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I'll be back - Sehrin & Eäsiris

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❝ I'll be Back ❞
"Mentor, est-ce là ne rien faire? " Antoine Louis Le Brun
Sehrin & Eäsiris   


Le soufflent lent, calme, j’écoutais les bruits de pas le long des couloirs. Une véritable fourmilière qui grouillait de paires de bottes qui battaient le pavé du matin jusqu’au soir. Allongée sur mon lit, les yeux clos, les mains entrelacées derrière ma tête, songeuse. Cela faisait maintenant onze ans que j'avais rejoint pour la première fois la résistance, et même si ça ne fait que quelques temps à peine que je suis revenue, j'ai l'impression de ne jamais vraiment l'avoir quittée. J'ai beau avoir loupé quelques évènements, avoir coupé les ponts totalement avec plusieurs personnes, nul ne semblait m’en avoir voulu et on semblait heureux de me voir de retour, du moins pour le peu que j’avais déjà croisé jusqu’ici. Même si la raison pour laquelle j’étais revenue était pleine de douleur, je me devais de continuer à aller de l’avant. NE serait-ce que pour la mémoire de mes parents.
Je poussais un long soupir, une boule se formait au niveau de mon diaphragme, ressasser les mauvais souvenirs ne m'aideront pas à avancer, mais comment faire le deuil d'un tel mystère. Ce mystère qui me concerne moi, mes origines ?

Je secouais la tête pour chasser ces idées et me redressais vivement, m'asseyant sur le bord du lit. Il fallait que je sorte me changer les idées, rester enfermée comme ça finira par me rendre dingue. J'enfile ma veste et mes chaussures, attrapant mon sac avant de sortir de mes appartements.

Tout autour de moi m’était familier, mais les gens, les visages me paraissaient inconnus. Etais-je partie depuis si longtemps ? Bien évidemment. Tellement de nouveaux visages, de nouveaux sourires. Je décidais de sortir de la base afin d’aller prendre un peu l’air frais et profiter des quelques rayons du soleil encore présents en cette fin d’après-midi. J’en profitais alors pour m’asseoir sur un banc à l’ombre d’un arbre. Passant l’anse de mon sac autours de ma tête, je le posais à mes côtés, l’enserrant fermement. J’avais tellement de souvenirs ici. Assise sur ce banc, à l’ombre d’un arbre, je laissais mon esprit vagabonder une fois de plus. Je fus prise d’un sursaute en entendant une voix juste derrière moi, ma surprise et ma petite frayeur laissèrent place à un grand sourire sur mon visage. Sehrin. Je me relevais vivement m’apprêtant à le prendre dans mes bras mais me retint par pudeur.

« Monsieur Tarrk ! Je suis vraiment ravie de vous revoir ! Vous n’avez pas changé d’un cil ! »

Sehrin Tarrk avait été mon formateur lors de mes premières années au sein de la Résistance, ses enseignements étaient riches et toujours bien veillant. Je l’avais très rapidement placé comme figure à prendre en exemple. Malgré nos caractères nous avions su composer pour obtenir une certaine symbiose. Il savait se montrer ferme mais compréhensif et à l’écoute. Je regrettais souvent de ne pas lui avoir donné de nouvelles pendant ces huit dernières années. Il ne méritait pas ce manque de rigueur et de devoir de ma part.

« Oh mais asseyez-vous je vous en prie. Comment allez-vous ? Toujours en train de former de charmantes têtes blondes ? »

Je me rassie lui laissant la place de s’installer à mes côtés. Ça me faisait réellement plaisir de le retrouver encore ici. Il semblait être l’un des derniers points de repère qu’il me restait de mon dernier passages chez les Résistants.


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I'll be back
Eäsiris & Sehrin


 
Sehrin avait passé une éternité ou du moins c’était l’impression qu’il avait, à faire ses rapports sur l’avancement de l’entrainement des différentes recrues. Lorsqu’il avait accepté le poste de formateur il y a 3 ans, il n’avait pas pensé que cela ferait parti de ses obligations. Il aurait dû continuer à le faire de façon officieuse. Au moins, il n’aurait pas eu de compte à rendre. Il détestait toutes ces démarches, il préférait l’action. Être actif plutôt que passif. Alors, il s’y était attelé, tant bien que mal.

