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L'amitié peut réserver des surprises - Nova

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Coruscant – An 40


Peu après avoir quitté Kuat, un agent m’a identifié et l’on m’a fait venir chez Nova, elle demandait à me voir. Cela ne me dérangeait pas, nous étions des amis malgré les chemins différents qui étaient les nôtres. Jamais encore je ne lui avais confié que j’étais un seigneur obscur mais elle s’en doutait peut-être. Cette pensée me donnait bonne conscience. Ainsi je ne mentais pas à une amie. Alors que nous nous étions croisés plus jeunes dans ces soirées mondaines chères à la noblesse d’Alsakan, j’ai toujours pensé qu’elle deviendrait quelqu’un d’assez important mais je n’aurais cru qu’elle prenne cette route tortueuse et qu’elle choisisse les Renseignements. Depuis que le vieil homme s’intéressait aux anciennes familles, je fus placé en protecteur de Nova dans leur Maison, à mes heures. J’allais et je venais assez librement. Maintenant la situation était différente. Nous nous voyions plus rarement ou lorsqu’une occasion se présentait, comme maintenant. La famille Fird avait toujours suscité le mystère et l’admiration, aussi, mon amitié avec Nova était quelque peu privilégiée. Avec ce qu’il se tramait dans l’Empire, mes nouveaux choix et ce que j’étais, étais-je véritablement encore un bon ami pour elle ? Le fait est que mon amitié était sincère même si au départ c’était mon Maître qui m’avait envoyé vers sa famille. Les Sith s’intéressaient parfois aux nobles mais pas sans raison. J’ignorais partiellement les raisons du vieux maître. Je me contentais de suivre sa voie et de satisfaire ses demandes alors que j’étais plus jeune. Maintenant les choses n’était plus pareilles, j’avais le choix et mon amitié avec Nova était un choix, un choix dangereux vu son métier.

Face à la jeune femme, je me retrouvais comme libéré d’une situation oppressante. L’amie me délivra bien malgré elle, bien malgré son métier. Après tout on m’avait fait venir, je n’aimais pas trop ça mais je faisais bonne mine à mauvais jeu. Et puis je ne pouvais décliner l’invitation d’une amie. Les choses étaient compliquées. Il ne s’agissait pas uniquement de duper un haut responsable mais de protéger également mon amie de la dure réalité. Oui, j’étais un Sith. Tout comme elle était une Jedi. A présent que nous avions grandi et la Force avec nous, son doute devait être de plus en plus grand. Je ne tentais même pas d’en savoir davantage, protégeant mon secret comme je le pouvais encore… Toutefois, j’aurais aimé pouvoir lui parler, un minimum. Je n’étais pas à l’aise pour cette raison tout particulièrement. J’aurais tellement aimé me confier à elle, comme des amis peuvent le faire. Mais tout me semblait tout à coup si compliqué et difficile. Comme à mon habitude, je souriais et faisais comme si tout allait bien. Toutefois, j’étais également fort content de la retrouver.

Eh bien, nous voilà à nouveau réunis ? Je suis content de te voir.

Après une étreinte amicale, je la pris dans mes bras quelques instants. Je ne le faisais qu’avec elle jusque-là. J’affichais un sourire franc et je la regardais dans le blanc des yeux. J’ignorais ce qu’elle me voulait exactement, peut-être juste me revoir ? Peut-être avait-elle quelque chose à me demander ? De toutes façons je ne dirais que ce que je voulais bien, j’avais toujours agi de la sorte mais elle n’était pas de ceux qui manipulaient la Force pour contraindre les autres à parler plus qu’ils ne l’auraient souhaité. Je ne la connaissais pas ainsi du moins. Au contact de Nova, j’éprouvais une joie indicible qu’il m’était difficile de comprendre. C’était peut-être la seule personne qui me provoquait ce ressenti. Notre amitié était faite pour durer visiblement et des années avaient passé, nous ne nous sommes jamais perdus de vue, nous retrouvant sans cesse. A croire que le hasard ou le destin s'en mêlaient.
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“CORUSCANT, QUARTIER MILITAIRE, AN 40” & Située dans les hauteurs les plus élevées des grattes-ciels de la Capitale, tu avais au moins le mérite d’avoir un bureau spacieux et surtout, une pièce immense pour accueillir ceux qui venaient te rendre une petite visite. Mais tu étais la responsable des Services de Renseignements et tu devais toujours faire en sorte que rien ne t’échappes. C’est ta fonction première. Tu revenais d’une réunion avec le Général Finn, l’Amiral Poe Dameron et le responsable du département du recrutement. Autant dire que plus le temps passe, plus les réunions deviennent de plus en plus longues. Heureusement qu’il nous arrive de rire tous les quatre de temps en temps, on ne s’en sortirait jamais. Tu marches dans les coursives de ton département où tu te fais interpeller pour la remise de rapport. Portant ta tenue de Générale, tu avais obligation de la porter. Chevelure blonde détachée, tu portes un intérêt à tous ceux qui t’interpellent. Même si tu as beaucoup de travail, tu sais te montrer accueillante et ouverte. Tu consultes ton agenda et tu sais que tu as rendez-vous plus tard à l’académie où tu vas devoir faire ton éternel discours de bienvenue et compagnie. Il faut dire que de nouveaux agents arrivent tous les ans, mais tous ne réussissent pas. On ne devient pas membre des Renseignements facilement. C’est une élite très fermée dont tu connais tous les rouages. Tu appartiens à cette famille depuis tellement d’années que ton entraînement Jedi en a pris un sacré coup. Bien que tu sois toujours chevalier Jedi officiellement, tu n’as plus rien d’un garant de la paix neutre. Depuis que le temple de Yavin IV a été détruit par les Chevaliers de Ren, tu n’as plus rien d’un Jedi. Bien sûr, tu as conservé de nombreuses capacités, mais il est fort probable que tu sois obligée de reprendre un entraînement un jour ou l’autre.

Mais tu te fiches bien de cet aspect. Tu as tenu à tracer ta voie de bantha après des années enfermée dans un bâtiment à apprendre l’usage de la Force. Bien sûr, si ces derniers t’appelle à l’aide, tu leur apporteras assistance, mais cela s’arrêtera là. Tu as mis fin toi-même à cette vie de roublard. Et tu t’y tiens. Tu aimes travailler dans les Renseignements et tu es comme accro à ça. Les Renseignements, c’est ton bâton de la Mort et tu en as pleinement conscience. Tu ne fais rien pour changer quoi que ce soit et ton grade représente ta fierté qui est probablement mal placée. Si on devait imager ta fierté, elle ressemblerait à une étrange mitre religieuse que l’on retrouve dans de nombreuses religions ou églises diverses connues dans toute la Galaxie. Attention, tu n’as rien contre la religion, mais tu ne crois rien de tout ça. Tu salues les observateurs qui sont présents à leur place d’un signe de la tête. Ils sont chargés de veiller sur les agents à distance afin qu’ils ne leur arrivent rien. La plupart du temps, ce sont des agents qui ne peuvent plus aller sur le terrain et qui ont émis la volonté de rester dans la profession. Ils sont donc bien plus expérimentés que les jeunes agents qui sont sur le terrain, cela facilite les actions sur place et les observateurs observent vu leur rang. Pour le moment, ton service fonctionne plutôt bien de cette façon.

Après avoir traversé l’immense salle où ils sont regroupés, tu prends la route pour ton bureau qui se trouve non loin de là. De cette façon, s’il y a un pépin, tu peux rapidement savoir ce qui se passe. Après, tu restes disponible en cas d’urgence, même durant tes réunions avec les autres haut-gradés de la Milice. La porte s’ouvre et se referme derrière toi. Tu as un autre bureau qui se trouve loin de tout ça, mais tes subordonnées savent pertinemment que tu te trouves la plupart du temps ici, auprès de ton personnel. Tu prends soin de tout le monde et tu ne cherches pas la guerre et tu ne demandes seulement que ton service fonctionne normal et même à plein régime. Il y a des choses que tu n’as pas le droit de laisser échapper de ton service. Mais tu as confiance en tes capacités. Tu traînes là-dedans depuis des années, toute ta carrière même. Alors que tu t’assieds sur ton fauteuil, tu ouvres ton écran et tu vois une notification. Tu l’ouvres et tu montres un sourire en le lisant.

