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They promise you heaven, give you hell - ft. Thrace

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Avant même d’ouvrir les yeux, la douleur me transperce le torse comme une lame fine que l’on enfonce entre mes côtes. Je cherche l’air mais mes poumons restent vides. Pendant un instant qui me semble durer une éternité, j’étouffe. Immédiatement, la panique me serre les boyaux et mes yeux s’ouvrent enfin en grand alors que mes mains cherchent de l’aide en aveugle. Ma vision est encore trouble, et je mets un instant avant de comprendre que je dois tourner la tête pour cesser d’être aveuglé par la lumière du plafond.  Je sens sous mes doigts le drap léger qui me recouvre, et enfin l’air me parvient malgré la douleur que mes poumons gonflés provoquent. Je reste un long moment immobile, pour ne pas provoquer un nouvel élancement du mal. En attendant que la souffrance passe, mes yeux restent rivés sur la porte. J’aimerai appeler à l’aide, que quelqu’un accourt pour que ça cesse et me sortir de là. Rien ne se passe. Le temps est long, très long.

Lorsqu’enfin la crispation de mes nerfs semble s’apaiser, je retrouve un semblant de conscience. C’est une routine à laquelle je dois m’habituer depuis plusieurs jours, au moins le temps que mes plaies les plus graves se renferment. Alors puisque bouger me semble pour l’instant impossible, je fais au moins l’effort mental d’essayer de me rappeler du bilan. Entre Naboo et Borosk, mes réveils ont été courts, chaotiques et ponctués de moment de douleur et d’injection de morphine. Je ne me rappelle que par flash de la bataille, des crashs des vaisseaux et de Thrace qui m’a traîné à l’abri. C’est grâce à elle si je suis encore en vie aujourd’hui, et pendant un instant, je m’inquiète pour elle aussi. J’aimerais avoir des nouvelles, savoir comment elle va. Sieana aussi, qui était avec nous et qui s’est interposée face au jedi. J’ai conscience que le bilan sera lourd, mais on ne m’a rien dit pour l’instant. Il faut dire que je suis à peine conscience de mon propre bilan de santé. On m’a seulement dit que je vais rester dans cette chambre un petit moment, alors que je déteste déjà l’endroit.

Dans le couloir, j’entends que ça s’agite encore. Quelqu’un est sûrement sur le point de trépasser. La guerre est cruelle. J’essaye de me redresser, mais la douleur me déchire le poumon gauche et m’arrache un grondement. Ma main se pose instinctivement sur les bandages qui couvre ma blessure, et je me rappelle du tir explosif que j’ai pris de plein fouet et qui a enfoncé mon armure. En plus de ça, ma jambe droite est immobilisée. On m’a parlé d’un vaisseau qui m’a heurté, dont je ne me rappelle pas. Il paraît que j’ai eu de la chance, mais je me sens terriblement impuissant, enfoncé dans mon matelas, mis au tapis par des ennemis dont je ne me rappelle même pas le visage. Un soupir désespéré et consterné m’échappe, et à cette note la porte s’ouvre soudainement.

C’est un droïde qui surgit, alerté par une machine qui bippe trop vite à côté de moi. Il zoome sur la perfusion accrochée à ma main, et y injecte quelque chose pour soulager la douleur, qu’il dit. J’ai à peine le temps de le saluer en le voyant refermer la porte que déjà je sens mes muscles se détendre. Au moins, je respire plus sereinement. Le sommeil ne me prend pas pourtant. Je fixe un long moment le plafond, et puis comme l’ennui réveille de nouvelles douleurs, je décide de jeter un coup d’œil à l’intranet de mon service. Malgré mon état, je ne veux et dois rien manquer des nouvelles, sans quoi mon retour sur le terrain n’en sera que plus retardé. Les nouvelles d’ailleurs, elles sont chaotiques. Les effets de la bombe sith sur Naboo sont dévastateurs et les vidéos transmises sont terrifiantes. Les habitants se déchirent comme des animaux devenus fous. Je reste sans voix devant les faits, horrifié à l’idée que personne n’ait pu démasquer une telle arme plus tôt.

