Heureusement que Quarish avait une grande expérience, car la scène qui se jouait actuellement était pleine de rebondissements et d'interventions qui pourraient à de nombreuses reprises faire exploser le statut-quo.

Peu après l'intervention du vétéran, un homme qui était selon les informations de Quarish un seigneur planétaire, doublé d'un tyran au vu des actes perpétrés, prit la parole pour, notamment, reprochait au commandant Kelso sa passivité.

Une ombre passa dans le regard de Quarish tandis qu'il tournait son champ de vision pour placer l'homme à l'intérieur. Bien que son expression resta figée, au fond de l'ancien grandissait une envie furieuse et tenace de replacer le nez du tyran dans un axe différent. Du temps de l'Empire, cela aurait déjà été chose faite. Mais il ne devait pas entacher le commandement de Gamora. Dommage.

Il reporta son regard vers la table, toujours inexpressif, les bras croisés.

Le commandant Kelso en profita pour tempérer les ardeurs du seigneur Xel'Arak en renouvelant sa loyauté indéfectible au Premier Ordre.  

Gamora.  C'est donc ce que tu entrevois comme avenir ? Il est déjà trop tard pour que tu changes d'avis ? Ou bien ... C'est encore trop tôt, se demanda-t-il

Le vieux soldat respira profondément. Il resterait à ses cotés jusqu'à ce qu'elle trouve ce qu'elle cherche, même si elle doit le comprendre trop tard.

Thrawn, enfin, parla. Et fidèle à lui même, développa une rhétorique subtile, maîtrisée et puissante. Il ne fallait pas longtemps pour égayer les partisans les plus naïfs et zélés d'une opposition, ainsi que pour braquer les loyaux envers Snoke.

Après avoir écharpé les détracteurs d'une autre voie, il conclut en disant très clairement qu'il compte renverser l'Ordre établit et le remplacer par autre chose.
C'est un message très percutant. D'ailleurs, avant la fin de sa phrase, Nathaniel dégourdit ses doigts en faisant chauffer ses programmes de combat. Il remue également sa nuque, engourdie. Un réflexe que ses camarades Inferno connaissent comme précédant l'action.

Xel'Arak à nouveau, pour réagir aux propos de Thrawn. Et pour la première fois depuis longtemps, Quarish ressentit une colère froide l'envahir, et presque le noyer. Le tyran, outre sa langue fourchue et son ton menaçant, multiplia les menaces de morts, les promesses d'esclavage à l'encontre du peuple Chiss.

Le vétéran pencha la tête et observa par en dessous le tyran et sa garde. Son regard, vide comme la mort, comptait combien de coups de blaster il pourrait mettre au but avant que les gardes ne commence à tirer. A moins qu'un détonateur thermique ne soit plus indiquer ? Une bien macabre hésitation occupait l'esprit du soldat qui voyait l'image de Triss, la mère de thrace, apparaître. Le soldat ne bougea pas, préférant s'occuper l'esprit en imaginant la meilleur façon de rappeler à Xel'Arak que la vie ne tenait vraiment pas à grand chose, même pour un tyran planétaire.

A part Wes, qui virait dans un numéro proche du tragi-comique, les Ren manifestaient un dévouement total à Snoke. Bien que leur chef, Serke, restait plus ambigu, cela signifiait beaucoup de mystiques à affronter si nécessaire. D'autant que, le vétéran sentait bien que pour certains, il n'y avait plus grand chose qui les retenait de bondir pour prendre les têtes des opposants avérés. Si un combat s'engageait, tout se passerait en un instant. Et Quarish était prêt à le saisir au vol. Il avait placé le talon d'un de ses pieds contre le mur, distraitement, afin d'être prêt à se jeter en avant, dans la mêlée.

La deuxième intervention de Thrawn vint, et, aussi déroutante que la première, sembla détendre la bulle de pression qui s'était formée.

Pour être franc, Quarish n'en crû pas ses oreilles. Dès la crise présente terminée, demander une audience à Snoke ? Et quoi ? Lui offrir un présent pour l'inciter à changer de politique ? Pas de "milice", pas de combat, pas d'usage de la force, seulement des mots ?! Tu te prends pour un Jedi Thrawn ?! Hurla intérieurement le vétéran.

Il acheva tranquillement sa déclaration en recentrant le débat sur la situation de crise actuelle. Le risque d'une attaque par les Résistants.  Avant de se détourner et de partir par la grande porte, sans rien de plus.

Quarish ne pu retenir un mouvement vers l'avant. Il s'avança de quelques pas, et fixa d'un regard noir visible seulement de ses camarades Infernos ainsi que de Thrace la nuque du Grand Amiral Thrawn.  Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas laissé ses émotions transparaître à ce point. Il sentait monter en lui une confusion anormale. un bourdonnement qui se rapproche. Un dernier regard avant que l'épaule de Thrawn ne disparaisse.

Le vieux soldat se replaça lentement contre un mur, dans un coin des plus éloigné, sombre et isolé de la pièce. Il porta par réflexe la main à son paquet de cigarette et l'alluma d'une main qui était parcourue de spasmes brefs et asymétriques. Il observa cette dernière, en silence.

Peu de personnes voir aucune ne pouvait avoir remarqué le symptôme. Tout le monde discutait déjà des mesures à prendre, et le chef des Ren sonnait le retour aux quartiers.

Le vétéran lui, comprenait que les symptômes qu'on lui avait promit faisaient leur première apparition. Le début de la vrai et inéluctable fin, cette fois.

On l'avait prévenu qu'il devait garder une certaines distance émotionnelle pour ne pas surmener son esprit déjà fragmenté et affaiblit. Mais, il est encore bien trop humain pour ne pas, pour ne plus s'impliquer.

Il laissa tomber sa main, son regard balayant ceux qui restaient, ceux qui partaient. Un regard sur Thrace, qui s'était exposé plus que de raison. Sur Wes, qui ressemblait à une créature qui réclame la mort après de trop longues souffrances. Gamora, qui se raccroche à une ligne de conduite pour ne pas risquer de sombrer.

Quel est donc sa place dans tout ça ?

Une latte profonde, et une pensée en fixant le siège vide ou se trouvait Thrawn. Un écran de fumée rassurant, pour te donner du temps avant les hostilités ? Je te le souhaite. Sinon c'est que tu t'es perdu.

Nouvelle latte, et cette fois, un regard perçant, profond mais froid et inexpressif droit vers Xel'Arak. Le genre de regard qui ne dit rien si l'on ne veux pas comprendre. Mais qui en dit pourtant très long. Une promesse, qui un jour, serait tenu. Une marque invisible, une cible sur le front. La braise éclaire rapidement le regard et le sourire intense de Quarish.

Du détachement. Pour tenir encore un peu, il faut du détachement. D'autant qu'avec les communications coupées, s'il subit une crise, personne ne pourra l'aider. Pour la première fois depuis longtemps, Quarish espérait que le futur proche serait calme. Sinon il risquait de ne plus répondre  de rien.