Mais ce dont il avait le plus besoin maintenant, c’était d’aller prendre l’air. Le temps était clément aujourd’hui. Sentir les rayons du soleil sur sa peau lui ferait le plus grand bien. Il avait besoin de s’aérer après avoir passé autant de temps enfermé. Sur le chemin, une recrue était venue l’aborder afin de lui poser quelques questions sur l’une ou l’autre technique de combat. Aider les jeunes combattants… Il avait toujours aimé ça. Il le faisait depuis bien longtemps, avant qu’on le lui demande. Ça lui avait permis de connaitre plein de personnes différentes avec qui il s’était plus ou moins liées. Certains avaient trouvés la mort. D’autres étaient devenus de soldats vaillants, chevronnés. Et puis, il y avait Eäsiris, qui avait subitement disparu. Au début, comme tant d’autres, il s’était posé la question mais il se doutait qu’elle devait avoir une bonne raison et surtout, l’accord parce qu’on ne quittait pas comme on le voulait la Résistance. Et plus le temps passait, moins il y pensait.

Alors, en entendant cette voix familière l’interpeller, il s’en voulut un peu. Il savait qu’il aurait été difficile d’avoir de ces nouvelles mais il n’avait même pas essayé. La tête ailleurs. La tête dans ses problèmes. Au moins, elle était encore en vie. Et de retour de la Résistance. Il ne put s’empêcher de sourire en entendant sa remarque. Il avait changé, il en était sûr. La vie lui avait laissé ses marques. Peut-être sur elle aussi. Il n’en savait rien. Mais le positivisme d’Eäsiris lui avait manqué. Au début, c’était l’un des traits de caractère qui l’espérait le plus, tellement à l’opposé de son côté bourru. Mais avec le temps et leur coopération sur les champs de bataille, il avait appris à l’apprécier. Ils avaient trouvé un équilibre entre eux. La jeune fille qu’il avait pris sous son aile était devenue une amie. Et voilà qu’après tant d’années, elle était à nouveau à ses côtés.

« Tutoie-moi s’il te plait, tu me vieillis encore plus que je ne le suis. » lui lança-t-il en prenant place à ses côtés.

Tant d’années s’étaient écoulées. Qu’avait-elle vécu pendant tout ce temps ? Il espérait que la vie avait été plus clémente qu’avec lui. Mais il en doutait. La guerre faisait rage partout dans la galaxie et quitter la Résistance ne garantissait pas la paix. Son retour devait être difficile également. Tant de choses avaient changé par ici. Il ne préférait même pas essayer de se rappeler des gens qu’elle aurait pu connaitre à l’époque. Il aurait réalisé sans aucun doute que bien trop les avaient quittés.

« Je fais même ça de manière officielle maintenant. J’ai été promu formateur il y a 3 ans. Mais je ne savais pas que t’étais revenue. On t’a trop manqué ? Il était temps » lui dit-il avec un sourire complice avant de reprendre, sur un ton plus sérieux, « Je suis content de te revoir et en vie en plus. Depuis le temps, j’avais abandonné tout espoir de te revoir un jour parmi nous. Ton retour n’est pas trop brutal, j’espère ? Tu te réadaptes à notre merveilleuse base ? Si jamais tu as besoin d’aide, tu sais où me trouver. »

Son naturel attentionné pour ceux qu’il avait décidé d’entrainer reprenait le dessus, peu importe le temps qui s’était écoulé. Ils resteraient ces petits protégés.