Et puis il y a pire. Il y a cette annonce, de la mort du second des rogues. Je porte un intérêt tout particulier à l’article, parce que mes pensées vont immédiatement à mon frère. Cet idiot était probablement sur le champ de bataille lui aussi, et je renonce finalement à tout lire, pour ne pas apprendre son décès comme ça. Je n’ai pas besoin d’une nouvelle mauvaise nouvelle pour l’instant. Je pianote rapidement un message inquiet à l’intention de Sukrass, parce qu’il était lui aussi sur Naboo et son silence est perturbant, et puis je retrouve mon calme immobile de départ. Le silence laisse mes pensées s’égarer et imaginer les pires scénarios comme les meilleurs.

Finalement, la porte s’ouvre à nouveau, et je sursaute presque face à cette visite inattendue. Un coup d’œil vers la porte me permet de poser le regard sur la bouille bleue que je reconnais bien. « Thrace ! » Je m’exclame sous la surprise, et mon visage s’illumine immédiatement, malgré le contexte. Elle aussi a été touché au cours de la bataille, alors la voir debout devant moi ne pouvait pas me rendre plus heureux, et me redonne espoir pour tout le monde. « Comment ça va ? » Je lui demande immédiatement, parce que même si elle tient debout, il y a de quoi être physiquement et moralement atteint après une bataille pareille.
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They promise you heaven, give you hell
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J’avais repoussé mon séjour à l'hôpital aussi longtemps que possible. Au retour de la bataille, le diagnostic rapide avait simplement affirmé que je n’avais pas de traumatisme cérébral et aucune fractures. Malgré une grosse perte de sang, une collection de contusions et de quelques côtes potentiellement fêlées, je restais apte à travailler. Je n’avais pas regardé plus loin, j’avais beaucoup trop à faire. J’étais encore debout et nous étions trop peu à avoir eu cette chance, alors j’avais mis la douleur de côté, enchaînant la coordination de l’évacuation, l’escorte en vol puis les innombrables tâches administratives depuis que nous étions de retour aux abords de Borosk.
Ces derniers jours, j’avais à peine dormi, limitait mes blessures à grand renfort de patchs de bacta qui me faisaient un mal de chien et mes rares repas avaient été constitués de ration prises à la hâte, entre les interminables piles de données à traiter ou dans le couloir menant de mon bureaux aux salles de briefing. Mes brèves périodes de sommeil étaient entrecoupés de flash de la bataille de Naboo et je passais finalement plus de temps à méditer pour retrouver mon calme qu’à dormir.
Inutile de dire qu’au bout de quelques jours de ce traitement, je n’avais pas bonne mine. Ce devait même être flagrant pour que Thrawn me le fasse remarquer sur la passerelle du Precursor, discrètement, certes, mais brisant tout de même notre habituelle règle de drastiquement séparer le personnel et le professionnel. Enfin, il ne brisait pas vraiment la règle, c’était aussi le commentaire d’un Grand Amiral s’assurant que son second ne risquait pas de tomber interne sur le sol de la passerelle, mais nous savions tous les deux que dans le fond c’était une inquiétude personnelle. Sinon il m’aurait fait la remarque en basic.
C’est vrai que je n’avais pas bonne mine : j’avais les traits tirés, des cernes tirants sur l'indigo et l'hématome de mon front avait commencé à coloniser le côté de mon visage, le tout accentué par ma pâleur générale. Le plus alarmant était que mes yeux étaient un peu moins luminescent qu’à leur ordinaire, ce qui était un signe on ne pouvait plus net qu’il était temps que j’arrête mes bêtises. Je me résignais à quitter mon Destroyer pour la première fois depuis Naboo pour rejoindre le sol de Borosk.