« —  Eh bien, il semblerait que Rantanplan a encore eu le béguin pour un wookie et qu’il l’a envoyé dans l’étoile de la Mort en speeder. Décidément, il a le pif ! »

Tu parlais bien sûr de l’agent qui avait repéré une personne qui tu connais ou que tu penses connaître. Tu ouvres un autre fichier que tu relies et qui concerne justement la personne dont il a retrouvé la trace. Et il l’a retrouvé sur Kuat. Voilà qui est intéressant. Mais tu avais donné des consignes strictes et même si ce n’était pas toi, les autres officiers des Renseignements avaient un certain protocole à suivre et tu leur fais confiance. La plupart ont fait leur arme avec toi et ils n’avaient pas rechigné que tu leur donnes des ordres alors que l’ancien Général était mort. Il fallait bien que le service continue de tourner. Pourtant, tu avais donné la consigne de l’amener dans un bâtiment vide qui servait à bien des choses. Il faut toujours avoir des points d’accrochage lorsqu’on est agent. Tu le savais. Alors que tu avais reçu la confirmation de sa capture, tu n’avais plus qu’à te rendre au lieu que tu avais donné à tes hommes. Tu ne prends personne avec toi et tu penses surtout à troquer ta tenue de Générale pour quelque chose de plus civile. Tu as le droit de te déplacer dans les vêtements que tu veux. Tu ne rentres jamais chez toi avec ta tenue de Générale. Tu quittes alors ton service et le bâtiment où se cachent les Renseignements.

Tu prends ton véhicule avec chauffeur afin de te rendre sur place. Pas question de l’inviter chez toi. Pas maintenant, tu devais encore le questionner. Cela ne t’empêche pas de te plonger dans tes souvenirs. Tu l’avais connu plus jeune alors qu’il fut intronisé comme étant ton garde du corps durant un certain temps. Un mois ? Une semaine ? Une année ? Tu ne te souviens même plus tout comme tu ne te souviens plus de la dernière fois que tu l’as vu. Pourtant, il est un de tes informateurs les plus fidèles et les plus loyaux. En ton sens. Et c’est pour toutes ses raisons que tu tiens à lui poser toi-même la question que tu veux lui poser depuis si longtemps, mais que tu as dû taire depuis que ce doute s’est installé en toi. Cela fait des années que ce doute est encré et pourtant, tu n’avais pas encore eu le courage de lui dire. Jusqu’à aujourd’hui du moins. Tu avais peut-être peur que ce lien qui vous est si cher s’effrite si tu venais à l’apprendre. Ou lui avait peur. Tu te laisses entraîner dans les souvenirs alors que ton véhicule progresse. Tu ignores dans combien de temps tu seras sur place, mais tu avais une certaine impatience qui grandissait au fur et à mesure que tu t’approchais. Tu avais retrouvé sa trace, bien que tu ne l’aies jamais réellement perdue. Tu savais très bien comment le contacter et ce, depuis un long moment.

Tu arrives sur place et tu signales à ton chauffeur de rentrer directement et que tu l’appelleras si besoin. Il y a certains avantages à être à ton poste. Mais tu ne l’as pas démérité ce poste. Tu continues de faire ce que tu aimes faire et ce que tu veux faire. Tu as consacré ta vie aux Renseignements et tes parents avant toi en étaient membres eux aussi. Mais ils ne sont plus là pour voir où tu en es. Enfin, si. Ils le voient, mais tu aurais préféré qu’ils soient encore vivants. Mais il est trop tard pour regretter, vraiment. Tu observes le véhicule s’éloigner et tu rejoins les lieux. Tu croises tes agents et tu les libères de leur obligation. Désormais, il n’y aura que toi et ton ami sans personne pour t’observer. Tu entres alors et tu refermes derrière toi.

« — Bonjour Ely’ ! »

Cette voix, il pourrait la reconnaître entre mille et il semble t’attendre. Tu vois son sourire et tu ne peux pas t’empêcher de lui sourire, comme avant. Pourtant, les choses ont bien changé et des deux côtés. Tu avais décidé de marcher dans les pas de tes parents alors qu’il avait choisi la vie de mercenaire, voir même de Sith. Pourtant, prés de lui, tu as tout de même ce doute qui te marque, qui te conforte dans ta volonté de lui demander, cette question qui te brûle les lèvres depuis des mois voir même quelques années. Au fond de toi, tu ne savais pas comment tu allais réagir s’il te dit que c’est vrai ou si cela est faux. Puis, il te prend dans ses bras dans une étreinte qui te fait du bien, te calmer et te rassure un peu. Au moins, il est présent et bel et bien vivant. Tu n’es jamais sûre de rien et tu as pour habitude de prendre soin de tes informateurs dont il fait partie. Tu finis par placer tes bras autour de son cou sans l’étrangler. Tu es quand même heureuse de le voir.

« — Moi aussi, je suis contente de enfin te revoir. Merci d’être venu, vraiment ! »

Ce n’est pas tous les jours qu’ils peuvent ainsi se revoir. C’est vraiment rare et ce, depuis que tu avais accepté ce poste au sein des Renseignements. Le fait de le voir te rassure. Tu vas pouvoir lui poser la question alors que tu n’avais jamais eu le temps de lui poser. Tu finis par te détacher de lui avant de l’inviter à s’asseoir. Il s’agit d’une des planques dont les tiens usent lorsque cela est nécessaire. Et cela fonctionne aussi pour les informateurs. Tu le regardes dans les yeux et tu gardes ton sourire.

« — Je suis désolée de cette soudaine convocation. J’avais besoin de te poser une question qui me paraît importante et qui ne se pose pas par holo interposé. Si tu acceptes d’y répondre ! »

Tu ne peux pas l’obliger à y répondre s’il ne le souhaite pas. Mais pour toi, c’est important de le savoir bien que tu ne saches pas encore comment tu vas réagir. Tu appréhendes donc sa réponse et ce n’est pas parce que tu es générale que tu échappes à tes propres sentiments ou ressentis. Même si tu as appris à faire la part des choses, tu ne peux pas les ignorer. Jamais. Et puis, tu lui devais quelques crédits pour les dernières informations qu’il t’a donné. Tu te mets à chercher quelque chose dans ta poche et tu le tends à ton ami. Tu tiens toujours tes engagements. Les bons comptes font les bons amis alors tu te débrouilles toujours pour faire ce qui doit être fait en conséquence. Tu le regardes en confirmant ce qu’il peut voir.

« — Et accessoirement, je te dois aussi quelques crédits ! »

Autant joindre l’utile à l’agréable. Il y trouvera la somme qu’ils avaient décidée lors de leur dernier contact par holo. Tu ne cherches pas à le tromper et tu as toujours payé ça à sa juste valeur. Tous les informateurs le savent.

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A l’entente de ses paroles, je blêmis. Je ne comprenais que trop bien sa question non encore formulée. Nous nous regardions sans paroles. Tacitement je lui confirmais mais plus encore j’allais lui répondre. Je n’allais pas fuir éternellement. Le temps n’était plus aux subterfuges ni aux artifices. On était là tous les deux à devoir nous confronter à une vérité dont peut-être notre amitié ne se relèverait pas. Je n’étais pas prêt à préférer la vérité au mensonge à ce prix là mais qu’importait désormais puisqu’elle le désirait ? Elle avait choisi. Je ne pouvais pas reculer aujourd’hui face à son choix. Dans ma voie, seul le choix était sacré et le sien était sans aucun doute celui-ci. La vérité. Je regardais ailleurs quelques instants, le hublot me permit de voir quelques étoiles, quelques points lumineux, des planètes même au lointain. Je gardais encore le silence et puis je lui dis ce qu’elle redoutait depuis si longtemps. Je devais bien la vérité à une amie de longue date. Ca valait bien plus que tous les crédits. Je repoussais les crédits du revers de la main parce que je n’en voulais pas. Mon geste était doux et respectueux. Dans les hautes sphères elle ne serait pas bien vue si ça venait à se savoir, cette amitié était dangereuse et pouvait même la faire dégringoler dans les échelons. Je préférais néanmoins aussi m’alléger de ce poids qui me pesait. Egoïstement. Je pris les devants et lui fis un signe de tête affirmatif, avec mon air le plus grave.

