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Question de shoot...er

Jeanne & Zul'ekah Ma'hin


Le soleil commençait à se coucher sur Borosk, rafraichissant de quelques degrés la température aride de la planète. La population locale avait l’habitude, Juno beaucoup moins. Pilote élevée dans les bases aseptisées du Premier Ordre, se retrouver dans cet environnement hostile ne lui plaisait pas. Bien sûr elle n’en était pas à son coup d’essais : après tout chaque soldat se devait de pouvoir s’adapter à toutes les situations. Il n’empêche que Sabre 2 avait hâte de rejoindre la flotte en orbite et retrouver ses activités habituelles. Toujours au travail, Jeanne s’accordait rarement des congés, se contentant des cycles de sommeils réglementaires qui la maintenaient opérationnelle. Les récents évènements de Naboo avait entamé sa résistance, ne comptant plus les heures de services qu’elle avait accumulé tout comme chaque Sabres. Ils étaient l’élite, aussi il était normal de montrer l’exemple ; Mais cette soirée, elle se la réservait. Une date parmi tant d’autres qui avaient une véritable signification pour elle. En effet il y avait de cela 1 an, jour pour jour, que son ancien escadron avait été anéantit lors d’une attaque de la Résistance. La veille-même de son affectation aux forces Chiss et aux Sabres. Les Sabres… Si Juno en avait entendu parler lors de discussions avec des camarades soldats, jamais elle n’aurait pensé qu’elle y serait détachée… Ou plutôt imposée par le Haut Commandement. L’accueil y avait été cordial mais dur, particulièrement par James Syn, son leader d’escadron. Elle le comprenait. Pour lui, se voir imposer un pilote avait été une première… Une première désagréable. Il ne lui avait fait savoir, elle y avait répondu avec son calme et son professionnalisme habituel. Pas là pour faire de la politique qu’elle avait rétorqué ; Bien plus désireuse à l’époque de reconstituer un escadron à elle… Mais aujourd’hui ? En en était-elle ?
Après avoir passé une année standard avec les forces Chiss elle n’en était plus si sûre. Oui le travail était exigeant, oui on lui faisait pas entièrement confiance… Mais au final Jeanne faisait ce à quoi elle était destinée : piloter avec les meilleurs, relever des défis et s’assurer de la survie du Premier Ordre. Quel pilote regretterait d’avoir intégré les Sabres ? Pas Juno. Plus maintenant. La diversité des personnalités de ses différents camarades pilotes, certains exubérants comme Sabre 4, d’autres plus sages comme 9, qu’elle voyait comme une faiblesse à son arrivée n’en était rien. L’escadron était soudé, ses membres formaient une véritable petite famille, avec ses hauts et ses bas. En faisait-elle vraiment parti ? Elle était la seule non-volontaire de l’escadre car enlevée à ses parents au berceau pour devenir soldat. Les autres étaient ici car ils le voulaient, s’étaient engagés. Une différence de taille. Une différence que James ne s’était pas gêné de pointer lors de leur première rencontre. Force, faiblesse ? Avec le recul elle qualifierait cela de juste… Différent.
Chassant ces pensées, la jeune femme poussa les portes de la cantina, un lieu des plus incongrus pour qui la connaissait un tant soit peu. Une fois à l’intérieur, elle balayage du regard les lieux, attentive. La lumière était tamisée et un joyeux brouhaha de fond remplissait la pièce. L’endroit été surtout fréquenté par les soldats en permission, ainsi que quelques natifs et pilotes de passage. Il était loin des critères habituels de Juno, surtout d’hygiène, mais au moins elle savait qu’elle pourrait y être tranquille sans risquer de croiser un visage familier. Jeanne n’imaginait pas que des gradés fréquentent ce genre d’endroits et les trouffions étaient trop occupés à profiter de quelques moments de plaisirs qu’à commérer sur sa présence. Peut-être devra-t-elle en recaler certains, mais ça elle savait faire. Jeanne se dirigea d’un bon pas vers le bar pour s’y assoir sur un grand tabouret. Elle releva sa capuche, détachant ses cheveux pour les libérer de sa queue de cheval habituelle. Permission. Elle était en permission. Elle pouvait bien se… Comment dirait 4 ? De se décoincer ? Cette pilote l’irritait la plupart du temps : un tempérament de feu, une certaine tendance à l’indécence… Cependant elle restait une très bonne pilote. Lorsque James avait été touché à Naboo, c’était elle qui avait prit les choses en main et force était de constater qu’elle s’était plutôt bien débrouillée. Le barman, un humain à la corpulence imposante vint à elle. « 12 shooters s’il vous plait. Faible niveau d’alcool pour chacun ».
Juno ne sortait pas assez pour connaître les différents alcools, aussi faisait-elle confiance à cet individu pour la servir d’une mixture à faible degré, tout en lui faisant payer le maximum. Elle ne comptait pas finir sous la table ; De toute manière elle ne comptait pas tous les boires. C’était une simple commémoration de ses 11 camarades tombés au combat. Un rite qu’ils pratiquaient à chaque perte d’un des leurs. Juno y voyait un certain hommage à perpétuer cette tradition. Soupirant, la pilote patienta que les verres s’alignent devant elle puis saisit le sien en portant un mini toast. « Que les étoiles vous accueillent ». Elle vida d’une traite son shooter.


