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And then chaos took over [FB, OS]

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22 ABY.
Quelque part dans la bordure extérieure.


La porte du vaisseau s'ouvre et le spectacle qui s'offre à toi te brise le cœur. Une boule se forme instantanément dans ta gorge alors que tes yeux partent en quête du coupable. Tu le repères rapidement et te mets à courir dans sa direction sans attendre. Tu lèves ton pistolet blaster et le vises du mieux que tu peux, vu ton état. Tu tires sans même prendre le temps de sécuriser ta visée. Tu appuies sur la gâchette encore et encore et encore et encore, le regard froid et fixé sur le dos de ta cible.
L'un des jets a frôlé son bras, tu le vois à la main qui va se plaquer à l'endroit touché. Pourtant, le fuyard ne ralentit qu'un instant avant de repartir de plus belle. Ça n'a pas d'importance. Tu continues de tirer et ton pistolet se réchauffe mais tu t'en fous aussi. Tu vois déjà cet enfoiré atteindre son vaisseau et ça te tue. Alors tu décides de simplement accélérer, de pousser les limites de ton corps à leur maximum.

Quand tu arrives à portée du cargo, les voyants ont été allumés et il commence déjà à s'écarter du sol. Ça ne t'empêche pas de tenter le tout pour le tout : tu dégoupilles un détonateur à charge électrostatique et tu le jettes de toute tes forces vers le bâtiment spatial. Durant un instant, la rage et l'espoir se mêlent, tu penses que le détonateur va atteindre un pan du vaisseau… sauf qu'il retombe mollement vers le sol, le frôlant seulement. Tous tes espoirs s'effondrent alors que le détonateur explose à terre et que le vaisseau file vers le ciel, emportant avec lui toutes tes chances de vengeance. L'adrénaline redescend d'un coup alors que tu retrouves à terre, sous l'onde de choc. Tu te protèges au mieux, tu tousses à cause de la poussière, mais tu te remets bien vite sur le dos, ton esprit focalisé sur une seule et unique chose. A travers le léger nuage poussiéreux, tes yeux retrouvent immédiatement les dernières lueurs du cargo juste avant qu'il disparaisse totalement et le désespoir s'empare de toi.

Les secondes, les minutes passent et tu es toujours là, allongé dans la terre sablonneuse, impuissant, prostré. Tu tentes d'ordonner à ton corps de se redresser, de le rejoindre mais tu restes immobile. Tu n'arrives plus à esquisser un seul mouvement. Tu sais ce qui t'attend et tu sens déjà ton cœur se briser à nouveau à cette perspective. La boule dans ta gorge se fait plus grande. Les larmes te montent aux yeux. Tes mains se mettent à trembler. Tu n'as qu'une envie : te recroqueviller sur toi-même et ne plus exister. Ce sera toujours mieux que d'affronter la réalité.
Pourtant, tu ne peux pas te le permettre. La manipulation du temps n'est pas dans tes cordes et, de toute façon, ce n'est pas comme ça qu'il t'a élevé. Vos traditions mando ont fait de toi qui tu es aujourd'hui : c'est bien le minimum de ce que tu lui dois. Alors, le cœur lourd, tu réussis à faire bouger tes jambes, ton corps, à faire demi-tour. A rebrousser chemin jusqu'à lui.

Les larmes se mettent à couler avant même que tu ne sois agenouillé à ses côtés. Tu les essuies par respect pour lui, pour lui montrer que tu es digne de tout ce qu'il t'a enseigné, de tout ce qu'il a voulu t'apprendre dans cette vie, de l'amour qu'il t'a porté malgré toutes les épreuves. Seulement, d'autres reviennent à l'assaut et tu abandonnes vite l'idée de les faire disparaître. Tu les laisses simplement rouler sur tes joues et tu lui demandes pardon. D'abord silencieusement, puis à voix haute quand tu t'agenouilles près de ton père, éteint.
Ses yeux sont grands ouverts et tu pourrais presque y lire la surprise de l'attaque qui l'a achevé. Tu essuies ton nez coulant d'un revers de manche et tu fermes délicatement ses paupières de ta main libre. Un sanglot t'échappe et une légère plainte gémie le suit de peu.
Ton pilier vient d'être lâchement assassiné et tu n'as rien pu y faire. Rien.