Ce que je suis importe peu, on ne choisit pas toujours. Ceux qui basculent d’un côté ou de l’autre choisissent, ceux qui suivent la même voie depuis toujours sont ce qu’ils devaient être. Tout simplement. Peut-être que pour moi, orphelin, c’était mon salut.

Je déposais mon sabre sur la table devant moi à côté de la somme que j’avais refusée il y a peu. Ce n’était pas une reddition mais une invitation à la paix. La paix était possible, oui. Il nous suffisait de faire abstraction de nos différences. Le fait de connaître et manipuler la Force nous permettait sans doute de nous sonder l’un l’autre et de mieux nous connaître. J’ignorais si cette différence nous rendait plutôt opposés ou complémentaires. Le temps le dirait sans doute. Le temps fournit souvent des réponses qui nous échappent dans l’immédiat. Cette épreuve, pour peu qu’elle ne détruise pas notre lien, le renforcerait certainement.

J’ai fabriqué ce sabre, je ne l’ai pas arraché de force à un Jedi comme le veut la tradition. Non. Je m’estime tout autant capable de créer que tout autre et je me suis affranchi et émancipé par là-même de ce précepte ancien, préférant la paix et mon choix.

La légende voulait que ce cristal devienne rouge comme nous quand nous saignons.

La jeune femme que j’avais connue jadis dans ces soirées mondaines avait beaucoup changé. Peut-être que derrière le regard dur de la milicienne subsistait quelque part, toute la délicatesse de nos jeunes années, nous avions encore des illusions de jeunesse et des rêves. Aujourd’hui tous les deux composions avec les affres de la réalité ambiante présente dans la galaxie. Ce n’était pas comme à l’apogée de nos premières découvertes de la Force. Aujourd’hui si l’on regardait bien, était un jour triste et heureux à la fois. Triste car elle découvrait la vérité, heureux pour la même raison et plus encore parce que je me révélais à elle sous un jour nouveau, comme ce que j’étais vraiment. C’était repartir sur des meilleurs bases et nous lier plus encore par le secret qui serait le nôtre. C’est ce secret qui serait le garant de nos faiblesses et de notre Force et lui permettrait de continuer cette carrière qu’elle chérissait tant. Je ne l’en blâmais pas. Elle était très dévouée à son métier et probablement à sa cause. Je trouvais cela admirable, je venais tout juste de trouver mes marques en la matière après de longues et interminables années d’apprentissage et de neutralité. Quelque chose de nouveau se dessinait entre nous, des nouvelles frontières qu’il nous appartenait désormais de définir à notre guise. Peut-être étais ce trop tôt ? Peut-être devait-elle déjà digérer l’information et aviser quoi faire me concernant. Me dénoncer aurait été inutile, des Sith il y en avait peu encore et esseulés nous n’étions plus un danger pour la République à moins de vouloir nous traquer. D’autre part, je doutais qu’elle me dénonce. Sans doute mettrait-elle un temps certain pour accepter notre différence par contre et je redoutais cela plus que toute autre chose.

J’aurais voulu partir quelques temps, une retraite bien méritée loin de toutes ces anciennes histoires autour de la Force mais cela ne se pouvait, je venais tout juste de choisir l’unité avec Aysun. L’Empire et ses vestiges unis au Premier Ordre et à ce qu’il en restait. Prochainement, j’allais agir pour soutenir la jeune femme et accomplir de nouvelles choses à ses côtés. J’avais trouvé ma nouvelle voie dans ce monde où les nôtres n’avaient plus véritablement leur place. Mais dans l’ombre nous ferions ce que nous avions toujours fait. Et cela, était prévisible. Les Jedi n’étaient pas dupes. Nova n’était pas stupide. Mais je me bornais à croire que notre amitié avait ses chances, que notre lien pouvait perdurer et défier les lois les plus élémentaires de toute logique parce que l’on ne choisit pas toujours tout. Parfois c’est la vie qui décide pour nous, parfois ce sont des affinités naturelles inexplicables de prime abord qui tranchent. Elle ferait certainement son prochain choix mais l’assumerait-elle ?

Je me détournais de la vitre qui donnait sur la galaxie et son lointain et revins plus près de mon amie, je me plaçais même derrière elle et son siège pour poser une main amicale sur une de ses épaules comme pour atténuer ma révélation, comme pour lui donner la force et le courage nécessaires pour affronter cette épreuve. Elle en avait besoin. Nous en avions tous les deux besoin. Nous devions conclure à une paix selon moi, renoncer progressivement à nous craindre. Je n’étais pas en reste moi non plus au vu de sa position officielle. De plus j’étais un solitaire et elle avait dans ses fréquentations nombre de personnalités reconnues dans la Galaxie. Somme toute, j’étais un illustre inconnu mais cela m’allait bien, me convenait. C’était mon sauf conduit. Je n’ignorais pas non plus que dans un avenir proche et certainement aux côtés d’Aysun il se pouvait que certains changements se fassent, que je ne sois plus couvert par cette étiquette.

Et maintenant on fait quoi ?

Me contentais je de demander. Je n’avais guère envie qu’elle me mette aux arrêts mais je pensais peut-être à raison qu’elle venait comme amie et non comme générale. Elle ne pouvait dissocier les deux, cela n’était pas possible. Je le savais mais je gardais un dernier espoir. Les amis véritables étaient peu nombreux et je n’étais pas prêt à perdre notre amitié. On avait tous nos failles et celle là était la mienne à cet instant. La Force était mon salut mais je me refusais tout recours à elle alors que nous étions liés et confrontés à elle à la fois. Quelque chose avait changé et pourtant mon regard sur Nova était le même, le même que sur Alsakan. Je désirais une proximité différente mais je craignais également la Jedi, tout était compliqué et simple à la fois. La générale ne m’inspirait pas de craintes particulières, je me tenais à l’écart des officiels généralement et quand bien même, ils n’étaient pas tous familiers de la Force ni de ses usages mais Nova, elle, l’était. Que faire ? Quelle serait sa décision ? Je n’avais pas la réponse à ces questions et il n’était pas sûr du tout que je désirais connaître ces réponses. J'écartais de moi toute intuition et toutes visions. J'avais décidé de m'en tenir à ce qu'elle me dirait. La voix de l'amie était à présent fort attendue...
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“CORUSCANT, QUARTIER MILITAIRE, AN 40” & Tu étais assise devant lui et tu devais lui poser. Tu connaissais déjà la réponse et ton avis est clairement mitigé. Tu ne sais pas si tu dois mettre en avant ton amitié à son égard ou ton statut de Générale. Tu l’as vu blêmir, preuve qu’il s’attendait à ce que tu lui poses cette question. Tu restes silencieuse et tu l’écoutes. C’est ce dont il avait besoin. C’est ce que tu supposes en tout cas. Dès l’instant où tu lui avoues la raison de sa présence, tu ressens une libération. C’est une question que tu n’auras pas à lui poser, car il semble ouvrir les vannes par lui-même. Tu as toujours ton sabre sur toi bien que tu le dissimules pour des raisons de sécurité. Tu n’as rien d’une grande combattante et cela fait longtemps que tu n’as plus croisée le fer, véritablement. En même temps, tu n’as pas l’occasion de faire face à des ennemis lorsque tu es en espionnage. Tu te fais même le plus discret possible. La plupart du temps du moins. Tu ne lui mens pas et tu ne lui as jamais menti. Ce n’est pas aujourd’hui que tu le feras. Tu savais que de toute façon l’amitié que tu as pour lui allait forcément en prendre un coup, c’est inévitable. Tu le vois repousser les crédits que tu lui devais. C’est comme ça que cela marche. Il t’a livré des informations alors tu paies ton informateur, c’est normal. Cependant, tu ne t’offusques pas. Tu le connais et tu sais pourquoi il refuse poliment ce que tu lui donnes. Face à ce refus, tu ne fais rien et tu restes silencieuse. L’atmosphère devient soudainement électrique.

