« Mon ange ? » soupire le blondinet face à elle. Lexi relève ses yeux, éclats noisette qui plonge dans le regard de son maître, cet océan infini de corruption et de mal-être. Profond. Intact. Éternel. Elle lève la tête vers lui comme si il était  un souverain dans l'Univers, un Dieu dans cette atmosphère. Une entité immortelle, bien trop belle pour être réelle. Chaque coup d'oeil qu'il lui offre est un honneur, chaque mot qu'il lui adresse est un bonheur. Elle s'en délecte comme d'un nectar. « Eren ? » La gamine l'appelle par son prénom, et elle a conscience qu'elle a de la chance. Habituellement, il est appelé par son nom de Darth, et peu de gens savent quel est sa véritable appellation. « Tu vas bientôt devoir y aller. Ne t'en fais pas, je ne suis pas loin. » Il lui parle toujours ainsi, de façon très rassurante. Du moins quand ça l'arrange. Il a cette attitude si douce et effrayante,  une magnifique créature enfermée dans une cage, mais qui une fois libérée, fait un carnage. Le Prince passe doucement ses doigts sur la peau de porcelaine de la gosse. « Aller. » Il lui tourne le dos et la laisse rejoindre son patron temporaire. Sans qu'elle sache vraiment comment, Eren avait réussit à la faire engager pour travailler en tant que serveuse pour l'enterrement d'Han Solo. Un poste idéal pour se renseigner sur le plus important : la position de Luke Skywalker. Si Lexi réussit à saisir un brin d'information en filant à travers les invités, son mentor aurait clairement l'avantage sur la situation. Et c'est tout ce qui l'intéresse : être au dessus des autres. La rouquine se trouve nez à nez avec son nouveau patron, qui se montre tout aussi gentil avec elle : « Ah te voilà ! Ne reste pas plantée là, Poil de Carotte ! On a du boulot, je te rappelle que ça approche ! La commande pour la nourriture devrait être prête, pointe toi-là bas. » Elle hoche doucement la tête, la poupée. Elle préfère ne pas se faire remarquer. En d'autres circonstances, elle aurait ouvert son bec. Elle a la langue bien pendue et acérée, meurtrière. Mais ce n'est pas le moment de se déchaîner. Son maître lui avait confié une mission qu'elle comptait bien réaliser.

Elle ne rechigne pas, se contente d'un « oui, monsieur ». Elle se rend directement au fournisseur. Tout devait être prêt, il ne lui restait plus qu'à embarquer le tout et le ramener à son patron. Se cachant sous son éternel capuchon, pour sa sécurité, elle se fraye un chemin jusqu'à l'endroit indiqué par son chef. L'endroit est un peu perdu un peu plus loin des marchands, mais peu importe. Après tout, c'était mieux que de se mêler à la foule. La dernière fois qu'elle l'avait fait, elle était tombée sur son père, et elle ne tenait pas à réitérer l'expérience. Elle avait déjà fait trop de rencontres du passé. Elle se posait assez de questions comme ça. Elle devait simplement se contenter de ce qui était le plus important : Eren, sa mission. Le reste... Eh bien... Elle verrait, non ?

L'accueil est plutôt grisant. L’entrepôt est sur la place de Naboo, mais il est bien moins peuplé. Elle entre, et la voilà face à un droïde humanoïde plutôt bien réussit. « Euh. Bonjour ? Je viens récupérer une commande. C'est pour le palais. » Elle parle très lentement et en détachant les syllabes, comme si elle parlait à un enfant. Pas qu'elle n'a pas confiance... Enfin... Ça reste un droïde. Ce dernier marmonne quelque chose et s'en va la tête basse, certainement chercher quelqu'un de plus compétent. Lexi fronce les sourcils, croise les bras sur sa poitrine.Vraiment, elle n'avait pas le temps de lambiner. Si ce satané robot pouvait accélérer le pas, ça serait apprécié. « Ne vous pressez pas surtout, j'ai toute ma journée... » grommelle-t-elle à l'intention de l'humanoïde qui traîne visiblement la patte. On aurait dit qu'il portait tout le poids du monde sur ses épaules. Puis la silhouette du robot fut remplacée par celle d'un jeune homme. Lexi relève ses yeux vers lui, ses boucles rousses sautillant sur ses épaules. Ce visage lui dit quelque chose. Mais elle a tellement l'habitude de ce genre de sensation ces derniers temps qu'elle essaye de faire abstraction. Manifestement, ce n'est pas son cas à lui. Il la fixe l'air ébahi, comme s'il avait revu un fantôme du passé. « … Quoi ? » dit-elle. Elle en avait assez de se faire reconnaître sans savoir qui était en face d'elle. « Lex' ? » finit finalement par l'appeler son vis-à-vis. Oh, great. Encore une connaissance oublié. Elle tente de garder de la contenance, de détourner le regard : elle ne veut pas se confronter aux sentiments contraires qui l'habitent depuis quelques temps et qui la fond douter de l'homme qui lui a sauvé la vie. « Hm... Désolée, je ne vois pas... Vous devez vous tromper... » Non il ne se trompe pas, mais elle peut toujours essayer.