Tu laisses une main tomber sur son torse et tu remarques, presque avec surprise, qu'il ne se soulève plus. Dans un espoir vain et douloureux, tu vas presser deux doigts au niveau de son cou mais tu ne trouves aucun pouls. Un sanglot plus fort te surprend et tu passes une main maladroite sur ton visage. « Non, non, non, non, non. » Tu te mets à pleurer réellement, les traits de ton visage se contractant sous la douleur immense. Tu entoures son visage de tes deux mains et vas poser ton front contre le sien. Tu renifles mécaniquement. Tu ouvres ensuite les yeux, toujours dans l'espoir futile qu'il rouvre les siens, mais ton père reste immobile. « Buir, réveille-toi. » Ta supplique reste sans réponse ; tu pleures de plus belle. « S'il te plaît… » L'un de tes mains va secouer son armure au niveau de son torse… Mais définitivement rien. Tu pleures plus franchement, absolument pas préoccupé par l'image que tu renvoies en cet instant, et des gémissements plaintifs passent la barrière de tes lèvres sans que tu n'y puisses quoique ce soit.

Tu ne sais pas combien de temps tu restes là, prostré, tellement mal que tu ne peux plus penser avec cohérence, tellement mal que tu n'as aucune notion de ce qu'il se passe autour de toi. Il n'y a que cette pensée qui tourne en boucle dans ta tête : Il est mort, il est mort, il est mort et ça t'empêche de respirer par moments. Sa mort équivaut à t'avoir arraché une partie de ton propre cœur. Ton père a toujours été là, avec toi, pour toi. Pour te guider, pour t'engueuler, pour te féliciter, pour te pousser à toujours aller plus loin. Il était ton repère dans ce monde de merde. Et il n'est plus là. Il ne reste plus que son cadavre éteint et vide.
Ça te remplit de désespoir autant que ça te met dans une rage folle.
Tu as envie de lui hurler qu'il devrait avoir honte de t'abandonner comme ça, qu'il était le plus fort, le plus grand, le plus puissant de vous deux. Que s'il l'un d'entre vous avait dû mourir, c'était toi, pas lui. Jamais lui. Parce que tu n'es rien sans lui et que tu n'as aucune idée de ce que tu vas devenir seul. C'est simplement inconcevable. Sauf que rien ne sort parce que la douleur et la tristesse te paralysent, elles te rendent faible et incapable de raisonner. Tu ne peux que taper sur son torse, une fois, deux fois, pour le sommer de se réveiller, pour lui faire comprendre que ce n'est pas drôle, que tu as besoin de lui, là maintenant, que tu es désolé de lui avoir failli, que tu feras mieux la prochaine fois, que tu seras plus fort à l'avenir. Mais seul le silence te répond.

C'est Bilkin qui t'aide à sortir de ta torpeur, avec ses bips incessants et la traduction qui te parvient dans l'oreillette. Tu ne l'entends pas de suite et, quand c'est le cas, tu fais semblant de ne pas l'entendre. Il insiste, encore et encore. Toi, tu pleures plus fort, parce que tu ne veux pas voir la réalité en face. Tu ne veux pas avoir à assumer les conséquences de ce qu'il vient de se passer. Sauf que le droïde continue et ça te tape sur le système. Tu te redresses d'un coup, le visage ravagé par les pleurs, la détresse, la colère. « DÉGAGE ! » Il ne bouge pas d'un iota. Il recommence et toi, tu ne vois finalement que la rage, parce que tu ne sais pas comment réagir autrement tant tu es désemparé. « J'M'EN FOUS, VA T'ENFERMER DANS LE VAISSEAU SI TU VEUX, J'EN. AI. RIEN. À. FOUTRE. » Une nouvelle vague de pleurs te prend et tu te recroquevilles sur toi-même, au-dessus du corps, le visage caché dans tes mains. Tu marmonnes des choses incompréhensibles, même pour toi. Tu te laisses aller au chagrin et à l'impuissance, lâchement.
 