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Cela fait un peu plus d’an que Zul’ekah n’a pas mis les pieds sur Borosk, pourtant rien ne semble avoir changé sur la planète. Rien ne change jamais sur Borosk, c’est l’avantage et le désavantage de cette planète. Passer plusieurs jours sur cette planète a toujours eu l’effet de rendre Zul’ekah folle d’ennui, mais lorsqu’elle y revient, elle ressent toujours une certaine nostalgie. Cela lui rappelle les nombreuses fois passées ici alors qu’elle n’avait rien d’autre que ses mains à offrir, les nuits à arpenter les cantinas, les nombreuses leçons de la vie qu’elle a appris sur cette planète. Elle a appris à l’école de la rue, une rue qui n’a fait que changer, une rue qui prenait parfois la forme d’une planète aride ou d’une autre glaciale. Ce soir, si elle est là, ce n’est néanmoins pas pour se remémorer des souvenirs depuis longtemps passés, mais pour une raison bien plus matérielle. La mécanicienne en elle ne peut jamais s’empêcher d’apporter des modifications et des améliorations à son propre vaisseau, ainsi qu’à ceux du reste de l’Escadron Sabre. Pour cela, il lui faut des pièces de qualité, récupérées ou achetées auprès de fournisseurs qu’elle connaît et en qui a elle a confiance. C’est l’un de ses fournisseurs qui lui a donné rendez-vous sur Borosk, afin de vérifier la cargaison qu’elle lui a demandé. Ils se sont retrouvés dans les docks, avant de finir à la cantina la plus fréquentée de la planète pour sceller leur deal. Il est depuis parti, les pièces stockées dans le chasseur de Zul’ekah. La jeune femme profite de ce moment de tranquillité pour avoir un peu de temps pour elle-même, le tout accompagné d’un délicieux verre de whisky. L’influence de James Syn, sans aucun doute.

Loin des planètes sur lesquelles elle retrouve ses fréquentations habituelles, qu’elle n’est pas la surprise de Zul’ekah d’apercevoir du coin de l’œil Sabre 2 s’installer à une table de la cantina. Elle hésite une seconde, alors qu’elle la voit se faire servir plusieurs shooters, mais sa curiosité se fait plus forte quand Jeanne en avale un d’une traite. Elle sait qu’elle cherche probablement les ennuis en allant rejoindre Jeanne la coincée, mais c’est plus fort qu’elle. Elle a trop envie de savoir ce que la seconde l’escadron fait ici, bien loin des lieux parfaits du Premier Ordre. L’image est tellement étrange que Zul’ekah ne peut pas résister. C’est bien quelque chose qu’elle n’attendait pas de Juno. Elle ne prétend pas la connaître à la perfection, loin de là même, mais si Sabre 2 a du mal avec elle, c’est bien parce que Zul’ekah est trop sauvage, trop exubérante, et surtout trop à même de fréquenter ce genre d’endroit. Alors voir Jeanne ici relève forcément de la surprise. Et puis, elle l’avoue, elle aime beaucoup trop l’embêter pour ne pas venir la retrouver. Sans cérémonie, Zul’ekah s’assoit face à Juno, le menton posé contre sa main, un sourire amusé aux lèvres. « Eh bien, si ce n’est pas Jeanne la frigide dans une cantina sur Borosk, quelle surprise ! Ce n’est pas un endroit où je pensais te croiser. » Zul’ekah avale doucement une gorgée de sa propre boisson, avant de pointer les shooters avec son verre. « Tu as enfin décidé de voir ce que ça faisait de jouer dans la cour des grands ou tu essayes désespérément d’oublier que tu fais partie des Sabre ? J’avoue être curieuse, tu penses réellement être capable de supporter autant d’alcool dans ton système aseptisé ? » Zul’ekah éclate de rire en secouant la tête, avant d’agiter son verre en direction du barman. « Lotsorg, un nouveau whisky s’te-plaît ! »

