Le temps est une chose étrange, plus il passe et plus les choses changent. Il est également ce qui nous pousse plus loin afin de pouvoir se dire lorsqu’on en a plus, qu’on ne l’a pas gâché. Entre les enseignements aux recrues de l’Ordre, les recherches sur la Force et le Côté Obscur, Darth Zeon continuait sans relâche à rechercher sa progéniture. Malheureusement, d’autres sujets requéraient tout autant son attention et pour cause, l’Ordre Sith se devait de prospérer et d’augmenter sa puissance afin de se révéler être une puissance influente de la galaxie. L’un d’entre eux étaient certainement de trouver de nouveaux alliés et si Darth Arkana s’efforçait de nouer des liens avec les différentes planètes, il en restait une qui nécessitait une approche un peu différente et pour cause, cela faisait bien longtemps que plus aucun contact n’avait été mis en place. La dernière personne qui s’y était aventurée n’était autre que Darth Sidious en personne. La mythique planète de Dromund Kaas était un lieu sur lequel beaucoup d’histoires et de légendes courraient mais si une chose était sûre, c’était que comme Korriban, le Côté Obscur y était très puissant.

Le savoir que Darth Zeon avait acquis au fil des années lui permettait de se demander si les Prophètes du Côté Obscur avaient réellement tous quitter la planète. Quoiqu’il en soit, le temple Sith devait certainement contenir des informations importantes et par conséquent, une expédition ne pouvait qu’être profitable. Voulant limiter le nombre de personnes au courant de cette initiative, le Seigneur Sith convoqua juste une jeune sith de la branche armée dont il avait eu la formation en main voici quelques années, ainsi qu’une petite escouade de soldats qui lui est fidèle. C’est donc dans la salle de réunion d’une Corvette GS que le petit groupe se réunit sous la demande de Darth Zeon. Les premiers à arriver furent les soldats qui saluèrent leur chef et se positionnèrent en rang dans un coin de la pièce. Seul le Commandant Hurkas resta à proximité du Seigneur Sith afin d’écouter son briefing. Tous étaient en tenue de combat et prêt à en découdre au besoin, bien que dans le fond, leur rôle serait essentiellement la protection du vaisseau lorsqu’ils auraient atterri. La faune de Dromund Kaas n’était pas à prendre à la légère et par conséquent, s’ils voulaient quitter la planète, il était indispensable de protéger leur moyen de transport.

Finalement, Darth Aava arriva. Le silence dura quelques secondes avant que finalement, Darth Zeon prenne la parole.

« Darth Aava, je suis ravi de te voir après tout ce temps. Nous allons voir si Darth Agony t’a formé comme il faut. J’ose espérer que cette petite sortie n’a pas été ébruité plus que de raison … Quoiqu’il en soit, prenez place. »

Une fois tous les trois installés autour de la table, Darth Zeon afficha leur destination sur l’holonet. La planète Dromund Kaas dans toute sa splendeur. Devenue une légende dans la galaxie, elle était loin d’être une priorité de la Nouvelle République et du Premier Ordre mais bon, le savoir qu’elle contenait était important pour l’Ordre Sith et son renouveau. Des images s’affichèrent concernant l’emplacement éventuel du temple sith et de diverses ruines liées à l’Empire Sith. Le Commandant Hurkas fut le premier à prendre la parole.

« Mon Seigneur, quel que soit la raison qui vous amène sur cette planète, mes hommes et moi-même vous escorterons sans faille. »

« Je le sais Commandant Hurkas et j’y compte bien. Votre rôle sera défensif lors de cette expédition car si nous perdons le vaisseau, nous serons coincés sans moyen de partir. Vous devrez éliminer toute menace cherchant à attaquer le vaisseau après notre atterrissage. Les créatures peuplant Dromund Kaas ne sont pas à prendre à la légère. »

« Ne vous inquiétez pas. Nous avons pris l’artillerie lourde comme vous nous l’avez demandé, Mon Seigneur. »

« Quant à nous Darth Aava, nous nous rendrons dans le temple afin de trouver des informations sur les Prophètes Obscurs. Tu auras certainement l’occasion d’en apprendre plus sur le côté obscur, tout en polissant ton pouvoir. Essaie de ne pas me décevoir car je ne tolérerai pas l’échec. »

Le briefing continua afin que chacun connaisse avec précision le parcours qu’ils suivraient et surtout, que les surprises soient évités au maximum. En cherchant dans les archives de l’Ordre, Darth Zeon avait pu découvrir des informations sur plusieurs créatures peuplant Dromund Kaas comme les Vornskrs ou encore les Wampas. Sans plus s’attarder sur le sujet, le Grand Instructeur émit également l’hypothèse de la présence d’Esprits Gardiens pouvant veiller sur le temple. Ils allaient donc devoir se montrer particulièrement prudent lors de cette expédition.

Elle ne se sentait pas prête.
Pas prête à le revoir lui.
Dans son esprit gangrené, Aavryn entendait encore ses cris d'enfant, ses petites mains tendues vers le seigneur noir et son silence obstiné alors même qu'elle le suppliait dans un flot de larmes, de la garder avec lui. Elle n'avait pas revu Darth Zeon depuis bien longtemps, elle avait eu le temps de grandir, de devenir une femme, de finir son apprentissage. Tout cela sans lui, sans son soutien et sans son aide. Il avait pourtant été un des piliers de sa vie. Plus qu'un mentor, c'est comme un père que Darth Aava avait vu Zeon pendant les quelques années de vie à ses côtés. Il était indéniable que cette séparation brutale avait permit un pas de plus vers le côté obscure de la jeune femme.

Et maintenant ?

