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Remise au poing - PV Dune

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Une violente secousse propulsa Errol contre une surface métallique. Il poussa un grognement sourd et tenta de se stabiliser. Ses mains, liées, l'effleurèrent doucement. C'était glacé. Tout était glacé ici.

Il avait eu des soucis il y a peu. Du genre qu'il aurait préféré éviter, mais globalement, il s'en était bien sorti. Et puis, quelques jours plus tard, il y avait eu les premiers chasseurs de primes. Il s'en était bien tiré la première fois, prenant la fuite grâce à son jetpack, et il ne lui restait de cette rencontre qu'une vilaine brûlure à l'épaule droite. Le corellien avait alors compris qu'il risquait de mettre plus de gens en danger qu'autre chose en trouvant refuge sur la station, et il avait décidé de se cacher ailleurs un moment. F4 lui avait parlé de Bryndar, cette planète lointaine et totalement inhospitalière. Un refuge pour les exilés, un repaire pour les traites, raclures et autres spécimens peu recommandables. Le compagnie ne serait certes pas agréable, mais s'il faisait gaffe, il ne devrait pas avoir de trop gros soucis.
Errol avait donc mis cap sur Bryndar à bord d'un vaisseau contrebandier qui devait y faire escale. Et tout allait bien jusqu'à ce qu'il aille prendre un verre dans la cantina du coin. Il avait perdu conscience. Et s'était réveillé dans quelque chose d'étroit, qui bougeait, propulsé par un moteur sous ses pieds. Un speeder, cela devait-être ça. Il n'avait pas de certitude, les yeux bandés, les mains attachées dans le dos. Ah, et ses pieds aussi. On avait fait les choses bien.
Il ne savait pas depuis combien de temps il était comme ça. Il avait froid, ça oui, c'était certain. Quelle idée d'aller finir ses jours sur un monde de glace ? Quitte à choisir, il aurait préféré quelque chose de plus exotique, ou de plus classe. Une sueur froide lui coulait le long du cou. Il frissonnait comme pris d'une fièvre soudaine. Il allait bientôt mourir. Il n'avait pas fait un tiers des choses dont il avait rêvé. Il n'était pas forcément fier de ce qu'il avait fait, du reste. Mais sa cause était juste. Il inspira longuement. Oui, sa cause était juste. « Eh vous les gros-tas ! » Cela devaient être des gros tas, les chasseurs de prime qu'il connaissait baignaient souvent dans la graisse. « Quel que soit le prix qu'on vous a promis, sachez que je peux mettre le double ! » Bon, pas tout de suite peut-être. « Il vous paiera jamais de toute façons cet enfoiré, il va vous arracher la tête et la donner à manger à ses chiens kah ! ». Il tenta de tambouriner la paroi, histoire de se faire bien entendre. Ce n'était pas chose aisée avec les mains dans le dos.
Il fallut encore un long moment avant que le speeder ne s'arrête quelque part. Errol entendit des bruits de pas crissants sur la neige, et sentit la lumière du jour sur son visage. Une main ferme le tira d'un coup sec et il tomba. Le froid se saisit violemment et il gémit de douleur. Il devait faire si froid que son corps gèlerait dans l'heure. Quelle mort horrible ce serait. Un coup de blaster bien placé, ça devait bien plus agréable. Une voix grave, rappeuse, le tira de ses pensées. « Turiell Haffam, tu as contrarié les mauvaises personnes. Tu vas mourir maintenant. » Ouais, ça il savait. « Moi c'est Errol, tu t'es gouré mon vieux. Tu peux au moins me relever le bandeau qu'on puisse se toiser d'homme à homme ? ».
Un choc violent. Au niveau du torse. Errol s'étala à nouveau dans la neige brûlante, le souffle coupé. La douleur était saisissante, et il sentait le sang battre à son épaule avec force. Le corellien parvint à se mettre à genoux. « C'est donc ça, être chasseur de primes ? Tabasser un homme sans défense avant de le tuer ? T'as vraiment aucun honneur fils de Hutt ! ». Quitte à crever comme un chien, autant le faire avec l’irrévérence et la témérité des corelliens.
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L'homme osait lui toucher la joue bien sûr, il y avait quelque chose de fraternel dans ce geste, d'aimant aussi. D'amant.
Ou bien de père? Tout se mélangeait... Et Dune ne bougeait pas, gardait le regard sombre, ainsi qu'elle le possédait. Il y avait des menaces dans l'univers, tout comme il y avait des choses sans conséquences, à elle de choisir comment gaspiller son énergie.