L'hôpital était en effervescence ; beaucoup d'allées et venues depuis la bataille. En tant qu’officier de la flotte je bénéficiais d’une priorité dans les soins. En général je refusais d’en jouer plus que nécessaire mais comme je ne pouvais pas me permettre d’attendre des jours pour obtenir des soins, j’allais devoir l’accepter, pour une fois. Je me retrouvais donc bien trop vite à mon goût dans une salle immaculée qui me rappelait de très mauvais souvenir. Les souvenirs étaient confus, ce n’était peut-être pas celui de Borosk, mais les hôpitaux étaient tous un peu les mêmes et je ne pouvais plus voir ces pièces de soin sans repenser aux opérations à n'en plus finir, à la souffrance omniprésente… Ktah, j’étais en train de paniquer, même si cela pouvait passer inaperçu pour n’importe qui, le droïde médical qui mesurait mon rythme cardiaque ne pouvait pas l’ignorer.
- Il y a un problème Capitaine ?
- Mauvaise association de souvenir. Continue.
Je fermais les yeux en me concentrant sur mes exercices de respiration, le calme revint assez vite, ce qui n’était pas de trop quand le droïde retira la bande qui couvrait ma blessure à la tête, réanimant la douleur dans un élancement qui me fit crisper les mains sur les accoudoirs.
- Vous réagissez très mal au bacta. Commenta le droïde.
- Sans blague. Rétorquais-je les dents serrées.
- Je vais voir si nous n’avons rien d’autre.
- J’ai demandé des dizaines de fois une dérogation pour obtenir du kolto, c’est refusé à chaque fois et il n’y a rien d’autre. J’ai déjà demandé verifi… Oh ! Reviens !
Je ne cachais pas mon irritation en voyant le droïde quitter malgré tout la pièce, sans doute pour aller fouiller dans la réserve où je savais pertinemment qu’il ne trouverait rien. Il me laissait seule dans une salle de soin et ma blessure recommençant à saigner en me maculant le visage. S’il agissait comme tous les autres avant lui, j’en avais pour un moment. Je me levais, me servit en compresse et en bande et épongeais moi-même le tout avant de me bricoler un pansement de fortune.
Ce n’était pas plus mal, j’avais tablé sur l'opportunité d’avoir un peu de temps libre pendant mon séjour ici, il y avait quelqu’un en particulier que je tenais à voir au plus vite. Je quittais la pièce en m’assurant que mon comlink était bien actif, que cette tête de banta de droïde puisse me retrouver quand il aurait compris que NON il n’y avait rien de plus adapté à ma biologie ici.
Je retournais à l’accueil de l'hôpital pour demander le numéro de la chambre de Nael Thrawho. Bien sur, on me posa quelques questions vu que j’étais censée recevoir des soins à cette même heure et qu’il était surprenant de me voir du côté des visites. Une fois de plus je fis jouer de mon grade pour éviter les questions et obtenir ce que je cherchais. Ils n’insistèrent pas et c’est toujours avec le plus grand naturel que je me joignis à un groupe de visiteurs dans un ascenseur, jusqu’à l’étage où se trouvait la chambre de mon ami.
J’avais craint qu’il ne dorme quand j’arriverais, mais ce n’était pas le cas. Le voir éveillé et souriant, même s’il ne respirait pas la forme non plus, suffit à me réchauffer le cœur. Salut Nael. Je m’approchais de son lit, consultant d’un bref regard les graphiques attestant de son état. Au fond de moi, je sentis céder une pression qui ne me lâchait plus depuis que je l’avais vu s'effondrer, touché, sur le champ de bataille. Cette étreinte glacée sur le cœur qui me prenait à chaque bataille, qui ne s’en allait jamais vraiment tant que je n’avais pas vu les personnes de mes propres yeux en vie. Les rapports étaient une chose, mais je n’y croyais que quand je le constatais. Peut-être que j’avais déjà vu trop souvent tomber des gens que j’aimais. Depuis Naboo, chaque jour j'apprenais de nouvelles pertes, des noms que je connaissais, de loin souvent, de près, parfois.
Je m’approchais en affichant un sourire épuisé, mais soulagé.
- Ça va, comme ça peut aller, j’imagine. Le droïde médical m’a laissée en plan. Répondis-je pudiquement. Comment tu te sens ? Tu as l’air d’avoir été piétiné par un gundark.
Comme il ne semblait pas mécontent de me voir, ni en trop mauvais état, je me permis de m'asseoir auprès de son lit.
- Ça me fait plaisir de te voir. Ces derniers jours ont été... Difficiles.

 

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