Elle devait simplement se présenter, comme cela ? C'est à peine si elle comprenait la raison de sa présence sur ce vaisseau. Des Darth plus talentueux qu'elle, il y en avait. Alors pourquoi ce choix ? Alors quand la porte coulisse et que sa sinistre carcasse entre dans la pièce, c'est avec le silence qu'elle gratifie le seigneur noir et le commandant Hurkas. Sombrement vêtue, sa lourde parure fait écho à celle de ses comparses, capuche rabattue sur sa tête. Seul le bas de son visage est visible. Entre ses lèvres, c'est à peine si l'air frémit. Elle avance, lentement, impose sa présence comme un chat en pleine chasse.


La femme frémit sous son manteau de noirceur. Les lèvres closes, elle ne répond pas et se contente de s'incliner respectueusement. C'est qu'elle avait bien changé depuis l'enfance, à croire qu'il ne restait rien de cette fillette active et curieuse, bavarde mais douée. Cette gamine qui s'était longtemps caché dans les jupons de Darth Zeon, buvant ses paroles comme un animal assoiffé, l’idolâtrant comme le plus majestueux des souverains. Et à présent la voilà, silencieuse, sinistre comme une ombre. Pas même un regard. Juste cette aura lourde qui l'entourait. Pourtant elle s'approche doucement puis dans un geste lent, lève ses mains gantées et repousse sa lourde capuche, laissant sa chevelure laiteuse tout juste entretenue, dévaler le long de son dos, ses cornes d'ébène qui s'étirent comme une couronne souveraine. Mais rien ne vaut ses yeux. Alors que les paupières s'ouvrent, ce sont d'immenses yeux recouverts d'un voile noir et opaque qui se posent sur son ancien mentor, celui qui est et restera son seigneur. Son maître. Un père.

Aava ne relève pas le doute qu'éprouve Zeon concernant l'apprentissage que lui a donné Loki à sa suite. Non, elle ne mettrait rien en doute, se contentera de faire ses preuves. Toujours dans ce silence difficile, la femme s'installe autour de la table, calant son dos contre le dossier alors que ses mains glissent doucement sur le bord de la table, la tapotant du bout des doigts. N'est-ce pas là un signe qui trahit sa nervosité ? Il est dur de se concentrer sur la raison de sa présence, c'est Zeon qui occupe toutes ses pensées. Il n'a pas changé ou presque pas. Contrairement à elle qui n'a plus rien de ce qu'il a connu. Elle écoute pourtant attentivement. Dromund Kass ? Elle en frissonne rien qu'à l'entente de ce nom perdu à travers les âges. Tout ce qu'elle savait de cette planète, elle l'avait vu dans les registres, dans les livres. Jamais elle n'aurait imaginé y mettre les pieds, encore moins pour courir après des chimères comme les prophètes obscurs.

« Mon seigneur... ? »

Se risque-t-elle à murmurer, pivotant son visage tatoué vers lui. Sa voix s'était élevé avec une étrange douceur. L'apathie de son visage est presque effrayante mais quelque chose chez elle, apaise. C'est une bien étrange créature, cette Zabrak.

« J'ai lu que certaines de ces créatures vivant sur Dromund Kaas prenaient aisément en chasse ceux qui détiennent la force... Est-il possible que vous soyez plus clair sur les risques de cette... Mission ? Je ne voudrais pas vous imposer une présence inutile, mon seigneur. Si vous n'acceptez aucun échec, quant à moi je ne pourrais tolérer la honte que je vous apporterais. De ce fait, toutes informations utiles ne seraient pas refus. Je crains que mes connaissances concernant cette planète ne soient très limitées. Vous parlez des prophètes obscurs, quel est donc l'enjeu ? Que chercherons-nous exactement ?»

L’arrivée de Darth Aava sembla bien silencieuse mais bon, ce n’était pas important pour le moment. Le Grand Instructeur de l’Ordre espérait bien que cette mission permette aux Siths de récupérer un fragment du pouvoir perdu du Côté Obscur. Il donna donc ses consignes et tout sembla se passer pour le mieux. Le Commandant Hurkas ordonna à ses hommes de se préparer et de s’équiper efficacement vu leurs rôles dans cette expédition. Il fallait que les défenses du vaisseau tiennent jusqu’au retour des deux Siths et par conséquent, une puissance de feu conséquente était nécessaire. Toujours partant pour tirer dans le tas et participer à ce genre d’aventure, les soldats se montrèrent particulièrement enthousiaste. Quoiqu’il en soit, il était temps de discuter avec Darth Aava afin de s’assurer que ce silence n’était pas le calme avant la tempête. Leur dernière séparation ne s’était pas forcément passée en douceur et par conséquent, retrouver son ancien mentor pouvait réveiller une certaine animosité qu’il lui faudra maîtriser.

Il était clair que la jeune fille qu’il avait eu sous son aile durant plusieurs années avait bien changé, au point qu’il avait vu deux membres de l’escouade du Commandant Hurkas la fixer lorsqu’elle avait ôté sa capuche. Bien sûr, l’effet n’était pas le même pour Darth Zeon qui de son côté, ne la voyait que comme une Sith ayant survécu à son intransigeance et son éducation pour le moins autoritaire. Quoiqu’il en soit, la zabrak finit par interpeler le Seigneur Sith et il fut surpris par le calme qui émanait d’elle désormais, bien loin de la gamine qui était partie voici des années. Le regard froid de l’homme se posa sur la jeune femme qui l’interrogeait sur Dromund Kaas. La raison de ce froid soudain n’était pas tant la question mais bien l’incertitude que la zabrak avait dans ses aptitudes. Bien sûr, Darth Zeon ne manqua pas de répondre comme à son habitude, aussi direct qu’implacable.