“-La récompense sur ta tête n'a toujours pas augmenté, Dune? Dommage, tu m'aurais rapporté un sacré pactole”

Oui, dommage, sauf que sa vie ne valait rien, pas même un effort de souffle. Et cela lui sauvait la mise aujourd'hui encore, dans ce repère de brigands. Parce que Dune n'était pas un assez gros poisson à pêcher...

“-Bon, ça sert à rien de te tuer, mais tu dirais quoi de m'épouser? Ca passerait le temps et je saurai te trouver des occupations plus lucratives...”

Une blague qui revenait souvent, la demande en mariage. Certains étaient sincères, d'autres moins corrects. Quelques uns proposaient également de sauter le mariage pour aller directement à l'étape suivante, histoire de rigoler. Il y en avait aussi qui proposaient de payer.
Les chasseurs de primes vivaient dans un monde de violence et de coups bas, ils pouvaient nourrir le fantasme d'une vie stable, honorable, mais ne la posséderaient jamais. Aucun d'entre eux ne mourrait dans son lit entouré de sa famille, de ses amis, bien au contraire ils mourraient par leur famille quand ils en faisaient une, par leurs amis également.

Offre-moi un verre, c'est mieux...”

L'homme, partant d'un grand éclat de rire, fit signe au barman de la cantina minable dans laquelle ils se trouvaient.
Il avait vieillit depuis leur dernière rencontre, cela accentuait la dureté de ses traits jusqu'à la frontière même de la méchanceté. On leur apporta de quoi boire, il paya.
Dans cette cour des miracles, Dune n'avait rien à attendre des uns et des autres. Elle se contentait de boire les verres qu'on lui offrait, de refuser les contacts comme un courant d'air, d'attendre ce qu'elle jugeait être le moment opportun.
Pour...pour quoi exactement?
Quelque chose, partir, rester, savoir quoi faire, se saisir des occasions présentées.
Du coin de l'oeil, la jeune femme vit un autre homme qu'elle savait du même métier qu'elle, sortir du bâtiment.
Elle lui laissa une dizaine de minutes d'avance avant de le suivre, assise près d'une fenêtre Dune avait pu constater qu'il ne se dirigeait pas vers le spatioport mais bien l'intérieur des terres avec un speedster.
On ne restait pas à Bryndar pour la beauté des paysages quand personne ne nous recherchait, on s'attardait juste le temps de récupérer notre argent.
Ou la personne sensée nous en rapporter.

Dix minutes plus tard, dehors elle aussi, Dune commença à marcher. Elle n'avait pas les capacités de piloter, pas avec son handicap, ne restait que la simple option de ses jambes. Fort heureusement, le véhicule de son collègue était vétuste, comme chaque chose sur cette pnaète, et il faisait le coup classique des tours et des détours pour déstabiliser la victime qu'il transportait sûrement. Au final, il n'était pas loin, Dune pu arriver -complètement essouflée- alors que s'achevait le petit dialogue.

Les chasseurs de primes ont aucun honneur, ça se saurait. On tabasse des hommes sans défense et....on se pique des proies

Un tir de blaster, rapide, précis -par miracle- et l'autre chasseur s'effondra, plus mort que vif, surtout mort en fait. Très mort.
Il ne manquerait à personne ici, les malfrats ne possédaient pas de justice.
La proie restait attachée, une bonne chose. Curieuse de voir la marchandise, Dune se pencha pour lui enlever le bandeau.

Turiell Haffam ?

Le bout de tissu tomba à terre, la jeune femme éclata de rire.

C'est toi, Majesté?