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Si Jeanne s’était décidée de choisir cet endroit pour commémorer la mort de ses anciens équipiers, c’était justement pour avoir une certaine tranquillité. Pudique, elle n’aimait pas étaler ses sentiments où tout ce qui pourrait la dévoiler… Une tranquillité vite troublée par une voix reconnaissable entre toute. Cet établissement était on ne peut mieux pour qui ne voulait pas être dérangé… Quoiqu’en réfléchissant bien il n’était pas étonnant de trouver ici la pilote qui prit place à ses côtés sans en demander la permission. « Eh bien, si ce n’est pas Jeanne la frigide dans une cantina sur Borosk, quelle surprise ! Ce n’est pas un endroit où je pensais te croiser». Juno adopta un sourire cynique en répondant du tac au tac : « Sabre 4… Tu vois c’est assez… Amusant que tu dises ça. Car pour ma part c’est exactement le type d’endroit où je pensais t’apercevoir » La seconde désigna vaguement la salle. « Entrain de danser sur une table ou faire un concours de qui sera la plus… Indécente ». Sabre 2 détailla sa camarade d’un rapide coup d’œil avant de faire une petite moue. « Etrange, tu as plus de tissus sur toi qu’habituellement. Pourtant Borosk est une planète très… Chaude ». Même si elle ne l’avouerait jamais, et encore moins à Zull’, la seconde appréciait leurs petites prises de becs qui agrémentaient un quotidien souvent morose. Zull’ekah avala une gorgée avant d’ajouter : « Tu as enfin décidé de voir ce que ça faisait de jouer dans la cour des grands ou tu essayes désespérément d’oublier que tu fais partie des Sabre ? J’avoue être curieuse, tu penses réellement être capable de supporter autant d’alcool dans ton système aseptisé ? » Jeanne ne pût s’empêcher de soupirer. « Je suis bien capable de te supporter… Comme quoi tout est possible… » Malgré l’année écoulée en sa compagnie elle avait toujours autant de mal à supporter la fougueuse pilote qui se trouvait à ses côtés. Si en mission leurs deux caractères s’accordaient avec un maximum d’efficacité et de coordination, en dehors du cockpit en revanche il en était tout autre. Trop impertinente, pas assez protocolaire pour la stricte Jeanne. Le rire de Zull la tira un bref instant de ses songes. « Lotsorg, un nouveau whisky s’te-plaît ! » Jeanne tourna la tête vers sa camarade en haussant un sourcil interrogateur. « La cour des grands ? Je serais curieuse de savoir ce que tu entends par-là… » Elle fit mine de réfléchir avant de déclarer d’un air faussement intéressé : « Ah tu parles du cercle des dépravés anonymes ? Je t’en prie j’a-d-o-r-e-r-a-i-s en faire partie. Je supposes que le bizutage consiste à se trainer dans un mess du Premier Ordre en petite tenue avec une sucette à la bouche tout en faisant le maximum de bruit ? J’ai vraiment hâte ». Elle porta un second shoot à sa bouche qu’elle vida d’une traite puis le reposa d’un coup sec avant de reprendre son sérieux habituel et de lui confier. « Pour satisfaire ta curiosité… C’était une tradition dans mon ancienne escadre. Un verre par an par pilote tombé. Je suppose que chacun à sa manière de gérer la chose ? ». Jeanne ne parlait que très rarement de cette période. Si diriger son escadron avait été l’une de ses plus grandes fiertés, la perte totale de ses hommes l’avait profondément affecté. Elle eut un rire sans joie. « Avec nos pertes à Naboo j’aurai peut-être dût rajouter quelques autres… » Sentant une certaine morosité l’envahir elle se reprit. « Enfin bref… » Elle resta silencieuse quelques secondes, ressassant ses pensées avant de lâcher : « Tu as fais du bon travail quand James a été touché... Dommage que tu ne sois pas plus… Protocolaire… ». Juno était sincère. Sabre 4 avait prit le relais de manière efficace lorsque leur leader avait été mit hors course lors de la bataille de Naboo ; Elle-même trop absorbé durant cet instant à gérer la synchronisation chaotique entre le commandement et la flotte. Jeanne était plutôt avare en compliment, aussi elle précisa avec un de ses rares sourires : « mais ne prends pas la grosse tête… Elle est déjà assez énorme comme ça… ». Elle désigna les shoots. « Alors comme ça tu penses pouvoir tenir la route ? »