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"Mentor, est-ce là ne rien faire? " Antoine Louis Le Brun
Sehrin & Eäsiris   


Plus aucun endroit à ce jour ne me paraissait aussi doux et apaisant que Fenves dans toute la galaxie. La douceur matinale, la brise dans les feuilles des arbres et le chant de quelques oiseaux me rappelaient parfois mon jardin lorsque j’étais enfant sur Hosnian Prime. J’y passais des après-midi entières.  J’étais là, assise sur le banc à profiter des rayons chauds du soleil. Ce même banc qui pendant des années avait pris la marque de mon postérieur fainéant, bien trop souvent botté par mon formateur et mon peu d’amis sur la base.

Au court de ces huit dernières années il m’était arrivé souvent de regretter mon départ de la Résistance. J’y avais des attaches solides, des personnes de confiance, certes, peu nombreuses, mais terriblement efficaces. Je pensais régulièrement à eux, savoir ce qu’ils étaient devenus, si rien ne leur était arrivé, s’ils étaient en sécurité. Mais jamais je n’avais réussi à faire la démarche de les contacter. J’avais bien trop peur de leur réaction. J’étais vraiment partie du jour au lendemain, juste après un entretiens compliqué mais nécessaire avec la Générale Organa. Même une fois bien installée au sein du Spirit, j’aurai pu renouer le contact, mais je me disais qu’il était bien trop tard pour le faire à présent. Mais il y a surtout une personne dont je redoutais réellement le jugement, c’était Sehrin, il avait été mon formateur, mon véritable point de repère alors que je venais fraîchement de débarquer au sein de la Résistance. Nos caractère étaient de prime abord bien éloignés, mais se révélaient d’une complémentarité redoutable lorsque nous étions sur le terrain et que nous mettions en pratique ses enseignements. Au fil du temps il est devenu un ami que je respecte grandement et pour qui j’ai une haute estime.

Le revoir aujourd’hui m’emplissait de joie mais aussi d’appréhension, tout ce temps sans se donner de nouvelles… J’avais l’impression de devoir marcher sur des œufs. Peut-être m’en voulait-il, il connaissait presque tout de ma vie, je lui faisais une confiance aveugle et tout à coup je me suis volatilisée…

« Tu rigoles… Vois ça plutôt comme une marque de respect de ma part… Et puis… ça fait un moment maintenant que l’on ne s’est pas vu… »

Le temps était passé si vite, je ne l’avais pas vu s’écouler ces huit dernières années. Ma vie parmi les membres du Spirit avait été bien tumultueuse et pleine d’aventures. En y repensant un léger sourire s’afficha sur mes lèvres, ils me manquaient, eux aussi. 
 J’arquais un sourcil, il avait donc lui aussi parcouru son petit bonhomme de chemin. Quoi de plus étonnant, je n’avais pas à me laisser surprendre, il ne fallait pas que je m’attende à retrouver tout et tout le monde au même stade auquel je les avais laissés.

« C’est uniquement dans le but de ne pas te faire rouiller que je suis revenue. Je me disais que tu devais te reposer depuis un peu trop longtemps. Fini les vacances. » Je marquais une petite pause. « Enfin… Si tu veux bien reprendre ma formation là où nous l’avions laissée… Je sais que ça peut paraitre un peu osé de ma part de te demander ça comme ça, surtout après autant de temps… » Mon regard s’encra à l’herbe à nos pieds. « Beaucoup de choses ont changé ici… J’ai un peu l’impression de me retrouver onze ans en arrière lorsque je venais à peine de débarquer dans la Résistance… Oh bien sûr je ne suis pas la même qu’à l’époque, j’ai mon bagage, mes compétences, mes acquis… Mais… J’ai l’impression d’avoir perdu tous mes points de repères… Et ce, même avant de revenir ici… Depuis précisément la première semaine du troisième mois de cette année… »

Je laissais planer un silence. Je n’avais pas besoin de préciser à Sehrin à quoi correspondait cette date. Tout le monde dans la galaxie a encore en mémoire les récents évènements de la destruction d’Hosnian Prime et des autres planètes. Cette planète sur laquelle j’avais grandi, aimé, vécue et sur laquelle mes parents se sont éteint dans un cri d’effroi. La seule chose qui guidait mes pas aujourd’hui était la volonté de ne pas laisser leur mort impunie, de libérer la galaxie de l’étau de fer du Premier Ordre, de donner un sens à mon rêve si étrange. Ce sont encore les seuls éléments qui me permettent de rester debout et de trouver une force quasi inépuisable pour me lever chaque matin. Je relevais les yeux vers mon formateur en souriant doucement.

