. Le chevalier était une bête, un animal qui n'était motivé que par ses instincts les plus basiques. Si on avait du faire un concours des péchés capitaux, il aurait sans doute récolté la palme d'or haut la main. La paresse, l'orgueil, la gourmandise, la luxure, l'avarice, la colère, l'envie, aucun ne manquait à l'appel, il les cumulait avec une aisance quasi démoniaque.

Pour l'heure c'était le désir qui était de la partie, et ce désir là était grand. L'enfant qu'il était ne tenait plus en place à l'idée de récupérer le cadeau qui allait lui être fait. Tel un reptile au combien fourbe et au venin mortel, il se déplaçait dans les couloirs, tachant de rester à l'abris des regard de ce qui devrait être ses congénères, il progressait lentement. Du moins c'était jusqu'à ce qu'il repère un droïde d'entretient. Il semblait tout neuf, tout propre. Et surtout, il semblait aller à une vitesse assez importante pour procurer un minimum de sensations. Se jetant dessus, il tacha de l'escalader sans le renverser, au quel cas il serait forcé de le remettre sur pied. Lewan en avait complètement oublié la raison de sa sortie dans le labyrinthe des couloirs, il ne faisait d'ailleurs aucun effort pour se souvenir de ces derniers. S'il arrivait à un rendez vous, c'était avant tout grâce à la chance de la personne qui devait l'attendre.

Seulement la déception fut grande. Une fois sur le sommet de l'engin, il fut forcé de remarquer que la vitesse n'était pas si importante que cela, elle était même remarquablement faible. Dans le seul but de le motiver il fit sauter un petit panneau soudé, dévoilant ainsi une multitude de câbles dont il ne connaissait absolument pas l'utilité. Se laissant guider par son instinct, il en arracha une bonne poignée. Après tout, la finesse était de mise dans pareil action. La réaction fut d'ailleurs immédiate, le droïde ne tarda pas à s'emballer, augmentant sa vitesse considérablement, si bien qu'il devenait un véritable danger pour les usagers. Outre les crépitements et les étincelles, se furent bientôt des petits nuages de fumées qui s'échappèrent des fentes de sa carlingue. Les mouvements devenaient beaucoup plus hasardeux, et Lewan cru bon de sauter en marche pour éviter de subir un désastre personnel. Relativement maladroit, il ne parvint pas à se rattraper sur ses deux jambes, il fallait bien avouer que le droïde fou filait à vive allure. Se relevant, il leva la tête, le hasard faisait bien les choses, voilà qu'il se retrouvait devant un département de recherche en armement. Franchissant les portes automatiques, il resta bouche bé, les yeux écartés par tant de puretés et de jouets. Pour une aubaine c'était une aubaine. Grattant une croutte de sang sur son coude, il en arracha un petit morceau, le fixant un temps il le porta à sa bouche pour en connaître le goût avant de s'intéresser aux personnes qui l’entouraient. Un fin filet de sang coulait le long de son bras, mais il n'allait pas se déranger pour si peu. Penchant la tête d'un côté, puis de l'autre, il fixa une personne en blouse blanche. Elle était terrifiée, inutile d'être d'une grande sensibilité à la Force pour le deviner. D'ailleurs l'ensemble des personnes présente transpiraient la peur, et il était presque sur de sentir une légère effluve d'urine. Contrairement à ce qu'il avait cru quelques instants au par avant, tous n'étaient pas terrifiés, et par dessus la très légère odeur acidulée de l'urine, il sentait celle du tabac que l'on brûle. Et dans cette même direction de l'assurance, voir même de la curiosité et de la compassion. Toujours sans dire un mot, il se retourna, comme un chien qui avait flairé une trace. Doucement, il se rapprocha, passant sous un bureau qui le séparait de celui de son interlocutrice silencieuse. Finalement il escalada celui derrière lequel elle se trouvait, ne s'arrêtant qu'à quelques centimètres de son visage, à quatre pattes sur la surface métallique. "Moi c'est Lewan." Fit-il naïvement.