Tu restes assise et tu l’observes. Tu n’avais pas encore posé cette question, mais il n’avait pas besoin que tu l’as posé et cela t’évite de le faire. Cet échange de regard avait fait ce qui devait être fait. Pas de torture, pas de menace, rien. Tu ne veux pas en venir là. Non, tu n’es pas un tyran. Tu as bien vu son signe et tu te contentes de l’écouter, silencieuse comme cette vieille amie que tu es pour lui et qu’il est pour toi. Tu ne peux pas lui en vouloir. Puis, tu le vois prendre son sabre en main et le déposer sur la table. Tu arques un sourcil alors que tu observes le dit sabre. Tu ne le lâches pas du regard avant de l’entendre à nouveau. Tu redresses les yeux vers lui et tu restes silencieuse. Tu sentais qu’il avait besoin d’écoute alors tu lui apportes tes oreilles et ton attention. Tu ne veux pas être violente, tu ne l’es pas vraiment. Tu ne l’as jamais été pour être honnête. Tu dois l’être afin de faire ce qui semble être ton métier, mais tu ne le fais jamais par plaisir. Tu restes neutre, tu te redresses et tu cales une mèche derrière ton oreille. Tu es un peu gênée d’avoir mis cette ambiance, mais c’est quelque chose que ton amitié doit subir. Qui sait ? Peut-être qu’elle va se renforcer. Les années nous ont changées. Tu as changé, mais lui aussi. Tu le sais, tu le sens au fond de toi. Tu n’es plus vraiment cette jeune femme qu’il a connue à travers les soirées mondaines et les heures à discuter alors qu’il veillait sur toi.

Nous étions jeunes et nous étions probablement inconscients du monde qui nous entourait. Pourtant, tu étais déjà au temple de Yavin IV. Tu avais fait toi-même le choix de rejoindre le Nouvel Ordre Jedi afin d’y recevoir une formation. Tu savais ce que tu voulais et on ne peut pas ignorer que tu étais ambitieuse. Quelque part, tu l’es toujours. Tu es certes Générale, mais tu veux encore évoluer dans un univers qui est le tien, que tu t’es accaparée avec le temps et les années, avec les missions et les évolutions de la Galaxie. Tu n’étais plus aussi blanche qu’à l’époque. Le sang a coulé, tu as fait couler le sang et tu n’es plus si neutre que ça. Tu le sais. Mais pour toi, les Jedi ont disparu depuis la destruction du temple de Yavin IV par les Chevaliers de Ren. Sans oublier la mort de ton défunt mari… Le silence de ce dernier rend l’atmosphère encore plus lourde qu’avant. Bien que tu aies un doute, tu avais désormais la confirmation. Mais tu te sens quand même blessée… Pourquoi ? Parce que tu aurais préféré qu’il te l’avoue de lui-même et non pas que tu le pousses. Cette terrible vérité qui fait si mal à comprendre mais si bien à entendre. Une sorte de poids quitte alors tes épaules. Tu devais le confronter, tu devais savoir s’il te l’avait caché délibérément ou non. Face à cette vérité, tu devais désormais prendre une décision et l’accepter, en accepter les conséquences. Apprendre que la personne la plus proche était un Sith te fait tomber de ton piédestal, durement. Tu ravales ta salive, preuve de ton inconfort en cet instant. Mais il t’a enfin avoué ce qu’il cachait au fond de lui. Tes doutes étaient donc justifiés. Tu fermes les yeux et tu lâches un soupir, ne sachant pas encore comment réagir. Tu restes silencieuse et tu joins tes deux mains, plaçant tes coudes sur tes genoux. Tu es à la fois soulagée qu’il te le dise, mais aussi tiraillée par ton devoir ou ton amitié qui n’est pas à prendre à la légère.

Puis tu sens qu’une main vient se poser sur ton épaule. Aucun danger, rien. Tu ouvres alors les yeux et tu réfléchis encore. Cette révélation attire plus de questions que de réponses et il est clair qu’il va avoir le droit à un interrogatoire en bonne et due forme venant de tes lèvres. Mais aucune arrestation, aucune envie de le mettre aux arrêts. Non. Il y a d’autres méthodes. Bien que tu sois disciplinée, ton devoir te souffle de l’arrêter, mais il ne représente pas un danger pour la République, ni pour toi d’ailleurs. Tu poses les yeux sur le sabre de son ami et tu soupires. Tu ne veux pas te battre contre lui sous prétexte qu’il est un Sith. Pourquoi faut-il que tes proches soient potentiellement des traîtres ? Tu ne peux t’empêcher de te questionner sur les tenants et aboutissants de cette situation qui est loin d’être simple à gérer. Surtout pour toi.

« — Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? »

Cette question te rend fébrile et tes lèvres tremblent. Tu ne sais vraiment pas où tu te situes, mais tu dois avoir des réponses. Tu as besoin de les entendre. Tu lèves la tête vers lui et tu le regardes droit dans les yeux. Que signifie ton amitié pour lui ? Réellement ? Tu es curieuse de le savoir et cette question est légitime, vraiment. Tu es assise en plein doute sur ce que tu dois faire, sur la conduite à avoir. Pourtant, il est seul et il ne cherche pas à te mentir. Tu te montres faible devant ton ami qui est pourtant un ennemi pour de nombreuses personnes. Pourtant, tu pourrais lui confier ta vie comme autrefois sans hésitation. Et il aurait pu attenter à ta vie. Tu finis par attraper ton sabre et tu le poses sur la table juste à côté du sien. Un même pied d’égalité. Pas de raison. Il s’est mis à nu devant toi alors tu en fais de même. Tu es fragile, mais tu as besoin de remettre de l’ordre dans l’idée. Tout est simple, mais d’autant plus compliquée. Désormais que tu avais décidé d’être sur un même pied d’égalité, tu savais que cette discussion allait devenir obligatoire.

« — Pourquoi avoir attendu que je te pose la question, Ely ? »

Tu reposes la même question, mais cette fois, tu avais un ton plus dur, plus tranchant. Tu n’aimes pas être fragilisée de la sorte, mais tout semble s’effriter comme un château de cartes. Tu avais un peu honte de le découvrir que maintenant, mais c’était un peu de ta faute. Tu aurais dû lui en parler avant, mais maintenant qu’il fait partie de tes proches, tu ne peux pas faire marche arrière et tu vas devoir assumer si ce lien est découvert. Pour le moment, c’est tranquille mais cela ne le sera pas éternellement. Peut-être, vas-tu devoir démissionner de ton poste de Générale ? Peut-être, vas-tu devoir être mise aux arrêts pour trahison ? Tout ça te passe par la tête et tu lâches un frisson qui te parcourt de la tête aux pieds. La machine est lancée et tu ne peux plus faire machine arrière. Malheureusement, cela devient incertain et c’est ce qui va suivre qui va te donner raison ou tort…

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Cette situation ressemble à celle où l’un défait l’autre, Nova est devenue cette guerrière dont l’armure s’est effritée au fil du temps, qui dissimule sa fragilité. Mais finalement cette dernière l’emporte et désarçonne la concurrente. Nous sommes dans une course à la loyauté, mais celle-ci est truquée par autant de paramètres plus anciens ou plus nouveaux qui sans cesse s’ajoutent dans les airs ou sur le macadam encore chaud. Quelque chose m’avait poussé à garder l’information mienne aussi longtemps sans jamais la partager avec l’amie. Et puis informateur ? Oui, pour des petites choses, oui encore pour lui avoir dévoilé le nom de l’assassin de son mari. C’était une question légitime qu’elle se posait à mes yeux. La vengeance qu’elle désire sans doute est elle aussi bien légitime. Mais jamais je n’avais été l’informateur qu’elle croyait parce que je ne livrais que de petites infos sans importance pour moi, c’étaient des crédits facilement gagnés. Je ne devais rien faire. Je me fichais bien de nuire à des êtres qui ne me devaient rien et à qui je ne devais rien. Bien sûr, un jour je risquais de me retrouver face à face avec l’un ou l’autre, comme ce Chevalier de Ren…

Mais plus que tout, je voulais la protéger d’elle-même et de la vérité. Ce n’était pas uniquement de l’égoïsme, non. Cela je me devais de lui dire, de lui expliquer un minimum les choses. Certes elle a l’avantage de sa position et de son grade mais j’avais celle de la manipulation. Le problème c’est que ce n’en était pas. A défaut d’être novice en la matière je n’avais jamais cherché à lui nuire d’aucune façon et d’autant plus que je connaissais ou supposais certaines de ses faiblesses derrière son masque de pierre. Je ne sais que trop bien qu’alors qu’elle devient plus dure, plus tranchante, sa faiblesse parle pour elle. Je n’en profiterai pas ou alors à bon escient, pour bien faire, pour sauver ce qui peut l’être de notre amitié. Elle a l’air forte, elle sauve les apparences, j’espère que ce n’est pas une dernière fois face à moi, face à l’ami. Le Sith est bien plus puissant que ce qu’elle imagine sans doute mais la question n’est pas là. Je ne répondis pas de suite à sa question, mon orgueil était intact et puis, j’avais encore quelque chose à lui dire.