« Je suis tellement heureuse de te revoir Sehrin, même si tu me parais bien fatigué. Ce sont tes nouvelles recrues qui te donnent des cheveux blancs ?  Rassure-toi, ça te va très bien. »

J’avais toujours préféré rebondir sur une note joyeuse, peu importe la situation, faire sourire était une chose que j’adorai le plus, et lorsqu’il s’agit de personnes qui vous sont chères, c’est encore plus précieux. J’eu un léger sursaut, me rappelant de quelque chose à ce moment précis. J’attrapais mon sac et farfouilla à l’intérieur afin d’en ressortir un vieux bouquin dont les pages jaunies trahissait l’âge certain. Je l’ouvris à la page de la table des matières et en sortie une photo lègèrement pliée à plusieurs endroit. Je la fixais quelques instants avec tendresse avant de la tendre à Sehrin. Il s’agissait d’une photographie de lui, Tuiren et moi. Peu de temps après que je les ais rejoins.

« Tu vois, quelque part, vous ne m’avez jamais vraiment quittée pendant toutes ces années… »

Il m’arrivait souvent de passer de longs moments à la regarder, le soir, et de me remémorer les souvenirs qui lui étaient attachés. Un vestige du passé qui me semble à la fois lointain et si proche.

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Eäsiris & Sehrin


 
La demande l’avait plus que surpris. Reprendre la formation là où ils l’avaient laissée, huit ans auparavant, au moment de sa disparition, ce n’était pas vraiment ce à quoi il s’était attendu en prenant place à ses côtés.
Il doutait avoir encore quelque chose à lui apprendre. Elle n’avait certainement pas passé huit ans à se tourner les pouces. L’Eäsiris qu’il avait connu, avant son départ, ne l’aurait pas fait en tout cas. Par contre, la jeune fille qui était rentré dans la Résistance, il y a onze ans, elle… Elle lui en avait fait voir de toutes les couleurs. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait arraché son postérieur de force du banc sur lequel ils se trouvaient présentement. Ce banc toujours présent, inchangé, comme un appel aux souvenirs. Il s’en rappelait bien, de sa bonne humeur et de sa tendance à paresser. Cette tendance commune à elle et à Tuiren, contre laquelle il avait tant luttée. Ils avaient formé une drôle de petite bande à eux trois. Il les avait chaperonnés, avec sérieux, avec rigueur mais surtout avec affection. Ils avaient fini par dépasser cette relation de mentor- disciples. Ils étaient devenus des amis. Tuiren serait certainement heureux de la revoir, lui aussi, une fois qu’il serait rentré de mission.
C’était sans doute pourquoi elle était venue lui demander à lui, de continuer leurs entrainements. Pour reprendre leur relation sur des bases qu’ils connaissaient. Pour reprendre ses marques, après une si longue absence. Pour renouer avec le passé. Mais certainement pas pour apprendre quoique ce soit de lui, il ne pouvait le croire. L’élève avait surement dépassé le maitre. Cela n’était pas difficile, pas quand l’instructeur n’avait pas été sur le terrain depuis 3 ans. Non, sa mission était autre maintenant : il devait former les nouveaux. C’est pourquoi il n’eut pas le cœur de refuser sa demande. C’était son rôle après tout et on ne peut pas refuser à un Résistant de vouloir se perfectionner, de lui donner plus de chances de survivre.