Puis, d'un coup, tu remarques que le corps de ton père se décale sur la gauche. Tu écarquilles les yeux tout en relevant la tête et vois ton R8 tenter de tirer le cadavre de ton père vers le vaisseau. « STOP. » Tu t'apprêtes à tout lâcher, à le repousser, à hurler sur Bilkin que ce ne sont pas ses affaires, qu'il ne comprend rien, qu'il doit te foutre la paix, que c'est la fin, qu'il n'est qu'un tas de ferraille… mais la réalité, la connerie de tes propos te frappe aussitôt : ton droïde aussi vient de perdre quelqu'un d'important pour lui. Il a beau ressentir différemment, il n'en reste pas moins touché par un deuil similaire au tien. Il est autant en détresse que toi, si tu te fies à la façon dont il essaie de tirer ton père vers lui alors même qu'il doit savoir, quelque part, que la tâche lui est impossible.
Tu l'observes faire un court instant, le regard perdu, l'impuissance vibrant au bout de tes doigts. Tu l'observes tenter encore et encore sans succès. Tu entends la traduction de ses bips dans ton oreillette : Pas le laisser là, pas honorable. Pas dans la terre, mérite mieux. Pas bien, pas respectueux. Milo pas respectueux. Doit faire quelque chose, Milo et Bilkin doivent faire. Et la vision, l'ensemble de la scène, si irréelle, te brise encore plus le cœur et les larmes reviennent à la charge. Cependant, ça a le mérite de te forcer à faire quelque chose, à l'aider pour que ton père ne continue pas à croupir dans la terre sale et poussiéreuse, comme s'il n'était qu'un simple pouilleux et non un guerrier mandalorien qui mérite un respect infini.

Tu tentes de te redresser mais dois t'y reprendre à deux fois avant d'y parvenir, tant tes muscles sont crispés. Tu te concentres pour mettre un pied devant l'autre et vas te poster près de Bilkin, avant de murmurer : « Laisse, je- je m'en charge. » Ta voix est éteinte, faible et entrecoupée d'un reniflement. Pendant que le R8 se recule, tu essuies tes yeux, ton nez d'un revers de manche, ton visage en général pour être plus présentable, pour retrouver un peu de dignité. Tu te baisses ensuite, attrapes ses bras et tires vers le haut, vers toi. Tu le places en position assise et le fait tenir contre tes jambes. Puis, tu passes tes bras sous ses aisselles et le soulèves avant de commencer à le traîner jusqu'au vaisseau.

Le chemin te paraît douloureusement interminable. Tes larmes se remettent à couler plus discrètement sans que tu ne puisses rien y faire et ton corps te paraît aussi lourd qu'après plusieurs jours soumis à rude épreuve. Tu n'as qu'une pensée en tête : ramener le corps de ton père dans son vaisseau, dans son chez lui. Tu ne vois pas plus loin, c'est trop dur. Rien qu'effleurer l'éventualité d'après te fait tourner la tête. Alors c'est ce que tu fais du mieux que tu peux : tu te concentres sur l'instant présent.
Tes nerfs manquent de lâcher quand l'une de ses bottes reste accrochée dans un sillon au sol. Tu tires une fois, deux fois, tu grognes sous la frustration, à la limite du sanglot. Heureusement, Bilkin intervient rapidement pour régler le souci et tu peux reprendre ton chemin, le droïde à tes côtés, veillant à ce que l'incident ne se reproduise plus.