« Darth Aava … Si tu doutes de mon choix en t’appelant pour cette mission, autant que tu restes sur Korriban à attendre notre retour. Si la faiblesse de la plupart des siths est l’arrogance, il est indispensable de croire en ses capacités sans quoi le combat est déjà à moitié perdu avant de commencer. »

Les choses étant claires dans son esprit, il alluma le dispositif holographique de la table afin d’exposer à Aava ce qu’elle risquait de rencontrer sur Dromund Kaas. Il fallait espérer qu’elle se ressaisisse car sinon, il y aurait de grandes probabilités pour que les créatures qu’ils croiseront ne soient pas les responsables de sa mort. Darth Zeon ne supportait pas l’échec, la frivolité mais également cette chose irritable que les bien-pensants appellent modestie. Les premières images montrèrent des créatures dont il était impossible de déterminer l’origine mais une chose était certaine, elles avaient été créées pour tuer vu leurs griffes et leur mâchoire. Il y avait également des créatures ressemblant à des serpents et crachant de l’acide. Il y en avait vraiment pour tous les goûts à ce niveau.

« Voici les abominations de Dromund Kaas. Ce sont des créatures créées voici des années afin d’en faire des armes. Cela a fonctionné pour certaines mais pour d’autres, elles sont juste devenues des nuisances hors de contrôle. »

Les images suivantes montrèrent la faune très variée qui compose cette planète. Les pires prédateurs originaires de différentes planètes avaient été réunis afin de perpétrer des expériences et même garantir une certaine protection au temple sith. Le Grand Instructeur Sith continua son briefing afin que les choses soient bien claires pour la jeune Darth Aava. Après tout, si elle voulait ne pas être inutile lors de cette expédition, connaître son adversaire n’allait certainement pas suffire.

« Donc comme tu peux le voir, les créatures de Dromund Kaas ne sont pas à prendre à la légère. Certaines sont liées à la Force et chassent donc les sensitifs. Il faut également s’attendre à des rencontres un peu particulières lorsque nous pénétrerons dans le temple. Quoiqu’il en soit, tu t’es entraînée durant des années, j’ai pu voir ton sérieux et je ne doute pas que tu sauras être à la hauteur de mes attentes … »

Quelques minutes plus tard, le vaisseau décollait et se mettait en route pour la destination que beaucoup redoutaient dans toute la galaxie. Il faut dire que peu d’aventuriers rentraient vivant de cette expédition mais bon, Darth Zeon n’était pas du genre à se laisser impressionner. Le Commandant Hurkas semblait particulièrement motivé et ses hommes vérifiaient leurs armes avec une certaine assurance digne d’un groupe d’élites tel qu’eux. De son côté, le Grand Instructeur Sith invita la jeune zabrak à le suivre dans la pièce de méditation.

« Nous allons méditer un peu afin de renforcer notre lien avec le côté obscur avant d’arriver. Cela nous permettra d’avoir une meilleure perception de ce qui nous entoure. »

Manipulations génétiques, abominations sans nom.
Voilà qui était digne de meilleurs cauchemars. Et pourtant Aava reste muré dans ce perpétuel silence. Elle fixe l’hologramme, lis et écoute les explications. Dromund Kaas avait sans doute été une très belle planète à une époque, à présent ce n'était plus qu'une ruine ou le chaos arpentait librement la faune et la flore. Mère nature avait repris ses droits avec une violence barbare qui était tout à son honneur. Malgré l'émerveillement évident peint sur le faciès de du sith, son esprit était quant à lui toujours tourner vers son ancien mentor. Il n'avait pas répondu à sa question et cette histoire ces soi-disant prophètes obscurs, de ce fait, ces illustres inconnus en venaient à merveilleusement bien porter leur nom. La jeune femme reste stoïque, observant les troupes qui quitte la pièce et vient à les laisser seul. Voilà donc la chose qu'elle redoutait, Aava, se retrouver nez à nez et dans une parfaite solitude, avec le seigneur noir.


Elle inspire et sa poitrine corsetée par des sangles de cuir en vint presque à lui faire mal. La pâle créature aux cornes d'ébène tâche de ne pas poser les yeux sur son maître. Les compliments ne l’atteignent pas, du moins c'est ce qu'elle essaye de se convaincre. En réalité, elle est fière d'entendre ces paroles car rien ne valait ces longues années de pratique, d’entraînement, de dureté... Pour s'entendre dire que l'on avait réussi.

« Merci Maître. Mais j'ai encore beaucoup à apprendre et je compte bien le faire. »

Car il le restera toujours, au fond. Aava soupir longuement, pivote le visage et darde son regard noir comme de l'encre sur son comparse à qui elle devait tout ou presque. Durant un bref instant, la faiblesse traverse son visage, c'est presque si l'on y revoit l'attitude de cette enfant énamourée pour un père de substitution mais bien vite, la froideur du marbre reprend sa place.


Acquiescent d'un signe de tête, Aava se lève à son tour, force de grâce et d'une aura sinistre qu'elle impose malgré elle. Elle suit sans broncher son supérieur, visage baissé, elle s'offre soumise à lui, sans la moindre condition. La pièce adjacente semble plus calme encore, presque angoissante par ce vide et cette absence de bruit. Elle n'attend pas Aava, retire son long manteau qu'elle laisse choir au sol puis se met au centre de la pièce avant de venir s'agenouiller, mains posées sur les genoux. Elle s'incline, front touchant presque le sol, dos voûté et presque nu où une multitude de tatouages ornent sa peau avec une force d'élégance sauvage. Alors qu'elle se redresse, ses paupières sont fermées, sans cette obscurité horrifique dans les yeux, la jeune femme semble beaucoup moins effrayante. Alors même que la médiation débute, qu'elle cherche à trouver en elle les méandres de la force qui circule dans son corps robuste et gracile, elle finit par briser le silence. Elle ne tient plus à force de jouer de ce silence amer.

