Permission [Inanna]

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Qu'est-ce qui va faire qu'un pilote soit meilleur qu'un autre ? Sa capacité à improviser ? Sa capacité à se sortir vivant de situations désespérées ? Le nombre de vaisseaux qu'il sait piloter ? Sa façon d'appuyer ses équipiers ? Sa précision lorsqu'il tente un tir ? Le ratio entre vaisseaux détruits et heures de vols ? Peut-être bien un peu de tout ça. Je sais en revanche ce qui va faire qu'un pilote soit moins bon qu'un autre : la fatigue. Depuis mon arrivée sur le Precursor, décidée à faire mes preuves, j'avais entamé un entrainement intensif au pilotage des griffes chiss. Comme tout vaisseau dans cette galaxie, il a sa propre façon de se piloter, il répond facilement à certaines commandes et refuse d'autres. Une chose est certaine c'est agréable à piloter une fois les premières heures de vol derrière soi. Loin d'être facile à piloter, la griffe chiss compte très peu d'équipement d'aide électronique, de nombreuses choses reposent sur les qualités du pilote et non sur un ordinateur. Je dois dire que j'adore ça. Avec un autre vaisseau de type chasseur, le pilote peut compter sur les aides au pilotage, les aides au tir, l'ordinateur de bord qui indique toutes les solutions aux avaries. La griffe chiss est beaucoup plus pure, elle indique les avaries mais c'est au pilote de choisir comment la gérer. Elle indique des aides au pilotage bien moins fréquentes, le pilote doit avoir confiance en ses propres capacités et les décisions qu'il prend s'il ne veut pas s'écraser ou entrer en collision avec un obstacle. Il y a une beauté dans cette simplicité, dans cette pureté. Mon seul regret est de ne pas encore pouvoir toucher à la partie mécanique de ma griffe. Non pas que cela m'ait été interdit mais par choix, parce que je ne la connais pas encore assez. C'est comme avec une amante, avant de se lancer dans quelque chose parce qu'une ex appréciait ça, il faut découvrir ce que sa partenaire aime et accepte de faire. C'est un processus d'apprentissage. La griffe apprend ma façon de piloter, j'apprends ce qu'elle aime et ce qu'elle aime moins. Je passe du temps pourtant à observer la mécanique de la griffe, à apprendre son fonctionnement, pour l'instant je me contente des zones les moins sensibles. Je les démonte, les étudie, les remonte avec un soin méticuleux, notant l'emplacement de chaque pièce, me réalisant un plan avec la place de chaque écrou et la pression qui avait été mise pour le verrouiller. Je suis bien consciente qu'il existe des plans de ces vaisseaux et que je pourrai les demander mais croyez-moi, même un plan peut être subjectif ou faux et cela même s'il ressemble très exactement à la machine. Mon ancien chasseur Tie en était la preuve. Il était parfaitement similaire au plan, pourtant n'importe quel pilote qui aurait voulu le prendre aurait dû faire avec des réglages personnelles. Commandes beaucoup plus sensibles sur les directions, ordinateur de visée à activer manuellement uniquement, visée au canon modifiée de quelques millimètres. Des détails qui n'apparaissent pas sur un plan.

Après un peu plus de trois semaines à un rythme de pratiquement 15 heures par jour à voler, m'entrainer ou étudier ma griffe, un ordre plus qu'une simple consigne m'est parvenue. Deux jours de permission. Apparemment il n'était pas bon de s'entrainer sept jours sur sept et autant d'heures chaque jour. Je dois reconnaître que j'avais l'air fatigué, ça aurait été difficile de le nier. Piloter c'est ma passion, alors dites-moi que je vais voler sur un nouvel appareil que je ne connais pas, il était certain que j'allais faire ce que j'ai fait. Je voulais voler avec mes nouveaux équipiers, m'exercer avec la griffe, c'est normal. Si vous donnez une nouvelle arme à un soldat, vous croyez vraiment qu'il ne va pas s'entrainer ? Si vous donnez un nouveau fusil de précision à un sniper, vous ne vous attendriez pas à le voir s'entrainer durement pour apprendre ses spécificités ? C'est ce qui m'était arrivée, je m'étais plongée corps et âme dans ma passion. Au détriment de ma santé ? Un peu oui, c'est vrai que je me sentais fatiguée et puis à ne faire que ça encore, encore et encore, on augmente le risque de négligences. Alors si j'ai d'abord rechigné à ces deux jours de permission je m'y suis soumise de bon cœur. Deux petits jours qui vont me faire du bien, dont je vais profiter pour me ressourcer. J'ignore ce que font les autres pour se ressourcer, pour se remettre de leurs émotions mais moi, c'est Malastare ! Une planète pleine de vie, des paris sur des courses de speeders et puis la possibilité de voir les courses en question ! Je n'ai jamais participé, ne le ferai sans doute jamais, piloter un vaisseau et un speeder sont deux choses bien différentes, comme de piloter deux vaisseaux différents.

Ma permission a commencé a veille au soir quand un transport m'a déposée sur la planète. Je me suis trouvée un petit hôtel sympa, rien d'extraordinaire, de toute façon je ne compte pas y passer beaucoup de mon temps. J'ai dormi un peu plus de douze heures, signe de la fatigué accumulée et nous sommes en fin d'après-midi, le moment où les courses les plus intéressantes de la journée commencent. Pas question de rater ça, d'ailleurs je suis déjà dans les tribunes. Deux bières, bien amères et dosées, plus tard je me laisse prendre à l'ambiance des courses sans parier pour autant. Je ne suis pas particulièrement joueuse, ça me va bien, je préfère me payer une bière de plus. Petit interlude entre deux courses, le moment parfait pour s'offrir une bière supplémentaire, pour ça une seule façon de faire si je ne veux pas rater le départ de la course suivante : slalomer entre les joueurs qui parient et ceux qui refont la course précédente en explique qu'untel aurait dû faire ci ou que lui aurait dû faire ça.

 

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