Et, d'un geste sûr, elle trancha ses liens, hilare.
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Errol n'avait jamais pensé à la manière dont il allait mourir. Il savait que ce jour allait venir, surtout après avoir commencé à se faire beaucoup plus d'ennemis dangereux que d'amis bienveillants, et il se doutait bien que ce serait moche et probablement stupide. Il n'avait pas envie de finir comme ça, un pistolet sur la tempe, les yeux bandés, à genoux dans la glace. Ouais, ça craignait un peu. Et puis personne ne serait au courant avant un moment. F4 finirait par prévenir quelqu'un peut-être, s'il ne finissait pas dans un cargo douteux. S'il ne l'était pas déjà. C'était drôle de penser à ce droïde quand la fin passe devant les yeux et que le souffle se fait plus lent, plus calme.
Accepter. Ne pas penser aux regrets. Ne pas penser aux choses qu'on aurait aimé dire et qui ne sont pas sorties, alors qu'il aurait fallu pourtant. Toutes ces fois où la voix s'enraye dans la gorge, où l'autre s'en va sans savoir. Ne pas penser aux choix qui n'ont pas été les bons. Il aurait pu être si différent, Errol. Être un homme droit, respectable, peut-être. Vivre vieux, paisible, loin de ces soucis, loin du Ryll qui lui ravageait le crâne.
Le Ryll. Un mauvais choix. ''Si j'm'en sors, s'il y a du Divin en ce monde, oui, j'arrêterai le Ryll''. Son plus grand regret. Son plus grand besoin. L'extase qui se transforme en cendres. Les cendres qui restent dans sa gorge, écœurantes. Et puis, l'odeur qui revient. Le besoin. L'envie de tout envoyer foutre en l'air. De jouer encore un peu à pile ou face. Gagner. Et perdre.
Et puis merde, il était temps maintenant. Il était prêt. Qu'on en finisse.

« Turiell Haffam ? » Il sursauta. On lui enlevait le bandeau. C'était bizarre ça, il se serait attendu à être déjà mort. Et puis cette voix, elle lui disait quelque chose. A moins qu'il ne soit déjà mort. Avec le stress, il n'avait peut-être rien senti. A moins que ce soit pour se rire de lui, un coup avant la fin. Ce serait pitoyable... A quoi bon faire traîner les choses maintenant ?
Le soleil lui frappa les yeux, l'éblouissant violemment. Il voulut se protéger de la main, mais elle restait attachée dans son dos. Bigre. « C'est toi, Majesté ? ». Un petit rire. Épices, maison, essence. Perdition. Abandon. Étoiles. Dune. Dune. Dune. Il entrouvrit les yeux. La glace s'étendait à perte de vue, dans les montagnes au loin. Il y avait un rebord pas loin. Une falaise. Le bleu béant du ciel. Ça aurait été un bel endroit pour mourir. Le corellien commençait à retrouver les sensations normales. Il s'était coupé du monde sous la peur. Une violente douleur à la poitrine, ouais, il avait pas rêvé jusque là. Le froid qui lui transperçait la peau était bien réel lui aussi. Mais Dune ? Était elle réelle ? Que faisait-elle là ? Était-ce un mirage du à son état de choc ?
Il se releva péniblement, une grimace incontrôlée au visage. D'une main tremblante, il effleura la joue de celle qui venait, visiblement, de le sauver. Oui, il sentait sa peau. Il laissa retomber son bras, et poussa un long soupir de soulagement. « Je démissionne, Dune. Être roi ça attire bien trop d'emmerdes. »
Dire merci c'était si dur que ça ? A vrai dire, un merci ne suffirait pas. Il était encore bien en vie. Il n'y avait pas de mots pour qualifier ça. Le voleur se dirigea vers le landspeeder pour s'abriter du vent qui le tiraillait de plus en plus et plongeait son corps tout entier dans des spasmes incontrôlés. Il vit au passage un corps étendu, qui devait être son agresseur, prenant bien soin de lui marcher dessus. Ça faisait du bien. Il ne savait pas que dire. La situation était tellement étrange et pourtant si réelle... Et pourtant, Dune était là, et il ne pouvait rester plongé dans un silence perpétuel. « Tu sais, j'ai croisé un Wookie autrefois. Il était cool, sous ses airs de brute épaisse. Si j'étais un Wookie, je considérerai que je te dois une dette de vie. » Il marqua une pause, hésitant. « C'est peut-être un peu le cas. Tu vois cette barbe, là ? Je dois avoir des gênes Wookie. » Ouais bon, c'était toujours pas ça.
Errol se souvint soudain de quelque chose, et il sorti un petit objet d'une de ses poches. Une broche. Il la montra à son amie. « Dis, pisteuse des étoiles, comment ça se fait que tu sois là juste au moment où je vais commencer à manger les pissenlits par la racine ? Tu n'aurais pas laissé un souvenir par ici qui t'as permis de me retrouver ? Tu voulais pas vraiment me laisser longtemps seul avec F4, c'est ça ? »
F4. S'il avait été là, la situation aurait pu être comique. Il faudrait qu'il lui raconte un jour qu'il fut l'un des derniers à lui venir en tête le jour de sa non-mort.
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Elle ne pouvait pas lui raconter grand chose, pas même ses intuitions, celles capables de lui faire traverser l'espace et les planètes.
Dune ne les écoutait pas toujours bien sûr, parfois elle en payait le prix, parfois il n'y avait aucune conséquence. La jeune femme possédait trop peu d'extraordinaire en elle pour espérer être d'un quelconque poids. Elle venait de sauver la vie d'un homme pourtant, parfois cela comptait. Il se débattait pour lui dire merci, les mots semblaient geler un peu, cela pouvait être sa perception aussi.
Secrète encore une fois, la jeune femme se contenta de sourire. Abandonner , déposer couronne, ne plus être roi? Elle le laissa parler, ne répondant qu'avec ses yeux : En ce cas il va me falloir un nouveau souverain...