Une fois à l'intérieur, tu prends la peine de l'installer dans l'une des couchettes, de passer une couette sur lui, parce qu'il mérite autant de respect vivant que mort. Cependant, tu écartes sur-le-champ cette pensée : tu n'es pas sûr de tenir le coup, d'assurer la suite, si tu continues sur cette pente glissante. Là, ta priorité, c'est de filer d'ici. De filer loin. Peut-être même de retourner sur Mandalore parce que ton père souhaiterait sûrement revenir à ses racines. Ou alors d'aller retrouver les Baniss, votre unique famille dans cette galaxie. Tu ne sais pas. Tu n'arrives pas à penser avec cohérence. Une tâche après l'autre. Là, tu dois partir. Tu dois te recentrer, arrête de chouiner comme un gosse.
Tu inspires d'un coup, secoues la tête et essuies à nouveau tes larmes. Elles tentent de revenir mais tu fermes les yeux avec force tout en jurant comme pas possible. Quand tu les rouvres, tu les essuies à nouveau et tu files directement vers l'un des placards de la salle. Tu y déniches un bouteille d'alcool et en boit une bonne gorgée, cul sec. Tu l'avales et le liquide te brûle la bouche, la gorge, l'intérieur. Cela te donne une fausse impression de contrôle, de concentration, mais ça suffira pour le moment.

Tu te mets enfin à la tâche. Tu vas sécuriser le vaisseau, ceinturer le corps puis tu t'empresses d'aller mettre en marche le cargo de ton père – tu n'oses pas imaginer combien ça va être dur de t'en séparer. Dans le cockpit, tu t'installes à la place qui était celle de ton père et tu te blindes pour ne pas fondre à nouveau en larmes. Tu attaches le harnais rapidement puis marques une pause devant les commandes, tes mains en suspens au-dessus. Tu dois te concentrer pour chasser la boule d'angoisse dans ta gorge, pour calmer ta respiration et tes tremblements. Ce n'est qu'une fois que tout est sous contrôle – ou presque – que tu enclenches ce qui doit être activé avec efficacité, ta mémoire inconsciente prenant le dessus.

Bilkin, qui est resté silencieux jusque-là, n'attend que ton signal pour lancer les dernières requêtes pour le décollage. Il te demande si tu es prêt. Tu ouvres la bouche pour répondre mais aucun son ne sort. Dire oui serait un mensonge. Alors tu optes pour la vérité : « Non. » Bilkin bip doucement et les larmes menacent de te submerger à nouveau. Tu secoues la tête, renifles et passes une main fébrile sur ton visage. Tu dois te reprendre. Tu as du travail à faire. Concentre-toi, haar'chak.
Tu inspires un grand coup. Tu t'installes mieux dans ton siège et desserres ton harnais. Tu te racles la gorge avant de continuer, d'une voix rendue rauque par les pleurs : « Vas-y. »

Pendant que Bilkin s'exécute, tu fixes l'extérieur et l'endroit où la bombe a explosé, le cœur serré et la rage au ventre. Le vaisseau quitte doucement le sol et tu te concentres à nouveau sur ce que tu as à faire. Tu tires sur les poignées de commande pour donner le bon angle au vaisseau et suivre le chemin indiqué par l'écran de navigation. Tu pousses ensuite le levier de contrôle pour vous faire prendre de la vitesse et le vaisseau file vers le ciel.

Tu adresses une dernière pensée amère et pleine de rage à cette planète maudite, celle qui t'aura pris une partie de toi-même, et tu te fais le promesse que tu traqueras celui ou celle qui a assassiné ton père. Jusqu'aux confins de la galaxie, s'il le faut. Tu le poursuivras et tu lui feras subir tant de souffrance qu'il te suppliera de mettre un terme à sa vie. Tu en fais le serment. Et un Mandalorien n'oublie jamais.

 

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