“@elias goran.” & Du bout des doigts, phalanges frêles mais fermes, la gemme de feu pendante autour de son cou, est tantôt pressée, tantôt caressée. Objet du souvenir, passé lointain mais présent encore et à jamais gravé dans son esprit. La jeune femme se laisse dévorer par sa mémoire qui l'assaille d'images tantôt douces et positives, tantôt plus violentes, morbides... Comme une fuite en avant après Exegol, Sha' a mit de coté son passé pour se dessiner un nouvel avenir loin de l'insoutenable. La résistance ne devenant plus que l'ombre d'elle même, la kiffar a préféré fuir que d'affronter toutes les pertes qu'elle a endurée. Dire adieu. Partir. Et jamais, surtout jamais se retourner. Mais sa mémoire inlassablement brise la paix qu'elle essaye d'instaurer. C'est sans cesse que les images tournent et virent dans l'encéphale. Ses nuits criblés de cauchemars la rappellent à l'ordre, la ramènent sans arrêt cinq ans plus tôt. Tu sais que ton passé te rattrapera, tu n'sais pas sous qu'elle forme, mais tu sais au fond de toi que tu n'pourras en réchapper plus longtemps...

Un message mystérieux est apparu sur son comlink il y a de cela quelques jours. Un visage qu'elle n'aurait cru croiser à nouveau tente de reprendre contact avec elle. Interdite, Shahana n'ose y répondre, elle met finalement de longues heures avant de reprendre l'appareil et d'accepter l'échange. Lui. Sa mémoire est particulièrement claire en ce qui le concerne. Ce sentiment quand elle croisait son regard est encore palpable. Et un sourire vient simplement éclairer son visage à la simple pensée de son souvenir intact. Jamais elle n'aurait pu oublier pareille personnalité, une aura comme on en croise si peu. Il avait le don d'éclairer la pièce par son sourire charmeur, le don d'illuminer son visage et de nourrir en elle, parfois, le regret de lui avoir dit non. Non. Regarde on forme une belle paire toi et moi. Notre amitié peut pas s'laisser absorber par l'ombre de sentiments si futiles. Impossible, t'es le miroir dans lequel j'adore me regarder. Tu me renvoies la meilleure version de moi même. Et je n'peux pas renoncer à ça. Et pourtant elle la fait, en tournant le dos à la résistance, ne lui accordant à peine un au revoir.

L'homme a découvert qu'elle faisait partie de la communauté de l'éveil. Des informations la concernant qui fuitent sur l'holonet... incontrôlables technologies de l'information. Et c'est avec beaucoup de curiosité et d'entrain qu'elle a accepté finalement des retrouvailles. Ni une ni deux, l'homme décide de se rendre sur la Station, espace duquel la jeune femme ne cherche plus à se soustraire. Des mois qu'elle ne voyage plus, qu'elle n'en ressent plus le besoin non plus. Ses activités se cantonnant essentiellement au siège de l’Éveil. Elle s'y sent comme chez elle, une maison qui la protège, la comprend, l'entoure d'un sentiment sécurisant.

Quelques heures à peine sa décision prise de la retrouver, l'homme lui communique les coordonnées de son quai d'amarrage au spatioport de la station. Les pas pressés de Shahana la guident jusqu'au cœur de la fourmilière cherchant du regard le bon numéro de quai. Sourcils froncés, elle semble comme perdue sous le flot d'informations et de passagers débarquant et embarquant de tous les cotés. Ce n'est pas un endroit qu'elle fréquente habituellement, et l'excitation se mêlant à une certaine anxiété latente de le retrouver brouille son esprit, l'empêchent de se concentrer. Calmement elle reprend sa respiration et comprend très rapidement que cela serait inutile de chercher un pauvre numéro de quai... La silhouette assurée du pilote milicien se dessine avec assurance dans son champ de vision. Et plutôt que d'avancer vers lui la kiffar l'observe, le détaille minutieusement du regard réalisant sans mal qu'il s'agit bien de lui. Elias. Comme si elle peinait encore à croire à sa venue inopinée. Et pourtant tout ceci est bien réel. A la fois il semble avoir changé, vieilli, muri. A la fois elle il parait être toujours le même.

Finalement leurs regards se croisent, indubitablement les sourires s'étirent. Arrivant à son niveau, et passé un palpable mais court moment de gêne, Shahana s'élance, encercle ses épaules de ses bras. Après quelques secondes d'un contact physique amical, la douce recule et cherche ses mots. « T’es venu… » constate-t-elle bêtement, simplement, avant de se reprendre dans un rictus gêné. « Désolée... j'ai... presque du mal à y croire. Merci. » ponctue-t-elle finalement, amarrant ses iris au siens.
 

