Il n'avait jamais été un enfant, juste Gal'aad, juste un garçon sans émotions autres que celles qu'on lui commandait d'avoir.
Que celles qu'il mimait, ne pouvait que copier. Chaque marque d'amitié n'avait jamais rien reçu de plus qu'un silence, et parfois il pouvait mordre, parfois il pouvait frapper, souffrant d'une différence qu'il ressentait sans expliquer. Le mettre en présence de Thrace avait été un moyen de lui montrer la froideur, ces choses qu'on ne dévoilait pas. Une approche étrange du vide au coeur, sans le laisser être un enfant avec eux pourtant.
Des rencontres éphémères avant qu'on ne l'emmène ailleurs, perfectionnant toujours un peu plus son éducation jusqu'à ce que Snoke décide quoi faire de ce pion véritablement. Ce ne fut que plus tard, parmi les Rens, qu'on lui permit de comprendre une certaine notion de camaraderie.
Thrace avaient des souvenirs de lui qu'ils ne partageaient pas pourtant, de même que Thétis. Des mensonges d'un certain côté, des choses qui n'avaient jamais su être vraies...
Il ne repensait jamais à l'enfance, à ce que des personnes avaient été avant d'être aujourd'hui. Les émotions n'acceptaient pas le passé, cela laissait trop de place à la rancoeur et à la colère, ces choses que dans la Force il fallait savoir maîtriser pour avancer.
Il avançait, et ce n'était pas des spectres du passé avec lui mais des hommes et des femmes bien ancrés dans son présent.
Ce n'était pas la gamine morveuse qui essayait parfois de lui donner ordres ou conseils – à cette époque il ne différenciait pas les deux- qui lui avait redonné un bras, mais une femme adulte faite d'autre chose désormais.
Il l'acceptait à ses côtés de la même manière qu'il acceptait Thrace, chacune des deux savant se méfier de la bête qu'il était.
Sans Thétis, la tchnologie qu'elle avait su mettre en place, Gal'aad n'aurait pas survécu. Les temps étaient aux grandes avancées scientifiques et médicales, pourtant une prothèse ne sera jamais complètement un membre disparu, et il avait fallu trouver et construire via toutes les différenete pièces et alliages de quoi offrir au chevalier une autre manière de se battre et bouger.
Une manière qu'il avait su trouver, lui permettant de regagner son niveau, de progresser encore, de progresser toujours. Sans cela, Gal'aad serait mort, écrasé par une défaite qu'aucun Ren ne devrait accepter.
Car ils étaient des chevaliers...

Régulièrement, il revenait la voir, la femme dans son laboratoire. Parce qu'il était différent de corps en plus d'esprit à présent, parce qu'il se devait d'écouter ce qui le coupait des autres. Un membre qui n'était pas le sien, au delà de la chair, au delà du sang.
Parfois en combat, il cherchait à se venger de lui, lui faisant prendre des coups, bien trop de coups, que son bras normal lui n'encaisserait pas. Comme pour le punir d'exister, comme pour chercher à se venger.
Un vieux dicton : si ton oeil droit t'offense, arrache le.

Après le combat venait alors toujours l'heure des réparations, pour un court instant il devenait propriété complète et exclusive de Thétis, elle qui comprenait les arcanes fragiles séparant la chair de la mécanique.
Aujourd'hui il avait besoin d'elle à nouveau. La violence ne se lisait pas sur le métal travaillé, mais Thétis saurait comprendre et deviner. Tel était son don...

Accompagné de sa propre noirceur, Gal'aad pénétra dans le laboratoire, prenant place sur la chaise s'y trouvant. Parfois il n'éprouvait pas le besoin de parler, et ses yeux durs et froids étaient posés sur la jeune femme, les cheveux détachés. Il s'imposait lui, son aura, sa présence, faisant ressentir la fragilité même de la pièce. Comme si d'un simple souffle ou désir, sans prendre la peine d'un geste de la main, le Chevalier pouvait tout détruire autour de lui.
Qu'il pouvait la briser elle aussi.
Qu'elle n'était rien, rien et pourtant quelque chose malgré tout à la fois.

”Peut-être préférerais-tu m'enlever ma chemise toi-même, puisque tu aimes bien cette partie de nos rendez-vous.”

Son cynisme était dur, son innocence, cruelle, et tout cela se mélangeait dans cette simple phrase. Je te vois, je vois tes pensées, chacun de leurs rouages tout comme tu vois ceux de mon bras...