« Si c’est ce que tu veux, nous reprendrons. Je ne crois pas que j’ai encore des choses à t’apprendre mais si c’est ce que tu souhaites, je ne peux pas te le refuser ». Mais il ne put s’empêcher de rajouter, avec un sourire taquin, comme pour la détendre : « Peu après ton arrivée, tu m’aurais supplié de te laisser dormir. Maintenant, tu viens me demander de te botter le cul. Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait d’Eäsiris ? »

La première semaine du troisième mois de cette année. Hosnian Prime. Evidemment. Il n’avait pas directement fait le lien. Il lui avait fallu le sous-entendu douloureux d’Eäsiris pour s’en rappeler. L’horreur sans nom qui s’y était déroulée était inconnu pour personne. Toute la galaxie était au courant. C’était un coup dur pour le moral de tout le monde mais encore plus quand on y perd sa famille. Il comprenait mieux son retour. Oui, elle avait vécu elle aussi. Personne ne restait bien longtemps épargné par cette foutue guerre. Il se doutait bien qu’elle ne revenait pas de vacances mais sur le moment, il n’avait pas pensé qu’elle ramènerait un tel vécu.

« Je suis vraiment désolé que la guerre t’ait également touchée. Je sais ce que ça fait, de perdre ses proches. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu viens me trouver. Je ferais mon possible. Je l’ai toujours fait non ? Tu retrouveras vite tes marques, ne t’en fais pas. Ça reste toujours pareil ici, dans une certaine mesure. »

Et pourtant, elle était là, toujours à essayer de faire sourire les gens. Et lui, il devait paraître égal à lui-même, du moins, il l’espérait. Mais cet air fatigué lui venait-il de ses recrues ou juste des horreurs qu’il avait vécues depuis six ans ? Un peu des deux, surement. Elle n’était certainement pas au courant. Les morts d’Asmaa puis d’Audran n’avaient pas fait grand bruit. C’était juste des noms, souvent inconnus hors Résistance, parmi tant d’autres. La guerre faisait tellement de dégâts que seul des faits de l’ampleur d’Hosnian Prime font le tour de la galaxie. Le reste, ça devenait des dommages collatéraux, tristes mais nécessaires, des inconnus qui sacrifient leur vie pour mener le combat commun. Oui, il était fatigué de voir ses proches disparaitre, de ne pas voir ses recrues revenir. Mais le retour d’Eäsiris était comme une petite bouffée d’air frais. Elle ramenait ses peines, qu’il aiderait à surmonter à sa manière, mais aussi des souvenirs heureux. Ceux où Asmaa était encore là pour lui sourire, pour rire quand il râlait sur les deux mollassons qu’il avait pris sous son aile, pleine de vie. Ceux où Audran et lui revenaient de mission fourbus mais heureux. Heureux de s’en être sorti, d’avoir repousser du mieux qu’ils pouvaient le Premier Ordre. Ceux avec elle, justement, et Tuiren. De leur entrainement, de leurs bêtises, de leurs complicités. Mais il ne s’attarderait pas sur cette fatigue. Ce n’était pas son genre de s’épancher de la sorte. Il en parlerait à demi-mots, comme il en avait l’habitude.

« Après Tuiren et toi, je suis rodé. Je ne pense pas que les nouvelles recrues puissent me donner plus de fils à retordre. Mais oui, je suis fatigué. Ici aussi, ça n’a pas toujours été facile. C’est la Résistance, on ne s’attendait pas vraiment à vivre au calme en la rejoignant. » dit-il en jouant distraitement avec les alliances pendues à son cou, le regard légèrement dans le vide avant de se ressaisir « Mais du moment que ça me va, c’est le principal. Faudrait pas que je perde mon statut de meilleur formateur de la galaxie en ayant l’air crevé ».

Il regarde avec un sourire la photo qu’elle lui avait tendue. Ils étaient là, tous les trois, côte à côte. Il était au milieu, essayant de conserver tant bien que mal un air sérieux. Il se souvenait bien du jour où il l’avait prise. C’était elle qui l’avait proposé. Ils n’avaient pas su lui dire non, sa bonne humeur était si communicative. Ils étaient partis en fou-rire plus d’une fois. Les jeunes étaient déchainés, encore dans cette insouciance qui leur était propre. Maintenant, ils avaient tous les trois énormément changés. Les visages seraient plus marqués, chacun devant vivre avec les malheurs qui les avaient touchés. Mais à présent, ils étaient de nouveau réunis. Chacun ayant ses propres responsabilités mais ils avaient de nouveau la possibilité d’être côte à côte.