« Maître... Seigneur... Pourquoi ? »

Il allait sans doute la rabrouer pour avoir briser cet intense de sérénité qui s'était installé mais cela faisait trop longtemps que les mots brûlait ses lèvres et que la colère rendait ses deux cœurs hargneux.

« Pourquoi vous ne m'avez pas gardé avec vous ? Je n'en était pas digne ? »

Les deux siths se retrouvèrent dans la pièce d’à côté et alors que Darth Zeon s’installait confortablement afin de commencer sa méditation. De son côté, la zabrak fit de même et s’agenouilla afin de commencer la séance. Malgré que cela ne soit pas réellement son point fort, le Seigneur Sith ressent la confusion qui habite la jeune apprentie. Il essaye toutefois de l’emmener sur le chemin du côté obscur avec lui, guidant son esprit dans les méandres de la Force mais soudainement, la voilà qui brise leur méditation afin de rompre le silence glacial qui s’était instauré tout naturellement. Lentement, Darth Zeon ouvrit les yeux et son regard sombre se posa sur la jeune femme. Visiblement, son questionnement était si important à ses yeux qu’elle jugea utile de déranger cette séance. Fort heureusement pour elle, ils n’étaient que deux et le Grand Instructeur de l’Ordre Sith se montra calme pour une fois. Elle savait parfaitement bien qu’il était intransigeant lors de ses cours et de l’apprentissage mais bon, si cette fois, une réponse permettrait d’ouvrir un esprit à la voie obscure, il n’hésiterait pas à répondre.

Il comprit immédiatement la frustration qui était celle de la zabrak. En effet, sa scène lorsqu’elle fut confiée à Darth Agony n’était pas une chose courante chez les apprentis vu que la plupart ne rêvait que d’un peu plus de liberté loin de l’Académie et de son cruel responsable. Sans un mot, le Sith se leva, les yeux posés sur celle qui semblait avoir perdu son contrôle. Il était évident qu’elle s’était attachée à lui, sans doute bien trop d’ailleurs. De son côté, elle n’était juste qu’une recrue talentueuse qu’il voyait bien devenir un membre du Conseil un jour, pour peu que sa faiblesse ne la conduise pas à la mort. Cette séparation était indispensable pour la faire grandir et malheureusement, elle ne l’avait toujours pas compris. Doucement, il leva la main et exposa sa maîtrise de la Force en étranglant la pauvre zabrak ne cherchant qu’à savoir pourquoi. Plus sa main se levait, plus la pauvre jeune fille quittait le sol pour finalement être suspendue par les pouvoirs de Darth Zeon. Lentement, il la força à approcher de lui jusqu’à ce que leurs visages soient à quelques centimètres l’un de l’autre.

« Tu es faible. Je t’ai éloigné pour t’endurcir et pour que tu deviennes une vraie Sith. Je t’ai forcé à quitter ta zone de confort pour développer ton potentiel, mais je vois que cela n’a été qu’une perte de temps. J’avais de grands projets pour toi. Tu crois qu’en restant à mes côtés, tu aurais pu m’être utile ? Tu ne connaissais rien et tu avais besoin d’explorer ta propre voie avant de revenir pour servir pleinement l’Ordre Sith et moi-même. »

Finalement, il relâcha son emprise sur la zabrak, la laissant retoucher le sol. Sa colère était palpable mais ne semblait pas diminuer malgré les mots durs qu’il avait eu pour Darth Aava. Peut-être que finalement, elle n’était pas encore assez forte que pour se rendre sur Dromund Kaas. Le Côté Obscur était pernicieux et il était clair qu’ils auraient à affronter des gardiens avant de même la main sur l’holocron. Avec cette faiblesse, Darth Aava pourrait devenir une menace pour cette expédition et par conséquent, il fallait la lui exposer clairement afin qu’elle y remédie avant qu’ils arrivent à destination. Afin de bien lui faire comprendre la situation, Darth Zeon poursuivit sa leçon, toujours aussi impitoyable.

« Le Côté Obscur ne sert que les forts et corrompt les faibles. Il te fera voir tes pires tourments afin de prendre le contrôle. Chasse cette faiblesse de ton cœur si tu ne veux pas mourir dans quelques heures. Si lors de notre expédition, tu vois ton plus infime espoir se réaliser devant tes yeux, quel qu’il soit, prend ton sabre laser et tue-le sans la moindre hésitation. Maintenant dis-moi si tu as compris mon enseignement ou s’il faut que je te coupe la tête dès maintenant. »

Bien sûr, le Seigneur Sith ne comptait pas révéler sa faiblesse car il était clair que chaque personne en avait une et que le Côté Obscur s’en nourrissait avec joie. De son côté, la mort de sa femme et l’enlèvement de ses enfants n’étaient finalement qu’un échec qu’il revivait en boucle et qui ne s’apaiserait qu’une fois Galen Kale mort et sa progéniture retrouvée. A la seule différence de Darth Aava, il n’avait pas hésité une seconde à tuer sa femme lorsqu’elle voulut s’interposer entre lui et le Jedi. Il n’hésiterait pas le moins du monde à éliminer ses enfants s’ils se révélaient être une menace pour l’Ordre ou lui, et ce malgré les vingt années durant lesquelles il les a cherché. Son cœur était froid comme la glace et tout avait disparu en lui afin d’accueillir et de contrôle le Côté Obscur. Il avait effacé jusqu’au souvenir de son véritable nom en même temps qu’il tua ses parents. C’est à ce niveau de fusion avec le Côté Obscur qu’il espérait emmener chacune des recrues qu’il formait mais bon, peu parvenait à chasser jusqu’à la dernière parcelle de sentiment de leur cœur.