La brune croisa les bras, le chemin pour rentrer serait long si elle ne se perdait pas tout simplement entre la neige et les ravins. Elle savait retrouver les gens, une vérité, mais elle, qui jamais la retrouvait? Ne pas penser à la solitude, ne jamais penser, oui. Il y avait des forces autour d'eux, en eux, parfois elles s'effaçaient pour les laisser mourir et nul ne pouvait prévoir ce jour à l'avance.

J'avais deviné pour le côté wookie je crois bien, et ça arrive à tout le monde de se retrouver du mauvais côté d'une arme

Sa broche à cheveux, il l'avait gardé? C'était idiot, ça ne pesait rien bien sûr mais des choses plus utiles pouvaient tenir dans un sac à la place. Sans compter que la gravure du nom empêchait la revente de l'objet, à présent il risquait de lui accorder une valeur superstitieuse de plus. Des idioties. Elle n'aimait pas le sentimentalisme, Dune, ce genre de choses ne sauvait pas des vies.
Pas la sienne.
Les sentiments et humeurs simples n'étaient pas des émotions qu'elle connaissait, qu'elle éprouvait. Pour la jeune femme, tout recelait danger et sens caché, cela était sa vie.
Avec curiosité, elle prit la tablette de l'homme mort pour savoir ce que valait Errol niveau prime.

….

Ah oui quand même...

Dune laissa échapper un sifflement admiratif, relevant les yeux vers son ancien complice. Ca faisait de l'argent tout ça, pas mal. De quoi partir d'ici déjà, et puis s'offrir un peu de répit quelques part.
Et des nouvelles fringues, personne cracherait sur de nouvelles fringues.

Il est pas là, ton robot?

Le silence environnant semblait indiquer que non. L'annonce de la prime indiquait mort ou vif, Dune pouvait se prendre au jeu d'un choix moral pendant quelques secondes encore: le tuer ou le trahir en lui laissant la vie sauve?
Elle n'avait pas vraiment d'amis, non en fait elle n'en possédait aucun vraiment, quant aux gens capables de se souvenir d'elle....seul Errol semblait en faire partie.
Mais se souvenait-il d'un fantasme, d'un mensonge ou d'une personne réelle?
Il lui avait proposé un jour de naviguer avec lui. On oubliait de telles promesses, Dune l'avait fait.
L'argent effaçait tout, la solitude aussi.
Dans un geste porté par autre chose que son propre corps -car la Force lui donnait parfois l'énergie de dépasser le handicap- Dune avait levé le blaster, mettant Errol en joue.