« T’as vraiment envie de me rappeler que je deviens vieux, en fait » lui dit-il en la lui rendant. « Je suis aussi heureux de te revoir parmi nous mais ne l’ébruite pas, on va croire que je me ramollis. Tuiren aussi le sera. Tu nous as manqué, on avait besoin de ton positivisme.Il va falloir qu'on rattrape tout ce temps perdu. Et que tu nous racontes tout ce qu'on a pu raté. »


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"Mentor, est-ce là ne rien faire? " Antoine Louis Le Brun
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Sehrin avait été, et ce depuis le premier jour, un modèle pour moi. Je dois cependant admettre qu’avec Tuiren nous ne l’avons pas ménagé tous les jours. Combien de fois est-il venu nous chercher sur ce banc alors que nous glandions là, à ne rien faire d’autre que regarder les nuages. Il avait été dur avec nous, mais toujours juste et bienveillant. Il savait trouver les mots justes pour nous donner la motivation et l’envie nécessaire pour nous perfectionner chaque jour un peu plus. Je voulais me dépasser, lui prouver que j’étais capable de faire plus que ce qu’il me demandait, même si souvent j’échouais, ce qui entrainait une énorme frustration de ma part. Dans ces moment-là j’avais envie de baisser les bras, de tout abandonner, je me dégoutais d’avoir échoué car je pensais qu’à chacun de mes échecs je le décevais. Mais dans ces cas-là il était là aussi, prenant le temps de me parler, de me faire comprendre que les échecs font partie du cycle d’apprentissage, que c’est ce qui nous rend plus fort car à présent on sait quelles erreurs il ne faut pas répéter. Ses paroles, ses valeurs, ses enseignements et le temps qu’il m’accordait m’ont rendue plus forte, plus combative, il a fait de moi ce que je suis aujourd’hui et je ne le remercierai jamais assez pour tout ce savoir et ce temps qu’il m’a accordé.

Ce n’est pas vraiment qu’il me restait des tonnes de choses à apprendre, quoi que, je pars du principe qu’il y a toujours quelque chose à apprendre. Mais si je voulais reprendre l’entrainement auprès de Sehrin je pense que c’est principalement pour me rassurer, retrouver mes points de repère, me convaincre que même si je suis partie pendant ces huit années, rien n’a changé ici, que je peux reprendre les choses là où je les avais laissées. Je sais bien que c’est impossible mais j’ai envie de me bercer de cette illusion. Dans ce monde si noir, j’avais besoin de cette bulle de lumière, de douceur, de chaleur, auprès des personnes qui me sont chères.

« Tu auras toujours quelque chose à m’apprendre, tu n’es pas resté à moisir au fond d’un fauteuil pendant ces huit ans je suppose » lui dis-je en souriant. « Ah mais le sommeil est toujours une chose primordiale dans ma vie, je te rassure, B4 a pris ton relais, c’est lui qui râle pour que je me lève le matin. Certaines choses ne changent pas. » Je me mis à rire.

A l’évocation de la destruction d’Hosnian Prime et de la mort de mes parents, le visage de Sehrin se ferma. Oui, la guerre m’avait pris beaucoup et mes parents en avaient payé le prix fort, comme de nombreux innocents, beaucoup trop, c’est une certitude.  Ses paroles me mettaient du baume au cœur, j’avais reçu certes, beaucoup d’hommages lors de la mort de mes parents, mais il y en a qui vous réconfortent plus que d’autres. Alors qu’il semblait perdu dans ses pensées mon trait d’humour sembla de ramener à une humeur un peu plus joyeuse.