Darth Zeon se lève et déjà, Aava entrevoit la punition qui va s'abattre sur elle.
La jeune femme baisse les yeux, voûte le dos et s'incline aussitôt que sa bouche se ferme pour retrouver le silence. Ce n'est pas suffisant et son maître est bien décidé à la rosser un bon coup pour lui apprendre sa place, comme il l'a toujours fait. La force brutale qui enserre sa gorge dans un étau invisible la fait geindre, tout juste. C'est même trop fort pour laisser le plaisir à ses cordes vocales d'exprimer la douleur et la frustration. Non, si elle doit souffrir, c'est en silence qu'elle le fera. Comme il le voulait, sans doute. Son corps s'élève avec une telle facilité... Mais cela, Aava ne s'y laisserait pas prendre. En lévitation, étouffant, son pâle visage se rougit sous le manque d'oxygène et la douleur alors que son corps s'avance, les voiles sombres de sa tenue ondulant dans l'air comme mué par une brise invisible. Son visage est là, à quelques centimètres à peine du sien. Elle voit le rouge de ses yeux qui se plonge dans les puits d'ébènes qui sont les siens. En silence, elle fixe son maître, tente de tenir bon face à l'étouffement donc elle est victime alors qu'il parle, libère son venin par des paroles acerbes. S'il n'avait pas été comme un père, sans doute lui aurait-elle craché au visage.

Le discours la noie dans une mer d'amertume. Lui faire quitter sa zone de confort ? Mais de quel confort parle-t-il, au juste ? Ce n'était pas seulement par affection qu'elle avait voulu rester avec lui mais aussi parce qu'avec Zeon, l'enfant qu'elle avait été avait trouvé un semblant de raison à sa misérable existence. Elle se souvenait de ces innombrables piles de livres, de toutes ces choses qu'il lui apprenait loin des arts du combat. Ce qu'il lui avait appris, que savoir c'est le pouvoir. Et pourtant, quand il l'avait éloigné, l'avait abandonné... Aava s'était perdu, sa voie avait été tout autre. Elle avait délaissé la connaissance - pourtant vitale - pour la force brute, pour l'armée. En était-il fier, de cela ? De toutes ces années de perdus à enfoncer ces connaissances du crâne d'une fillette pour voir un autre seigneur Sith briser ce que lui avait mis tout ce temps à construire. Alors que son corps retombe soudainement, c'est à genoux sur le sol qu'Aavryn se retrouve, le corps chancelant. Elle inspire aussi fort qu'elle le peu, se gave de l'air qui l'entoure alors qu'instinctivement, elle porte une main à sa gorge endolorie.

« Jamais mon affection pour vous ne sera une faiblesse. Je ne suis pas comme ces fichus Jedi qui s'empêche d'aimer, de croire qu'une famille peut les détruire. »

Crache Aava avec froideur alors qu'elle se relève et titube avant de reprendre une posture plus digne. Elle fait face à Zeon, plonge son regard couvert d'un voile sombre dans le sien et le fixe avec la même austérité.

« Vous avez été ma force, celle qui m'a permis de croire que je valais quelque chose alors même qu'on venait de m'arracher à la rue... Vous pourrez jaser autant qu'il vous plaira sur votre conception de force et de faiblesse mais plus jamais je ne veux entendre que m'éloigner de vous m'a rendu faible. »

Sa main se porte vivement à sa ceinture et d'une pression rapide et légère, elle dégaine son sabre laser donc la lame à la lueur rouge s'étire dans un vrombissement. Aava ne se gêne pas pour brandir son arme vers son maître, elle sait qu'elle n'est pas de taille à lutter contre lui et ce n'est pas duel qu'elle espère, juste qu'il comprenne. Le faciès figé dans une moue de haine, les lèvres de la femme se retrousse, dévoilent sa denture serrer de colère alors qu'elle susurre à nouveau.

« Vous ne m'avez pas rendu faible... Vous m'avez rendu malheureuse. »

Qu'en avait-il à faire, au fond ? Darth Zeon avait un cœur de pierre, de glace même. Rien ne pouvait l'atteindre et certainement pas les paroles de son ancienne apprentie.

« Je sais où est ma place... Et je sais que je n'y suis pas. Je ne crois pas Darth Laureus puisse élever mon potentiel comme vous, maître. Alors vous tuer si l'occasion s'offre à moi ? Non, parce que je sais que j'ai bien plus à apprendre de vous si vous restez en vie, qu'à vous tuer. »

Et dans un nouveau bruit caractéristique du sabre laser, la lame disparaît, la lumière s'éteint. Aava secoue la tête et recule d'un pas, observant le seigneur Sith avec une moue de déception peint sur le visage alors qu'elle murmure à nouveau, juste pour lui.