Tu vaux pas mal d'argent, Errol...
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Errol était soulagé. Soulagé de s'en sortir si facilement, avec si peu de peines – bien que, de toutes évidences, ses côtes allaient se souvenir longtemps de ce périple en terres de glace. Soulagé de retrouver Dune aussi. Il avait pensé à elle, un peu, quand la nuit s’engouffrait en lui et que le silence régnait en maître, murmure parmi les murmures. Elle était un mystère. Un mystère qu'il avait à peine effleuré, mais en se ressassant l'étrange soirée astrale, il ne parvenait pas à la comprendre. Lui qui avait tant de facilités à lire dans ses congénères se retrouvait perdu, et cela l’obsédait alors. Pourquoi avait-elle eu l'air d'avoir des humeurs si instables ? Pourquoi avoir choisi de partir seule, de son côté, alors qu'elle semblait souffrir de solitude et pâtir de la pauvreté ? Il ne lui promettait pas la grande vie, c'était vrai. Il ne lui promettait pas grand chose. Une personne à qui parler quand elle en avait envie, et des plans foireux qui étaient sensés suffire largement pour une vie tranquille. Elle ne voulait peut-être juste pas de compagnie. Mais dans ce cas, pourquoi, pourquoi, se mettait elle à sourire et rire en le retrouvant, le qualifiant de roi à nouveau ? Il n'avait rien d'un roi. Un roi est entouré, un roi est conseillé. Il n'avait ni l'un ni l'autre. Il était sur le point de crever comme un misérable pour une arnaque qui n'avait fait de mal qu'à l'égo d'un homme trop ambitieux.
Mais contre toute attente, elle lui avait sauvé la vie en abattant froidement son agresseur. Tant mieux. Il avait encore envie de vivre, c'était sûr. Il avait envie de prendre le temps de réfléchir au sens de sa vie, de pouvoir faire le point. C'était comme un point de rupture. Elle le sauvait, et à partir de cet instant, il n'était plus sensé être vivant. Il était sensé être inerte et gisant, la tête dans la neige, à la place de cette homme là, qui avait manqué de chance. Le destin lui offrait une prolongation, mais la mise en garde était claire. Ne t’égare pas trop, Errol Squint.
«  Il n'est pas là, ton robot ? ». Errol revint à lui. Il tenta de se couvrir autant que possible, à l'abri du vent et de la neige qui virevoltait tout autour du landspeeder. « F4 ? Nan, il avait pas envie de me voir crever, il a préféré attendre là bas sagement. J'te jure, je sais pas ce que je fous avec ce machin inutile. » Dans un sens, c'était aussi bien. Il n'allait pas avoir à lui rappeller sans cesse qu'il avait échappé à la mort de si près.
Il faisait vraiment froid. Dune semblait plongée dans ses pensées, et elle ne semblait pas en souffrir, elle. Mais le corellien avait juste envie d'un coin tranquille, près du feu, à siroter un mauvais alcool fort. « Bon, je ne voudrais pas te brusquer, mais ça ne te dérangerait pas qu'on y aille ? On a sûrement un peu de chemin à faire pour retourner au chaud, et ce serait con que je crève de froid maintenant. ». Dune, les cheveux dans le vent, sembla revenir à elle, et elle se tourna vers lui. D'un geste vif, elle pointa son arme sur lui. « Tu vaux pas mal d'argent, Errol... ».
Le temps s'était arrêté. Le mécanicien ne comprenait pas ce qu'il se passait. Il la voyait, se tenir à une vingtaine de pas, le canon pointé vers son torse. Ses yeux étaient froids et durs, elle ne plaisantait pas. Elle allait le tuer pour récolter la prime. Dune, celle qu'il pensait son amie, celle avec qui il s'était égaré le temps d'une nuit. Une somme sur sa tête, et hop, ça c'était brisé. Le rêve volé en éclats. Le destin était farceur, au final. Le sauver d'une mort atroce pour le plonger à nouveau dans cette angoisse qui le tétanisait, qui lui broyait le cœur, qui l'étouffait. La pulsation qui se fait de plus en plus présente, le sentiment d'échec. Un échec de plus, celui de ne pas avoir suffi à être assez aimé ou apprécié pour se prémunir de cette situation. Il ferma les yeux en expirant lentement. Bon. Il allait vraiment mourir alors, ouais. Par la main de Dune. C'était moche.
Dune ne tremblait pas. Son corps devait palpiter sous l'adrénaline de la chasse, le prédateur qui tient enfin sa proie et qui n'a qu'à faire un geste pour prendre sa vie. Il leva les mains en l'air, assez haut pour ne pas constituer de menace. Dans une autre situation, il se serait battu, il aurait essayé. Son couteau à la ceinture lui avait déjà servi, son blaster aussi, et il était assez bien équipé pour avoir une chance de prendre le dessus. Mais le bout du canon était à une vingtaine de pas, et elle ferait feu au moindre mouvement suspect. Il n'avait pas la moindre chance de l'emporter comme ça.
« Une rencontre rentable, hein ? Qui l'aurait cru ? Le roi d'or qui est bel est bien fait d'or. T'as qu'à appuyer sur la gâchette et la magie opère. Tu seras riche Dune, un temps. » Fichant son regard dans les siens, Errol fit un pas en avant. S'arrêta. « Et tu retourneras à la misère. Et tu devras traquer et tuer, encore. Tourner le dos à ceux qui t'ouvrent les bras. » Sa gorge se nouait, les mots peinaient à sortir distinctement. Le souffle coupé, le cœur en feu, il fit un pas de plus et s'arrêta à nouveau, la neige immaculée tournant tout autour de lui. Une larme lui échappa, et commença à rouler sur sa joue, perle salée. « La richesse que tu convoites c'est du vent Dune. Elle va fondre en tes mains. Et quand viendra ton heure, tu mourras seule. Et malheureuse. Parce que ce n'est pas ça, être riche. » Il était proche désormais. Et sanglotait silencieusement. Une quinzaine de pas tout juste. Peut-être moins. « J'peux rien t'offrir qui rivalise avec ce que tu convoites. Alors, vas-y, fais le vite... Fais le bien. Tire maintenant.». Le visage effondré, ravagé par la peine et la peur, Errol fit un pas de plus. « TIRE MAINTENANT ! », hurla-t-il, de toutes ses tripes.