Sais-tu ? Je n’ai pas contraint le cristal de mon sabre à se plier à ma volonté comme le veut la tradition Sith. Non. Je me suis toujours demandé comment se sentaient les Jedi et comme j’ai préféré fabriquer et non arracher, j’ai poussé mon hérésie jusqu’au bout et je n’ai pas cherché à soumettre la pierre non plus. Sa lame n’est donc pas rouge mais violette. Son énergie est libre bien que j’en sois imprégné. Sans doute mon âme l’est elle aussi d’une quelconque façon un peu ? Cette partie de nous qui se révèle ainsi dans les batailles et les duels. Pour te répondre, je n’ai pas cherché volontairement à te duper. La tromperie était peut-être volontaire en voulant croire que notre amitié était possible et en cela seulement.

Je ne savais très bien quoi dire de plus pour ma défense. Le fait est que j’étais face à la seule personne qui reflétait elle aussi tel un miroir, certaines de mes faiblesses. Ces failles que seul un ami peut voir, peut découvrir malgré nous. Nous étions pareils si ce n’est que j’avais l’avantage d’un autre enseignement et celui du secret bien gardé jusque-là.

L’Ordre Sith n’est plus. Dès lors je ne suis pas un danger pour toi personnellement mais je doute que notre amitié soit de bon aloi dans ton entourage si cela venait à se savoir. Tu sais aussi combien je suis solitaire, je ne risque pas de te tomber dessus avec des compagnons d’armes. D’ailleurs en combat singulier, je l’emporterais peut-être. Mes pouvoirs ont grandi, je ne parle pas du seul sabre. Sois sure que je préfère te protéger que t’affronter. Quoi que tu en penses tu es une Jedi, tu sens la Force et dès lors nous pouvons nous connaître sur le bout des doigts bien malgré nous. Est-ce un mal ? Est-ce un bien ? Je ne saurais le dire. Est-ce un danger pour nous ? Sans doute…

La vérité était que nulle ne pouvait accomplir la prouesse de la connaître mieux que moi et inversement. Nous étions fragiles l’un face à l’autre et cela aussi faisait partie d’une amitié unique en son genre comme celle-ci où les deux manipules la Force, ou les deux la connaissent et voient venir les événements avec le recul avant qu’ils ne se produisent. Prévoir ? Encore et toujours. Les deux le faisaient, Siths et Jedis. Où était encore la différence dans cette pratique vieille de plusieurs siècles sans doute, sinon plus ? Nous étions pareils ou du moins similaires sur certains aspects. La différence était dans la liberté qui leur échappait. En effet, je ne voulais pas contrarier Nova mais leur sens de la liberté me dérangeait profondément. Leur Conseil était à mes yeux de la tyrannie à l’état pur. C’était également indigne d’une République indépendante. Mais laissons cela. Pour l’heure il me fallait atténuer les blessures du passé qui sans doute pouvaient ressurgir chez Nova. Non, je n’étais pas un Chevalier de Ren, une vie de loyauté militaire, très peu pour moi. J’étais libre, j’avais embrassé le grand vent des Sith depuis toujours ou presque. Je n’étais pas non plus un de ceux qui avaient sombré dans les vices. Non, j’avais eu le privilège que le vieux Maître m’élève comme son fils et me reconnaisse comme tel avant de disparaître. Je n’avais pas été seulement un apprenti pour ce dernier. D’ailleurs il était le dernier de sa lignée, semblable au glorieux Palpatine, mais différent avec d’autres ambitions et des aspirations plus profondes. Le Sénat, le pouvoir, il considérait que c’était là l’apanage du futile. Sans doute avait il raison même si j’emprunte moi-même cette voie en m’alliant à Aysun. Mais il est un temps où nous devons sortir de l’ombre pour accomplir des choses, pour rendre meilleure cette République, nôtre depuis le commencement. Peut-être le sera-t-elle à nouveau ? Nous devons œuvrer en ce sens pour nous en convaincre, tel est notre nouveau but, le mien en tout cas. L’histoire se répète parfois, souvent.

Je retirais ma cape et la posais dans un coin, de même que mes gants de cuir sombre. J’avais envie de me débarrasser de ces accessoires qui me protégeaient de la poussière et qui donnaient une aura de Chevalier. Je voulais écarter ces choses de ma personne pour l’instant, respirer un air renouvelé par l’amitié elle-même. J’étais vêtu de blanc et de grenat, couleurs associées au lin, matière légère d’été.

Te souviens tu quand nous dansions dans les soirées mondaines ? C’était un autre temps aujourd’hui révolu sans doute pour nous du moins.

Dis-je à regret. Oui, j’avais quelques regrets la concernant, concernant le passé. J’aurais voulu avoir la force nécessaire pour lui confier qu’elle était l’unique qui me faisait ressentir des choses et une chaleur. En sa présence je me sentais comme réparé à son seul contact. Mais j’avais toujours tu ces choses. Je craignais que ce ne soit mal pris ou pris pour ce que je ne pensais pas être à ce moment-là. Mais pour sûr, Nova était unique à mes yeux et dans mon existence. Elle m’apportait toute cette paix et ce réconfort dont ont besoin tous les guerriers en ce bas monde. Je ne regrettais pas uniquement notre jeunesse mais surtout les belles années où nous avions tissé notre lien d’amitié. A cette époque Nova m’avait malgré elle rendu une partie de mon enfance volée par la vie. Orphelin, j’ignorais ce que c’était d’avoir une famille. Le vieux Maître était la seule que j’avais jamais connue, des pirates avant lui. Nova avait été pour moi un peu comme une sœur, l’amie dont chacun rêve un jour et qui illumine d’étoiles la nuit sombre. Les ténèbres n’étaient pas miennes en ce temps-là et j’avais mes craintes. Il faisait bon parfois de se ressourcer près d’une amie dont la présence m’apaisait et me rendait plus fort pour un temps indéfini. C’était aussi ce lien entre nous qui m’avait permis de grandir et d’être, de me façonner, plus encore au jour le jour. Elle avait été de ces choses rares et belles, occasionnelles aussi mais régulières jusqu’à un jour quand nous avions grandi, quand nos routes s’étaient séparées. Alors oui, la couverture d’informateur m’était utile, en cela je la trompais sans doute volontairement. Cet habit de fortune me permettait de la revoir, tant bien que mal, de profiter de sa présence comme dans les temps plus reculés où c’était si naturel de se voir et où nous n'avions pas besoin de joindre l’utile à l’agréable. Comme tout avait changé ! Et en mal.
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“CORUSCANT, QUARTIER MILITAIRE, AN 40” & Très peu de personnes connaissent cette fragilité. Tu sais que tu peux lui montrer, mais tu n’arrives pas à te décider. Tu es réellement tiraillée entre ton devoir de Jedi, ton devoir de Générale et ton amitié, profonde, envers lui. Tu avais cette impression de mourir au fond de toi et même si tu avais découvert la vérité, l’entendre de sa bouche n’a pas vraiment le même effet. Lorsque tu l’as su, tu éprouvais de la déception. Maintenant que tu es face à lui, tu ressens plus de la colère envers toi-même. Le fait de n’avoir rien vu ou plutôt, de n’avoir rien dit jusqu’à aujourd’hui. Depuis un moment, tu avais ce doute qui se montrait plutôt insistant que tu as préféré mettre de côté. Mais cette colère est passagère, vraiment. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. Tu lui avais posé une question et tu attendais une réponse claire, sans équivoque. Bien que tu sois venue en amie, tu ne sais pas si tu repartiras avec ce même statut. Tu avais déposé ton sabre afin de ne pas provoquer de guerre avec lui. Ton sabre n’est là que pour te défendre ou défendre les tiens. Un Jedi ne lève jamais son sabre pour tuer et encore moins face à un désarmé. Certes, tu t’es éloigné des Jedi, mais tu en gardes des traces. Tu t’es tu pour lui permettre de répondre. Alors, tu l’écoutes. Il a ressenti peut-être ce besoin alors même si tu ne sais pas encore quelle décision prendre, il est encore ton ami et tu lui dois une oreille attentive.