« Le savoir c'est le pouvoir... Je n'ai ni la haine ni la passion que l'on attend de moi... Juste la faim dévorante d'une bête assoiffée de connaissance. »

Alors que l’étranglement de Force desserre son emprise, libérant la zabrak qui tomba à genoux devant lui, Darth Zeon sentait sa colère diminuer doucement. Il était évident qu’elle avait passé trop de temps à ses côtés et que son attachement émotionnel à lui n’avait fait que la brider dans son développement. Elle devait ressentir la rage, la haine et la colère, véritables catalyseurs du côté obscur et pour cela, il fallait lui enlever ce qui la stabilisait. Si certains Siths parvenaient à ressentir une colère naturelle permanente, comme lui, d’autres avaient besoin d’être poussé vers ce sentiment puissant. C’est ce qu’il avait voulu faire avec Darth Aava et preuve en est que lors de cette séparation forcée, elle avait montré un tout nouveau pouvoir. Evidemment, la jeune femme ne manqua pas d’argumenter les certitudes du Seigneur Sith mais bon, son regard sombre ne manqua pas de lui assurer que ses mots ne semblaient pas trouver écho dans son cœur glacé.

Très sentimentale, elle continua son argumentaire devant un spectateur indifférent qui ne bougea pas d’un cil alors qu’elle dégainait son sabre laser. Si elle pensait parvenir à le tuer avec son pouvoir bridé par ses sentiments, elle allait lourdement se tromper. Sans même lever le petit doigt, il pourrait la détruire complètement mais bon, son sentimentalisme à son égard ne risquait pas de le pousser à intervenir plus que par l’indifférence. Darth Aava évoqua son mal-être lorsqu’elle fut enlevée à lui mais bon, si elle avait pu transformer cela en haine et en colère, son véritable potentiel se serait révélé sans le moindre doute. En se figeant dans des émotions en demi-teintes comme la tristesse et l’affection, elle ne parviendrait jamais à devenir la Sith qu’il avait vu en elle. Peut-être que cette mission lui permettrait de chasser tout ça et de s’ouvrir la voie vers un niveau de pouvoir supérieur.

Son sentimentalisme reprit le dessus et alors qu’elle parlait de la possibilité de le tuer, elle évoqua également l’enseignement de Darth Laureus qui ne semblait pas lui apporter satisfaction. En tout cas, si elle avait pensé seulement une seconde avoir les capacités pour le tuer, elle n’avait réellement pas compris la source du pouvoir du côté obscur. Alors que la lame de son sabre laser disparaissait, elle admit finalement ses faiblesses en murmurant, ce qui décida Darth Zeon à répondre de façon froide comme toujours.

« Tes sentiments ne sont pas ceux qui te donneront le véritable pouvoir. Le jour où tu as été forcée à partir, tu as révélé ton véritable potentiel, celui que j’ai vu et que j’attends. Cette colère, cette rage, c’est ce qu’il te faut pour grandir. Avoir la connaissance mais pas les capacités pour en faire usage, cela est inutile. »

Le vaisseau était déjà en route pour Dromund Kaas et si elle ne parvenait pas à mettre de l’ordre dans ses pensées d’ici leur arrivée, elle risquait de se faire tuer très rapidement. Si cela devait arriver, c’est que le potentiel qu’il avait décelé en elle n’était pas sensé éclore. Malgré tout, il tenta une nouvelle fois, avec sa froideur habituelle de l’aider à comprendre la réalité qui se cache derrière le pouvoir des siths.

« Sur Dromund Kaas, tu verras et sentiras des choses qui s’insinueront en toi pour exploiter chaque faiblesse. Sais-tu pourquoi les jedis ne doivent pas aimer ? Simplement car lorsqu’ils perdent ce qu’ils aiment, la colère et la haine s’éveillent, les conduisant vers le côté obscur. L’affection n’est donc pas le côté obscur, c’est juste la perte de cette affection, de cet amour qui fait naître les véritables sentiments catalyseurs de puissance, la haine, la colère, la vengeance. »

Son enseignement ne pouvait être plus clair et limpide. Darth Zeon n’ajouta rien de plus et reprit sa position à genoux afin de méditer. Il ne comptait pas mâcher davantage le travail à la jeune zabrak. A peine ses yeux fermés, l’atmosphère de la pièce changea radicalement comme si une oppression phénoménale prenait place et qu’une bête féroce cherchait à déchiqueter toute personne présente. La haine et la colère qui émanaient du Seigneur Sith semblaient avoir été cultivés depuis son plus jeune âge et cela devait expliquer cette puissance qui l’habitait. Durant chaque méditation, il revoyait les événements qui lui provoquaient le plus de colère et de haine, se nourrissant de ses sentiments afin de se renforcer et de s’enfoncer toujours plus profondément dans l’obscurité de la Force.

Totalement soumise à son maître, Aava baisse le visage. Oui, elle se souvenait parfaitement de ce jour où elle, simple enfant quittant à peine les jupons de Zeon, avait accidentellement massacré un Darth. Accidentellement. Alors pouvait-il réellement parler d'un quelconque potentiel ? Finalement, peut-être oui, vu la façon dont Loki s'était empressé de le faire développer et d'en faire usage depuis treize ans. Main armée d'un puissant sith... N'avait-on pas idée d'endosser un tel rôle ? Mais pour elle, rien n'était plus gratifiant que de bénéficier ainsi de la confiance de ses maîtres.

« J'ai la rage maître, je vous assure... j'ai la haine en moi... Parfois je ne sais juste pas comment l'utiliser.»