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Si Juno pense blesser Zul’ekah en lui rappelant que ce genre d’endroit lui correspond, elle se trompe lourdement. La jeune femme sait d’où elle vient, où elle a vécu pendant des années et elle a fréquenté des cantinas bien plus glauque que celle où elles se trouvent. Elle sait qui elle est, elle sait ce qu’elle est et elle s’assume entièrement. Lui dire qu’elle est trop sexy, trop excentrique, trop frivole, ce n’est en rien des insultes à ses yeux, elle a conscience de correspondre totalement à cette description. Elle connaît sa valeur, elle sait le talent qu’elle a aux commandes d’un chasseur et elle n’a pas besoin de l’approbation des autres pour avancer dans la vie. Alors les remarques de Juno ne peuvent que la faire rire, lui dessinant un sourire amusé aux lèvres. Zul’ekah acquiesce aux propos de Sabre II, ne pouvant qu’agréer avec elle après tout. « Qu’est-ce que tu veux, au risque de te choquer, même moi j’ai envie d’être totalement habillée parfois ! Mais si ça te perturbe trop, je peux faire tomber quelques couches. » Elle accompagne sa proposition d’un clin d’œil, un rire de nouveau au bord des lèvres. C’est tellement aisé de pousser Jeanne dans ses retranchements, elle est bien trop carrée et protocolaire pour ne pas réagir.

D’ailleurs, Sabre II ne manque pas de prouver les dires de Zul’ekah, puisqu’elle continue dans sa lancée sarcastique, semblant de tout évidence croire qu’elle va réellement l’offenser. Peu de chance que ça arrive, car s’il y a bien une chose qui donne à Jeanne le droit de lui parler ainsi, ce n’est pas son grade, mais le fait qu’elle est une femme. La jeune pilote trouvent les hommes qui la traitent de débauchée et de dévergondée méprisables et pathétiques, comme s’ils avaient le moindre droit sur sa vie. Cela ne signifie pas que Juno en a plus, mais bel et bien que son statut féminin lui permet plus de libertés. D’autant plus qu’elle amuse Zul’ekah bien plus qu’elle ne l’agace, et elle ne dirait pas non à pouvoir dévergonder un peu ce joli minois trop strict. « Tu n’as pas tout à fait tort… mais pas que. On peut se retrouver en petite tenue dans l’une de nos chambres aussi, si tu préfères. » Le tout ponctué d’un sourire plein de sous-entendu, car ne pas supporter le caractère de quelqu’un ne signifie pas qu’elle ne reconnaît pas lorsque la personne est délicieuse.

Néanmoins, aussi excentrique qu’elle soit, elle ne manque pas de respect pour autant et elle reconnaît rapidement le ton que Juno emploie. Les mots qui sortent de sa bouche, Zul’ekah ne les comprend que trop bien, elle en connaît le poids et la douleur qui les accompagnent. Ils ne sont que des soldats, le champ de bataille est bien souvent leur cimetière, et Juno comme elle ont vu trop de monde s’éteindre devant leurs yeux. Acquiesçant lentement, elle fait un nouveau signe de la main à Lotsorg. « Une vingtaine de shooters s’te plaît. » Zul’ekah ne sait pas ce que cela fait, de perdre un escadron entier, d’être la seule survivante, et elle souhaite ne jamais l’expérimenter. De ce fait, leur conversation a pris une tournure un peu plus sérieuse et elle l’apprécie, étrangement, n’ayant jamais vraiment l’occasion de discuter avec Juno. « Un compliment venant de miss parfaite ! Je suis touchée. » Zul’ekah pose sa main sur son cœur, feignant une larme de bonheur, mais elle pense réellement ses mots, elle apprécie le fait que Sabre II l’estime. « Tout le monde peut dire ce qu’il veut, je sais quel est mon rôle lorsque je suis là-haut et je n’ai pas pour objectif d’échouer. Les Sabres sont ma famille et je préférerai mourir que de risquer leurs vies bêtement. Même la tienne, quoique tu penses de moi. Je ne suis peut-être pas d’accord avec toi, cela ne signifie pas pour autant que je n’ai aucune estime pour toi. Bien au contraire. » Parce que Juno a survécu à beaucoup de choses, parce que Juno a rejoint un escadron déjà bien huilé, parce que Juno fait du mieux qu’elle peut, parce que Juno est une femme de caractère et de talent. Pour toutes ces raisons, Zul’ekah la respecte réellement, malgré ses taquineries et ses boutades.

Les shoots finissent par arriver et c’est avec un sourire de défi qu’elle répond au lieutenant-major. « Je suis certaine de pouvoir tenir la route. Tu peux en dire autant ? » Elle lève un premier shoot, attendant que Juno fasse de même, puis trinque avec la femme qui lui fait face. « Aux Sabres, et à tous ceux qui ne sont plus là. »

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