Il se met à te parler de son sabre et tu tournes la tête vers le sabre de son ami. Il est vrai qu’elle ne ressent aucun trouble en posant les yeux dessus. Tu te tâtes à le prendre en main pour vraiment vérifier ce qu’il dit. Mais est-ce que cela veut dire que tu as perdu toute confiance en lui ? Non, tu ne dois pas. Puis, tu tournes le regard vers ton propre sable et cela te rappelle la façon dont tu l’as fabriqué, la façon dont le cristal t’a appelé. Cela t’avait perturbée durant quelques semaines jusqu’au jour où tu as compris et que tu t’es rendu sur place. Bien sûr, tu ne t’attendais pas du tout à ça, mais ton maître te disait toujours qu’un appel dans la Force n’est jamais dû au hasard et qu’il fallait se laisser guider par la force afin d’en trouver l’origine. C’est ce que tu as fait pour ton cristal. Ton maître disait aussi que le sabre est une extension de ton bras. Tu es passée par toutes les étapes pour pouvoir forger ton propre sabre qui est encore à tes côtés aujourd’hui. Puis, il répond à ta question. Il n’a pas cherché à te tromper. Tu fermes les yeux un instant et tu ne détectes aucun mensonge. Il ne te ment pas. Mais pourquoi cherches-tu à savoir s’il te ment ? As-tu perdu confiance en lui ? Tu te secoues la tête, tu devais te reprendre. Tu devrais te décider et le plus rapidement possible.

Il avait raison sur l’Ordre Sith, mais il en était de même avec l’Ordre Jedi. Les deux n’étaient plus que les ombres d’eux-mêmes afin d’en trouver un équilibre. Un équilibre qui est encore fragile de ton point de vue. Il avait raison. Certes, lui comme toi, êtes capable de ressentir la Force, de travailler de concert avec elle, mais cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas être trompés. La preuve étant que tu l’as été et tu as du mal à l’accepter. Surtout venant d’un proche. Pourtant, tu vas devoir le faire, tu vas devoir accepter cette réalité. Tu ne souhaites pas non plus l’affronter, tu aimerais juste que votre relation ne change pas. Tu sais qu’aujourd’hui, il n’y a plus vraiment de Sith ni de Jedi, ils font désormais partie d’un tout. Mais tu te dois de l’accepter à ton tour. Tu as perdu en entraînement Jedi et ce, depuis la destruction du Temple sur Yavin, là où tu avais choisi d’être formée, où tu avais choisi d’apprendre à maîtriser ce don qu’est la Force, de ton plein gré. Il dépose sa cape et il parle du bon vieux temps.

« — Je m’en souviens comme si c’était hier. »

Mais tu refuses de croire que ce temps est révolu. Il est vrai qu’il a longtemps veillé sur toi et il le ferait probablement si tu lui demandais. Mais tu ne serais pas capable de le faire maintenant que tu connais cette vérité qu’il t’a longtemps caché. Tu prends une grande inspiration et tu te lèves pour aller mettre un peu de musique. Une sorte d’hommage au passé où tu étais bien insouciante de tout ça, une époque où tu n’étais rien de plus qu’une Padawan qui veillait sur les siens alors que tout le monde te collait l’étiquette d’une descendante royale. Cela ne t’avait vraiment jamais plu. Tu n’as pas la prétention de te prendre pour l’hégémone. Tu ne veux pas le devenir. Puis, tu reviens vers lui et tu le tends la main.


« — Rien n’indique que c’est terminé, Ely ! »

Tu voudrais danser comme la dernière fois, la fois où vous vous êtes séparés parce qu’il avait terminé son rôle parmi ta famille. Tu ne portes peut-être pas de robe, mais tu n’as pas oublié. De plus, tu as posé ton sabre à côté du sien, preuve que tu ne prévois pas de l’attaquer ou de le prendre en traître. Ce n’est pas ton genre, vraiment pas. Tu ne voulais que graver un souvenir unique et probablement sceller ton amitié avec lui de cette façon. Il a été là, présent, toutes ses années pour toi. Et puis, peut-être, est-ce aussi une façon de t’apaiser et de te décider. Il s’agissait là d’une invitation à danser, probable dernière danse…

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Je sens sa colère et sa déception, ses hésitations aussi. Je décide de la laisser agir seule, de prendre sa décision, quelle qu’elle puisse être, cela doit venir d’elle. Aucune parole de quitta mes lèvres de longues minutes. Il me tardait de voir ou d’entendre la suite mais elle arriva bien assez tôt. La musique inonde mon être et elle me tend sa main que je saisis d’instinct. Elle prétend que les choses peuvent encore être comme avant mais je n’y crois pas. Quelque chose avait changé, le doute la submerge, je le sens. Sans le vouloir la Force parle pour elle, pour nous, elle est agitée et indécise. Je ne peux me résoudre de profiter de la situation. Ce serait une véritable trahison même si peut-être sans conséquences défavorables. Je pose mes mains autour de sa taille, laissant l’instinct me guider, l’envie d’évasion fait le reste. Ces instants nous offrent une proximité et une chaleur. C’est appréciable même si pas très prudent, je m’en rends compte assez tardivement mais ne recule pas pour autant. Je tente de me ressaisir rapidement. Ce n’est que Nova, mon ancienne amie. Ce n’est qu’une danse, qui peut prédire avec certitude s’il y en aura d’autres ou s’il s’agit avec précision de la toute dernière fois ? Je ne veux pas me hasarder à deviner ou à calculer des probabilités valables aujourd’hui mais qui ne seront plus les mêmes demain. Se laisser aller, laisser faire le temps, voilà la solution que je choisis. Pour une fois, j’ai préféré la facilité. Ca m’arrive aussi, de temps en temps. Je sonde ses pupilles et je préfère y déceler la beauté plutôt que de m’attarder sur l’inquiétude qu’il me semble percevoir de son être. Le temps est la clé de tout, mais la générale a ses portes et il lui appartient de les verrouiller à sa guise.

Qui suis-je pour tenter une ouverture ? Je me laisse emporter sur les ailes du temps, implacable mais sûr. Je pose quelques instants mon visage sur son épaule et ferme les yeux, la musique est agréable et il me parait que rien n’a vraiment changé, du moins j’aurais aimé qu’il en soit ainsi. Peut-être aussi que cette révélation lui était, nous était, nécessaire et salvatrice pour repartir sur des meilleures bases, ce qui n’étais pas très prudent auparavant. C’était sans doute le moment opportun et propice pour que notre amitié se renforce et qu’elle connaisse enfin la vérité. En même temps et à mon sens, les uns n’avaient pas été meilleurs que les autres. Les Jedis avait failli devenir des tyrans, Les Siths avaient régné par la force. Aucune des deux n’était une option honorable à mes yeux. Mais à ce moment j’étais ailleurs, dans quelque jardin aux mille et une senteurs, aux arbustes nombreux à foison, au tapis de feuilles et de fleurs. Lorsque j’ouvris les yeux, je m’écartais un peu, comme effrayé par notre proximité, par mon geste également pourtant naturel au contact de mon amie.

Je m’en souviens aussi.

Et plus encore, j’aimerais renouveler notre lien, à défaut de pouvoir en créer un nouveau, je sais que c’est impossible.

Mais ce n’était sans doute pas le moment avant pour moi de me révéler ainsi à toi.