Et à dire vrai, cela n'était pas plus ainsi. Il était préférable de garder cela pour ses ennemis plus que pour ses alliés. Car malgré ce que l'on pouvait dire, les sith était sa famille, ses comparses et elle n'avait de cesse d'oeuvrer avec eux, pour eux. Se plongeant dans le silence, Aavryn baisse plus encore le visage avant de se positionner à genoux et de s'incliner devant Zeon. Elle n'avait aucun regret sur ses paroles, car seul la vérité, SA vérité, avait été dite. Mais elle n'en oubliait pas pour autant sa vérité à lui. Jamais elle n'avait été contre l'enseignement du seigneur sith, elle avait toujours respecté sa voix, sa vision des choses. Pire encore, y avait toujours adhéré. Et c'est ce qu'elle faisait en cet instant alors que ses paupières se fermaient lentement. Elle se plonge dans ses propres souvenirs, elle revoit le visage de Drïx qu'elle haïssait plus que tout, elle revoit Arkana qu'il l'avait lâché délaissé, elle repense à Zeon qui avait refusé de la garder avec lui. Et la colère monte, cette fureur sourde qui la gangrène depuis toujours. Dans le silence, elle rumine et médite sur les méandres de sa propre noirceur, celle qui avaient si joliment teinté ses yeux autrement, parfaitement normaux.


Elle écoute, laisse les paroles de Zeon glisser en elle comme un chant apaisant. Dans la haine qui découle de lui, elle trouve sa propre paix. Elle en a étrangement besoin, que cette aura macabre qui entoure le seigneur, sans doute parce qu'elle n'a jamais connu que cela. L'obscurité était pour elle plus vitale que nécessaire. Il n'était pas question de pouvoir mais d'oxygénation. Elle inspire, elle expire, savoir ce qui se dégage de lui et se laisse bercer par cette tension atroce qui embauche la petite pièce. Cela fourmille dans tout son corps, dans son esprits, ça étreint ses deux cœurs hargneux alors que sa voix s'élève dans un souffle presque ronronnant d'extase.

« Je serais à la hauteur maître, pardon d'avoir douté de moi... »

Mais pas de lui. Jamais de lui. Darth Zeon ne l'avait jamais déçu, en aucune manière si ce n'est lors de ce choix qu'il avait fait, celui de la confier à un autre. Mais il avait expliquer, là, il s'était justifier. Et elle comprenait Aava, cela ne la faisait pas se sentir mieux mais au moins, elle savait à quel fin user de cette colère qui la rongeait depuis treize ans déjà. Alors que la méditation porte enfin ses fruits après de longues minutes de silence et d'amertume refoulée, Aava soupir longuement et ouvre les yeux, observant le mur face à elle avant de revenir sur le principale de sa présence ici.

« Maître ? seigneur... Vous avez parlé des prophètes obscurs... Qu'étaient-ils ? Et que venons-nous chercher sur Dromund Kaas ? »

Après ce petit échange assez vif et nécessaire pour éclaircir les idées de cette jeune sith encore perdue par rapport à ses sentiments, les choses sérieuses pouvaient commencer. Lors de cette méditation, la zabrak parvint enfin à faire exploser toute sa haine et sa rage car c’était finalement ce que le Seigneur Sith attendait depuis le départ. Il fallait qu’elle prenne conscience d’où tirer sa force si elle voulait devenir plus puissante. Afin de l’aider dans cette quête de la colère, Darth Zeon poursuivit sa méditation en encadrant les émanations de son ancienne apprentie. Il fallait la canaliser afin qu’elle s’engouffre au plus profond de l’obscurité, là où repose le véritable pouvoir. Rien ne devait venir la perturber en dehors de cette colère qui devait lui ouvrir les portes de la puissance. L’amour, l’amitié, la tristesse, tout cela n’avait aucune importance et n’étaient finalement que des entraves que les gens portaient sur leur dos, alourdissant leurs pas vers le Côté Obscur.

Si elle promettait d’être à la hauteur, les choses n’allaient certainement pas être aussi simple qu’elle le pensait. Le Sith ne répondit donc pas, supposant que la confiance de la jeune femme allait être mise à rude épreuve dans pas longtemps. Il était inévitable qu’elle doute lors de leur exploration de Dromund Kaas surtout, s’ils rencontraient un gardien du temple ou autre résidu de la Force. Quoiqu’il en soit, ils le sauraient bientôt vu que dans quelques minutes, le vaisseau se poserait dans la jungle hostile de cette planète de l’ancien empire sith. Si la jeune zabrak devait avoir un millier de questions sur cette planète obscure, c’était essentiellement les prophètes obscurs qui attisaient sa curiosité. C’est donc tout naturellement qu’elle posa plusieurs questions au membre du Conseil Noir qui ne manqua pas de lui répondre le plus honnêtement possible vu le mystère qui régnait autour d’eux.

« Les prophètes obscurs ? Ce sont des siths qui ont des très grandes capacités de prédiction. On dit qu’ils peuvent voir l’avenir très clairement et ils ont une lecture de la Force hors-norme. Ils sont restés à l’écart du monde, cachés sur Dromund Kaas. Ce n’est qu’à l’avènement de l’Empire que Darth Sidious a pris contact avec eux afin d’utiliser leurs capacités. De ce qu’il se dit, ils seraient tous partis de Dromund Kass mais bon, je ne crois pas à ce genre de chose. De plus, le temple sith doit certainement dissimuler un holocron afin de préserver leur connaissance. Si nous arrivons à renouer avec les prophètes obscurs ou même mettre la main sur leur savoir de prédiction, l’Ordre Sith aurait un avantage non-négligeable sur les événements à venir. »

Il était évident qu’avoir dans ses rangs une personne capable de prédire les actions à mener afin de garantir le succès de l’Ordre était un atout crucial dans la lutte de pouvoir qui allait venir. Cette mission devait donc se conclure par un succès et Darth Zeon comptait bien tout faire pour y parvenir. S’il pouvait faire d’une pierre, deux coups, en mettant la main sur le pouvoir de prédiction, tout en amenant Darth Aava à exploiter son plein potentiel, l’Ordre ne s’en retrouverait que renforcer davantage. Evidemment, si la jeune zabrak devait se révéler être un poids mort, cela serait également une possibilité qu’elle disparaisse lors de cette exploration, sans qu’aucun Seigneur Sith n’y trouve à redire, même pas Darth Laureus.