« Oh tu exagères quand même... On a été si terribles que ça ? Cependant je suis d’accord, si on a rejoint la Résistance ce n’est pas pour se la couler douce et se croire en camp de vacances. N’est-ce pas ? Cependant tu devrais te ménager un peu quand même, sinon pour le coup tu seras un véritable papy. Pis meilleur formateur de la galaxie… Tu ne sens pas trop tes chevilles gonfler là par hasard ? Ahaha je rigole, tu es vraiment le meilleur formateur que la galaxie ait connue. » Je fronçais les sourcils en le voyant jouer avec des alliances autours de son cou « Sehrin… Je n’ai pas encore vu Asmaa et Audran depuis que je suis rentrée… »

Je craignais le pire, je commençais à faire le rapprochement entre leur absence, les alliances vissées autours du coup de mon formateur et ses paroles de tout à l’heure. La guerre n’avait pas dû l’épargner lui non plus. Aussi fort que je le souhaitais, d’aussi fort que je me berçais d’illusions, les choses avaient bel et bien changé. Je ne pouvais, hélas, rien y faire. Je posais ma main sur son épaule, je n’ai jamais été très douée pour réconforter les gens, je ne suis bonne qu’à écouter ce qu’ils ont à dire, à absorber leurs chagrins, leurs peines et leurs colères. Ainsi ils peuvent vider leur sac sans crainte d’être jugés, critiqués ou moqués.

« Je vais te faire la même offre que celle que tu m’as faites précédemment, si tu as besoin de quoi que ce soit, même d’un dé à coudre, tu peux venir me voir, je serais là, à n’importe quelle heure. Je n’ai plus dix-sept ans. »

La photo que je lui avais tendue semblait lui rappeler de bons souvenirs, cette photo en est la preuve immortalisée. J’avais tellement insisté, Tuiren et Sehrin avaient fini par craquer au final, cette photo me réchauffait le cœur, souvent. Lorsque j’étais seule, que je ne savais plus trop où j’en étais, que j’étais perdue ou triste, cette photo ressortait toujours de mon tiroir me permettant de me remémorer tout ce qu’il y avait de bon dans mon passé, les valeurs que l’on m’avait inculquées, l’amour que l’on m’avait porté. Grâce à cette photo je n’oubliais jamais d’où je venais et je savais alors où j’allais.

« Ah, on dirait que l’on découvre un petit cœur qui bat sous cette carapace Major. Ce sera notre petit secret » lui dis-je avec un clin d’œil entendu « Ouh la la, je ne saurais pas vraiment pas quoi commencer au juste… Ma survie pendant ces huit ans a surtout été un sacré coup de bol. Quand je suis partie, en 26, quelques mois après je me suis salement crashée sur la Lune de Dxun, j’étais seule avec B4… Ma survie je la tiens uniquement au petit SOS que j’ai eu le temps d’envoyer avant l’impact. J’ai été recueillie… Hey mais pourquoi on irait pas parler de ça autours d’un verre ? C’est pas que je n’aime pas l’endroit, je pense que tu en es conscient hein, mais ce serait quand même plus sympa de se détendre autours d’un verre et que je finisse de te raconter ma pitoyable épopée au sein de contrebandiers. » Je me levais d’un bon « Allez debout ! On va finir par se déshydrater là ! »

Je lui souris et l’entraina dans la petite cantina qui elle, n’avait pas changé d’un pouce depuis mon départ. Nous nous installions à une petite table avant de nous faire servir de quoi nous rafraichir. Je levais mon verre dans sa direction.

« A nos retrouvailles et fait que je vais continuer de te donner des cheveux blancs ! Où en étais-je déjà... Ah oui Dxun ! Bah ouais bah figures toi qu'avec mon peu de chance il y a quand même quelqu'un qui a réussi à entendre mon appel au secours... »

Je continuais alors de lui raconter toute mon histoire, ma vie au sein du Spirit, la rencontre avec Walch et Nash, des anciens Résistants et amis de mes parents reconvertis dans la contrebande. Ma relation conflictuelle mais attachante avec Hayde, le Jedi alcoolique, un peu bourru mais au grand coeur. Les missions que nous avons effectués et les boulettes que j'avais évidemment faites et qui me faisaient rire aujourd'hui, tout ça autours de quelques verres qui me mettait de la chaleur au coeur.

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