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Elle était née différente, le monde tel que le construisaient les hommes ne voulait pas d'elle, de ses faiblesses. Pour survivre, Dune se créait ses propres règles, sa propre moralité, losque Errol ne faisat qu'effleurer cet univers.
La jeune femme le regardait, calme, l'arme toujours pointée vers lui. Elle ne chercha pas à se justifier, à expliquer. Ëtre un monstre, l'accepter. Oui, cela voulait dire trahir, être plus pauvre que riche -mais comment être autrement dans une galaxie si vaste quand les lois de la nature vous empêchait de piloter?- ne connaître que la solitude.
La solitude, elle la connaissait, oh elle la connaissait tellement, modelant son monde, son univers. Pas de compagnon pour Dune, elle était trop faible pour cela, ne voulait pas quelqu'un profite d'elle, de ce qu'elle ne pouvait pas faire.
Ne voulait pas être inférieure.
Qu'on la porte comme un poids, qu'on lui demande compensation. Tous ne pensaient pas ainsi bien sûr, pour la jeune femme ce n'était pas une excuse pour baisser sa garde.
Elle le décevait, un constat simple, sinisre, elle le décevait.
Et alors?

Ne gaspille pas ta salive, Errol, je connais le monde et les ténèbres. Je sais ce que je vaux et ce que je ne vaux pas également...”