Alors que le vaisseau atterrissait, le Commandant Hurkas pénétra dans la pièce où se trouvaient les deux siths. Equipé de la tête au pied d’une armure lourde et d’armes blaster, il annonça l’arrivée sur Dromund Kaas. Il confirma à son Seigneur que ses hommes étaient tous prêts. Darth Zeon se tourna douc vers la jeune zabrak, ne manquant pas d’être aussi froid qu’à son habitude.

« Il est temps Darth Aava. N’oublies pas qu’il te faudra me montrer autre chose que ce dont tu sembles te satisfaire. »

Le Seigneur Noir enfila sa cape noire, dissimulant ses deux sabres lasers, tout en couvrant son visage avec la capuche. Il rejoignit l’escouade du Commandant Hurkas qui avait pris position autour du vaisseau. Ils commencèrent à poser des pièges et à fabriquer une barricade afin de faciliter leur travail de défense. Les canons blaster furent rapidement en place et pour cause, cette planète était particulièrement hostile et il ne fallait surtout pas se montrer imprudent. Lorsque la jeune sith le rejoignit, Darth Zeon lui fit passer un premier test de perception, histoire de voir si avec de l’entraînement, elle pourrait améliorer sa perception de la Force.

« Darth Aava, la jungle est dense mais tu devrais pouvoir sentir les émanations du côté obscur qui entourent le temple sith. Concentre-toi et indique-moi la direction à suivre. »

Lancer de dé:

Cette histoire était trop belle pour être vraie. Une telle source de pouvoir serait encore présente sur Dromund Kaas et serait passée inaperçue tout ce temps?- Perplexe face à la révélation, Aava n'en garde pas moins le silence, écoutant son maître attentivement sans l'interrompre. Elle se relève doucement, main croisée sous les larges manches évasées de son sombre manteau. La seule chose laquelle son esprit se focalise, c'est cet holocron qui lui semble la chose la plus viable de l'histoire. Tout comme Zeon, elle ne croit pas au reste. Alors que le commandant Hurkas fait irruption dans la pièce, la jeune femme garde le silence, se contentant de suivre le seigneur noir comme une ombre. Toujours aussi discrète, silencieuse, féline. C'est le propre même d'Aavryn, on en oublierait presque sa présence, mais elle est là, juste derrière lui, attentive, à l'écoute. Et elle attend patiemment, la prédatrice. Elle juge, elle jauge, attend le moment venue où ce sera à elle de faire ses preuves. Encore. Elle en revient toujours là, n'est-ce pas . Malgré ses dix-sept ans d'apprentissage, malgré son grade de lieutenant, malgré son rôle au côté de Loki... On lui demande de faire ses preuves, encore et toujours, comme si ce rang de Darth ne valait rien. Comme si avoir été élevé par les sith n'était déjà pas une preuve suffisante... Elle en serait presque vexée, mais Aava se contente de ravaler sa fierté, préférant se soumettre à son éternelle modestie. Il voulait des preuves, elle tâcherait de lui en donner au mieux.

La sortie du vaisseau se fait toujours avec cette même lenteur, elle observe les soldats déjà à l'oeuvre, officiant pour créer des protections. Zeon était méticuleux, visiblement méfiant. Il devait s'attendre au pire venant de Dromund Kaas. D'un geste lent et machinale, elle passe les bras derrière sa nuque, attrape sa capuche et tout comme son maître, la rabat sur son crâne, ne laissant de visible que le bas de son visage et ses lèvres noircies et d'où s'étirent de discrètes veinules noirâtres. Malgré son jeune âge, voilà déjà longtemps qu'Aava s'était laissé emporter par les ténèbres, cela rongeait son corps comme un acide, avait brisé son apparence immaculée d'antan. Alors qu'elle attend sagement, le premier ordre de Zeon tombe. Le premier test fait son entrée et n'est pas des moindre. Ici dans l'étendue de jungle, elle se doit de sentir ce qui émane du temple pour trouver sa position. Il fallait au moins l'admettre, la perception n'était pas son fort. Ce n'était pas la faculté qu'elle entraînait le plus. Rien que pour cela, la Zabrak ne se sentait pas forcément à l'aise, commencer sur un échec aurait des conséquences lourdes, surtout pour l'estime que Zeon lui portait.

« Oui, mon maître. »

Souffle-t-elle doucement avant de faire un pas en avant, un second. Elle prend ses distances avec lui, de quelques mètres à peine. Elle observe la végétation dense, le ciel grisonnant qui trahit un orage imminent. Elle ferme les yeux, elle se concentre Aava. Elle fait fie des bruits des ouvriers, des éclats de voix. Elle écoute le vent, elle ouvre son esprit, comme durant la méditation. Et elle sent, c'est là, c'est palpable mais discret, sans doute trop. Le temple serait-il plus loin qu'elle ne l'avait envisagé ? Pourtant son bras se lève, se tend et ses doigts camouflés dans un gant en cuir désignent une direction. Là où la jungle s'approfondit.

« Je sens quelque chose là-bas, seigneur... Mais j'ignore s'il s'agit de ce que vous cherchez. Je ne saurais dire la direction exacte, s'il s'agit du temple, mais je sens la force, je sens l'obscurité, maître. »

Et comme s'il elle craignait sa réaction, Aava pivote doucement, relevant le visage pour darder ses yeux d'ébène sur le sith, soutenant son regard. Cette démonstration médiocre lui vaudrait probablement les foudres de Zeon, une fois encore.