J’aurais pourtant aimé construire, repartir sur du neuf mais je ne savais pas comment accomplir ce miracle. J’étais un peu perdu moi aussi sur ce point du moins. Il nous fallait nous lier plus encore dans notre amitié même pour qu’elle s’élève au-dessus de ce moment de doute. Si les doutes étaient quelques fois salutaires, s’ils empêchaient la pensée rigide, ils pouvaient également nous affaiblir. Notre relation ne devait pas en pâtir davantage. Pour peu qu’elle me rejoigne, j’étais décidé de faire face à cette nouvelle situation et de tenter d’y apporter une réponse à défaut de trouver une solution. Que nous restait-il aujourd’hui ? Nova avait perdu son Epoux, j’avais perdu le vieux Maître et notre amitié était mise à mal par le destin. C’était aussi un mouvement logique, la suite d’autres, sur un échiquier en éternel mouvement de la Force. Qu’on appelle cela la destinée ou le futur, ça revenait au même, la situation présente était la même. Moi, je préférais croire que c’était la destinée qui m’avait joué un de ses tours inévitables du moins en ce qui concernait Nova. Pour le reste j’étais habile de mes capacités et connaissances, de mes artifices obscurs. Mais ici je préférais laisser faire les choses de sortes qu’elles se produisent ou pas. Je n’étais pas du tout à l’aise dans le rôle de l’artisan. Le temps devait s’écouler normalement sans influences extérieures et sans que j’intervienne en ce sens. La musique était toujours là et me permettait de vibrer au présent pourtant cloitré dans un songe d’été dans ce jardin fleuri et verdoyant. J’avais les yeux ouverts mais étais-je véritablement là ? Je me trouvais avec Nova, c’était certain mais je n’étais guère certain du reste. Ma rêverie s’arrêta tout de même alors que je m’aperçus qu’elle ne portait pas de robe comme avant. Toutefois l'absence d'uniforme me rassura.

Je tentais immédiatement de reprendre contenance et me raidis un peu. Mon regard sur Nova était difficile à décrire, j’étais troublé mais je ne le montrais pas. Cette musique m’avait permis de me détendre, ce n’était plus arrivé depuis tellement de temps…

Le lâcher prise n’était ni mon fort ni la spécialité Sith la plus connue. Avec Nova je n’avais pas besoin d’armure, pas davantage besoin de mon sabre ou de ma cape, elle me connaissait tel que j’étais vraiment. Je ne m’étais montré ainsi qu’à peu de personnes. Deux peut-être. Le vieux Maître et Nova, de façons différentes mais tout autant authentiques. Nous étions à ce moment à parfaite égalité dans nos fragilités, je le sentais mais ne disais rien. Cette entente tacite caractérisait aussi les vrais amis. Nous n’avions pas toujours besoin de poser des mots sur ce que nous ressentions.
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“CORUSCANT, QUARTIER MILITAIRE, AN 40” & Tu doutais et il est normal de douter lorsqu’on découvre soi-même qu’un ami de longue date se cachait de ce que tu étais. C’est l’impression que tu as en tout cas. Pourtant, même si tu doutes, ta colère s’estompe rapidement. Non, tu comprends ce qu’il l’a poussé à le cacher. Tu aurais probablement de faire la même chose. Mais tu fermes les yeux et tu danses, tu veux profiter de cette danse. Tu ignores si c’est la dernière, mais une chose est sûre, c’est que ta déception te fait mal. Tu ne dis rien durant la danse, comme un souvenir que tu veux unique. Tu t’imagines alors portant une longue robe de bal dansant à ses côtés. Tu n’étais qu’une héritière de plus dans un monde où la bourgeoisie est reine. Tu n’avais rien de la Générale que tu es aujourd’hui et dire que ton amitié pour lui est désormais effritée par ce grand secret. Secret qu’il n’a jamais voulu te révéler. Bien que tu sois dans le doute, tu es partagée entre ton devoir et ce que tu ressens. Tu ne le lâches pas des yeux et tu ne cherches pas à t’imposer sur lui, à montrer que tu es un Jedi. Voilà longtemps que tu as cessé ce petit jeu de bons/vilains qui te paraît toujours aussi puéril. Cependant, tu n’étais plus réellement Jedi, tu le savais.

Tu n’avais pas peur de cette proximité. Non, tu lui fais encore confiance malgré ce doute qui hante ton être. Tu sens son visage sur ton épaule et tu en fais tout autant. Tu te sens bien, loin de tes tracas d’officier supérieur, loin de ce doute qui va te hanter durant plusieurs jours voir plusieurs semaines. Tu es incapable de prendre une décision dans l’immédiat, tu dois prendre un peu de recul et faire le point. Tu allais probablement avoir besoin d’un peu de temps, mais tu ne peux pas laisser cette amitié, cette amitié si rare et si chère, partir comme s’il ne s’était jamais rien passé. Tu t’y refuses. Gardant ta tête sur son épaule, tu as fermé les yeux et tu laisses ton corps gérer la danse. Tu en avais besoin. Lui aussi probablement. Tu ne crains pas un geste mortel de sa part et il n’a rien à craindre de toi. Ce lien unique vous unissant à jamais… Puis, il retire sa tête alors que tu laisses la tête. Tu as besoin de sa présence même si cela le concerne. Tu montres un sourire en coin lorsqu’il te dit qu’il s’en souvient aussi.

« — Rien est impossible. N’est-ce pas ce que disent souvent les Sith ? »

Tu retires ta tête et tu lui souris. Après, il est vrai que tu ne connais rien aux Sith, mais dans le fond, tu es soulagée de savoir ça plutôt qu’il soit un espion à la solde de tel ou tel. Certes, tu es chevalier Jedi, mais est-ce que tu peux vraiment te considérer comme telle alors que tu as quelque peu abandonné ton entraînement ? Ou même tes propres alliés que sont les Jedi ? Pourtant, tu ne le juges pas, tu n’éprouves plus de colère, cette dernière était passagère. Mais la déception était encore présente. Mais tu ne le harponnes pas. Tu sais que tu vas devoir y réfléchir. Tu devais accepter cette vérité. Pourtant, tu n’es pas violente ou vulgaire envers lui, tu ne pourrais pas. Du moins, il n’a rien fait contre toi ni contre ton service, tu ne peux donc pas l’arrêter.

« — J’aurais préféré que tu me le dises par toi-même… Le découvrir par moi-même... Avais-tu si peur ? »

Tu lui dis ça comme ça avec un ton très doux, très calme. Bien que tu sois Chevalier, tu n’uses pas de la Force sur lui. Cela ne servirait à rien, vraiment rien et tu ne veux pas déclencher de conflit. Cela n’irait pas dans ton intérêt. Loin de là. Tu l’observes comme ton ami et non comme un ennemi. Tu ne peux pas le voir comme un ennemi. S’il voulait te faire du mal, il l’aurait fait bien avant.  Tu laisses la musique continuer sans te poser de question. Tu es aussi calme que lui et ce moment te permet d’oublier les sentiments qui te traversaient il y a encore quelques minutes. Tu continues à l’entraîner machinalement.


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J’aime choisir le moment.

Ajoutais-je à son affirmation. Oui, rien n’était impossible mais au moment opportun. Certains auraient dit que c’est du calcul, moi j’aurais parlé de prévision salutaire pour tout le monde.

Peur ? Peut-être aurais-je bousculé l’ordre naturel des choses, le cours des événements, si je m’étais confié à toi avant ce moment. Peut-être cela aurait été une mauvaise chose pour tout ce qui est lié dans le temps. La chronologie et son impact est une science que nous nous devons de prévoir parfois, préserver la paix même au prix d’un mensonge, d’une omission plutôt...

Voilà tout ce qui nous séparait, notre vision différente. Nous n’étions pas pareils et pourtant nous étions des amis et l’inexplicable nous rapprochait encore à ce moment. Je me laisse entraîner par la musique et fais mine de suivre ma partenaire. La vérité est que ma main posée sur sa taille se laisse conduire volontairement comme si un vent nouveau décidait pour nous. Peut-être que cette longue attente valait la peine et qu’alors ce moment tant attendu serait révélateur pour tous les deux. J’étais assez adepte de vivre à l’instant, de tout découvrir ou partiellement en cours de route. Non, je ne prévoyais pas tout, jamais. Il me fallait laisser les événements apparaître et se découvrir doucement ou plus rapidement sous mes yeux, pour que j’ai le sentiment de vivre. Je ne me précipitais jamais et me méfiais bien assez des tours que pouvait me jouer le temps mais pour autant, j’aimais la vie. Je chérissais l’imprévu.