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“@elias goran.” & Rares sont les amis, les proches, sur lesquels la jeune femme peut compter. Sur les doigts de la main, se dénombrent les seuls qui peuvent se targuer de la connaitre, et cela fait peu mais bien suffisant à ses yeux. Elias c'est un peu la famille qu'elle n'a plus, qu'elle a quitté, qui la quitté... C'est le point d'ancrage quand tout fout le camps et qu'dans le brouillard il reste ce sourire nourri par l'espoir. C'est le gars, le bon, celui qui donne sa vie pour la milice, qui continue à sauver l'cule de tout le monde d'un pouvoir autocratique et destructeur qui cherche envers et contre tout à dominer la galaxie. Une entité contre laquelle Sha' et sa famille se sont battus de longues années durant, jusqu'à perdre la vie... perdre l'espoir. La flamme qui vacille dans le regard du bellâtre, s'est éteinte il y a bien longtemps dans les prunelles de la kiffar. Comme un gout d'amertume qui se fossilise au fond de la gorge. Ça laisse un gout acre sur la langue, ça colore les rêves d'une noirceur sans faille... Nuits refroidies par les souvenirs de son enfance, bercée par l'effroi et la peur, et l'espoir qui faiblit toujours plus.

Mais dans le regard d'Elias, elle devine toujours cette flamme, et cela parvient subitement à lui réchauffer l'âme. Le retrouver là, des année après, c'est comme s'ils s'étaient quittés hier. C'est comme si le temps s'était arrêté, pour leur permettre de se retrouver. Tout ce chemin effectuer en si peu de temps, Sha' est soufflée. Sourire béat, elle n'en revient pas de voir son ami à quelques centimètres d'elle maintenant. Entendre sa voix, sentir son souffle s'échouer dans son cou lorsqu'elle le prend dans ses bras. Le myocarde qui déraille quelques instants, battements enrayé par une bonne vague d'apaisement. Comme si tout ce temps le cœur s'était retenu de faire des étincelles, et qu'enfin il se laissait aller.

L'homme échange enfin avec elle, s'attardant sur la signalétique défaillante de la station, ce qui arrache immédiatement un sourire amusé à la jeune femme. « J'en toucherai un mot au patron ! » lui répond-elle, amusée. Elle remarque alors le petit droide bruyant qui se déplace aux cotés d'Elias. La jeune femme reconnait l'engin qui a accompagné son maitre dans ses nombreuses aventures. « R4 tu n'as pas changé ! » lui dit-elle, alors que le droide enchaine les bip-bip que seul Elias saurait déchiffrer. Shahana appose alors une main au-delà de ses capteurs pour le saluer à son tour. Puis les iris se pose à nouveau sur la silhouette inquiète du milicien. L'inquiétude étire les traits du jeune homme qui ne semble pas être à son aise. Les sentiments qui se mélangent, nouent quelque peu l'estomac de l'ancienne résistante, qui ne sait comment interpréter cette gêne qui s'empare d'Elias.

L'homme reprend finalement la parole, s'expliquant brièvement sur sa venue... Il écourte ses explications quémandant la possibilité de s'éloigner du brouhaha environnant et rejoindre un endroit plus calme. Calme... ce n'est pas ce qui caractérise au mieux la Station 616, bien au contraire. Tout va à cent à l'heure, ça tourne, ça vire, ça retient sans arrête l'attention, ça empêche définitivement de se poser pour réfléchir. Mais si il y a bien un endroit où Sha' apprécie le plus de se reposer c'est ... chez elle. Ils seraient probablement au mieux pour échanger, discuter, dissiper les interrogations qui se multiplient déjà à vitesse grand V dans l'encéphale de la jeune femme.

« Si tu veux on va chez moi... Ce n'est pas très loin d'ici et c'est bien plus calme surtout. » La douce se pare d'un sourire apaisant, bienveillant. Un sourire qui voile l'inquiétude grandissant dans ses tripes. Finalement, même si elle est plus qu'heureuse de retrouver Elias, elle sent que quelque chose se trame au fond de lui. Elle se souvient surtout qu'ils partageaient une grande amitié, plutôt proches l'un de l'autre, Sha' a appris à reconnaitre les signes d'incertitude chez lui... « C'est par là ! » La kiffar passe un bras sous celui d'Elias et l'entraine à sa suite le droide les suivant de près.

« Tu n'es jamais venu à la Station ? »
 

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