La musique s’était-elle arrêtée ? Je n’aurais su le dire. Je posais mes mains de chaque côté sur ses hanches pour la maintenir légèrement devant moi, plus pour la forme. Je ne voulais pas que ce moment m’échappe, qu’il devienne banal dans les secondes suivantes. Il ne l’était pas. Je scrutais ses yeux de près, nos visages se touchaient légèrement, pour autant je n’avais pas envie d’accélérer les choses ni le cours du temps. Il me fallait laisser venir, ou pas. Question de naturel de spontanéité et peut-être dans une plus petite mesure mais non négligeable, l’alchimie se devait d’être également construite, pas à pas.

Cela aurait été fou de tout prévoir mais reconnaître l’instant comme propice ne l’était pas tellement, savoir que c’était la dernière chance de l’honnêteté. Bon, je n’étais qu’un Sith qui se servait du temps et de son passage pour en apprendre davantage, je n’étais pas de ces grands maîtres d’autrefois qui ne sont plus de ce monde aujourd’hui, qui, eux, en savaient bien davantage. Leurs pouvoirs dépassaient notre entendement même, le mien, certainement. Le vieil homme aurait vu bien plus loin, lui. Ces instants étaient pourtant un privilège pour moi, j’en avais conscience. Ce n’était pas tous les jours que nous pourrions nous comporter ainsi, déjà parce que le monde ne le permettait pas, notre différence sans doute non plus.

Je me faisais un peu violence pour admettre qu’elle était parmi les personnes que j’avais choisies pour cheminer un peu, en dépit de ce qui nous séparait, notre appartenance à la Force. Mais cela était-il vraiment si important ? Tout ne pouvait être semblable en tous points et il me semblait naturel que plusieurs Ecoles se disputent des apprentissages et des enseignements divers. S’il n’y avait eu qu’un seul chemin, les choses auraient sans doute été plus simples mais également auraient elles eu moins d’intérêt ? Je me plaisais à le croire. Ainsi, nous étions différents mais similaires.

La peur est un vaste sujet. Sans doute la crainte que tu me fuies sans regarder en arrière, à jamais. Nous en avons tous même si nous sommes en partie responsables de ce que nous en faisons. Aussi avais-je repoussé ce moment au plus tard.

Mes lèvres demeurent scellées après m’être confié mais mes yeux, eux, baignaient dans les siens avec une tendresse nouvelle sans faux semblants, sans prendre la fuite le moins du monde.

Nova Ex'thon
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“CORUSCANT, QUARTIER MILITAIRE, AN 40” & Tes pas continuent de bouger au rythme de la musique qui passait. Tu ne t’inquiètes de rien, tu avais déposé ton arme, tu préfères discuter simplement. Tu ne veux pas lui taper dessus comme s’il ne s’était rien passé. Il a fait partie de ta vie et il est encore très précieux à tes yeux. Le fait qu’il ne t’a rien dit te blesse, mais tu as appris à ne jamais montrer tes blessures. Tu n’es plus le simple soldat, le simple Jedi. Tu étais bien plus et tu ne l’oublies pas. Mais en cet instant, tu ne veux pas être la Générale des Renseignements, tu as ce besoin d’être toi, Nova, d’être l’être vivante sous ta tenue officielle que tu ne portes pas, l’âme que tu es derrière ce sabre qui te caractérise tant. Ça, pour aimer choisir son moment, tu sais qu’il en est largement capable. Il est arrivé dans ta vie dans les moments qui n’étaient pas les meilleurs. Et pourtant, il a veillé sur toi sans rien demandé en retour. Tu es de la même génération, mais maintenant que tu as appris cette réalité, tu as cette impression que vous êtes tellement différents. Tu es toujours tiraillée entre ton devoir de Jedi et ton devoir d’amie. Il n’est pas n’importe qui à tes yeux et l’arrêter serait synonyme de fin pour votre relation. Tu ne veux pas, tu ne veux pas perdre un de tes rares amis.

« — Décidément, tu aimes trop la poésie !! »

Tu essayais de traduire ce qu’il te disait. Mais tu t’avoues à toi-même qu’il a toujours aimé mettre un peu de mystères dans ces phrases lorsqu’il était mal à l’aise. Enfin, c’est ce que tu as pu comprendre à travers toutes ses années. Mais tu es d’accord sur le fait qu’il s’agit d’une omission. Il ne t’a pas véritablement menti, mais tu sais qu’avec un poste comme le tien, tu ne peux pas te permettre d’avoir un Sith dans ton entourage. Mais tu ne peux pas te résoudre à l’abandonner, à le laisser t’échapper. Tu laisses la musique se faufiler dans tes oreilles alors que tu doutes encore. Tu ne sais pas quoi faire… Tu es tiraillée et il doit probablement le ressentir. Mais tu ne veux pas briser ce moment qui paraît tellement banal. Mais pour toi, il ne l’est pas. Tes bras autour de son cou, tu ne cherches pas à fuir, tu ne cherches pas à lui faire du mal. Ton arme est toujours sur la table et elle le restera jusqu’à la fin de l’entrevue. Tu finis par venir caler ton front contre le sien tout en fermant les yeux. Tu avais besoin de ce moment salvateur. Bien sûr, tu l’écoutes. À tes yeux, il mérite que tu l’écoutes et aprés tout, c’était sur ta demande qu’il était là, présent, en plein cœur de la capitale républicaine alors qu’il sera probablement considéré comme un ennemi d’état C’est une situation difficile à accepter, mais d’un autre côté, tu ne peux plus le couvrir. Il a été ton agent durant quelques années, il a été ton ami depuis très longtemps et l’une de ces deux relations va devoir en prendre un coup. Tu le savais… Probablement mieux que personne. Tu écoutes ce qu’il te dit et il t’avoue avoir peur que tu le fuis. Peur justifiée de ton point de vue.

« — Jamais. Jamais, je ne pourrais renoncer à ce qui nous uni, Ely ! »

Tu ouvres les yeux et tu redresses ta tête pour décoller ton front du sien. Tu le regardes droit dans les yeux et tu avais pris ta décision. Tu es générale des services de Renseignements, mais tu ne veux pas renoncer à toutes ses années à ses côtés parce qu’il est un utilisateur obscur. Tu es certes Jedi, mais cela fait longtemps que tu as renoncé à ton entraînement et cela fait longtemps que tu as choisi ton camp, renonçant à la neutralité que les Jedi se vantent tant. Tu as servi la rébellion durant toutes ses années et ce, depuis la destruction du temple par les Chevaliers de Ren. Il n’est pas l’un d’entre eux. Il n’a rien fait contre toi alors pourquoi devrais-tu te venger sur lui ? Il t’a aidé à retrouver l’assassin qui a tué ton mari et même si tu portes encore ton alliance, tu sais qu’il ne reviendra pas. Il ne reviendra jamais.

« — Quoi que je dise, je n’aurais pas cette force de t’affronter… »

Tu lui avoues sans honte. Tu n’auras pas le courage de l’affronter directement. Mais si jamais il se retrouve sur ton chemin ou celui de ton service, tu vas devoir te débrouiller pour que cela ne se produise plus jamais. Tu n’es pas sith et tu ne massacres pas les tiens, tes mais, ta famille. Ce n’est pas toi. Il est vrai que tu es intransigeante avec les membres de ton service et avec toi-même. Mais tu t’en demandes beaucoup trop. La musique se termine et tu restes comme ça. Tu le regardes dans les yeux sans baisser les tiens. Tu ne peux pas.

« — Je ne te fuirais pas… »

C’était dit. Tu avais dit cela comme s’il s’agissait d’une promesse solennelle, un pacte silencieux qui vient d’ajouter du reste. De par ton passé à ses côtés et ce qui se passe maintenant, tu n’as aucune raison de vouloir le traquer ou le tuer. Après tout, Rey a ouvert une école de la Force dont les enseignants proviennent des Siths comme des Jedis. Tu montres un sourire ravi avant de caler à nouveau ton front sur le sien. Tu ne veux pas qu’il parte. Du moins, pas de suite…

@Elizand Vod
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