Il y eut un cri, un sifflement alors, et cela n'avait rien d'humain : la glace craquait. Il y avait le vent pour lui écorcher les oreilles déjà, et puis la neige, et le sol qui se révélait instable...Elle tournoyait, Dune, ne doutait pas de ses choix, de ses décisions, mais portait en elle toute une trop grande tragédie.
La Force était en elle, la Force ne l'aida pas. Un éclair blanc, fourrure et mort, odeur de charogne, odeur de cadavre, cri étouffé, le blaster que l'on lâche, le bras que l'on tend dans un geste de désespoir, le corps qui fait mal...
Un fauve, quelque chose, avait bondi des glaces pour fondre sur elle.
Elle n'appela pas à l'aide, n'en attendait aucune de l'homme qu'elle aurait pu tuer, ne demandait rien, suppliait encore moins.
Les griffes du prédateurs – était-il domestiqué, appartenait-il à quelqu'un?- lui labouraient le bras jusqu'au sang, la jeune femme hurla. Un son clair, sans honte, sans regrets. Le cri primaire qui ne désirait rien, pas même la pitié.
Dune essaya de repousser le prédateur, eut un gémissement rauque. Elle entendit claquer les mâchoires, sentait l'air chaud et puant s'exhaler de la bouche du monstre.
Mourir ou ne pas mourir, la vie restait un jeu, parfois il fallait savoir perdre. Elle n'imagina pas tous les mondes qu'elle aurait pu visiter encore, les mots qu'elle pouvait dire, les visages qu'elle pouvait voir. Son coeur était froid, capable d'amour mais capable de survivre avant tout.
La jeune femme voulait survivre, ne se laissait pas le temps des sentiments, voulant profiter de chaque seconde pour attraper une courte vibrolame dissimulée dans sa botte.

Errol pouvait l'aider, Errol pouvait l'abandonner bien au contraire. Pour l'heure, Dune ne pensait plus à lui, l'effaçait de son esprit, seul restait le monstre.
La vibrolame tomba soudain de sa main: la jeune femme était perdue.
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Il n'y avait plus d'Errol. Il n'y avait plus l'homme. Il avait fondu, colère, haine, désespoir, rancœur, tristesse, et s'était dispersé dans les flocons de neige qui tombaient de plus en plus, de plus en plus gros. La conscience s'était échappée du corps, et elle brûlait atrocement. La conscience de ce doigt sur la gâchette, de ce souffle qui allait se relâcher d'un moment à l'autre, du néant qui allait l'engouffrer soudainement. C'est drôle à quel point on ne pense à rien avant de mourir. Formuler une phrase, c'est déjà faire l'effort d'espérer. L'espoir s'était consumé, cendres parmi les cendres. Brut, l'instant était brut. Et il était prêt.
Il ne vit pas tout de suite l'ombre blanche surgir d'un rocher pour que Dune s'y engouffre. Mais elle se fit emporter par la vague, et se retrouva plaquée au sol, une énorme boule de poils au dessus, et un grognement. Un grognement sourd, féroce, un grognement qui râpe la roche et tord l'acier. Un rugissement de l'abîme aussi, qui signifie aux oreilles incertaines que la fin est juste là. Elle était au sol, elle allait mourir -sûrement-, alors qu'il se tenait encore un peu dans son corps et qu'il pouvait espérer trouver refuge dans le landspeeder le temps que cela passe. La laisser aux griffes et aux crocs ensanglantés, c'était tout ce qu'elle méritait. Méritait-elle de mourir et lui de vivre ? Méritait-il de mourir et elle de vivre ? Vivre, pour quoi faire ? L'un et l'autre ne semblaient pas avoir de réponse. C'était peut-être pour cela que le destin les frappait là.
Le destin n'avait pas sa place dans cela. Non, sa vie était entre les mains de Dune. Qu'elle lui prenne la vie ou pas, elle l'avait sauvée juste avant, c'était à elle de prendre ses responsabilités à son égard, et pas un vulgaire chaton des neiges. Elle devait le guider maintenant. Dans la vie, dans la mort, pas moyen qu'elle en réchappe.

Le corellien sortit son blaster et tenta de viser les crocs de la créature. Ses mains tremblaient – le stress, peut-être? - et il n'avait pas moyen de contrôler ça rapidement. Alors, sans réfléchir un instant de plus, Errol sortit son couteau et se rua sur le félin en hurlant. Il lui donna un coup de pied au niveau du torse, et il pivota pour lui faire face, crachant de toutes ses forces à la manière des siens, trop apeurés ou paresseux pour faire face à un adversaire. Lame sortie, l'homme cracha à son tour, imitateur parfait, et plia les jambes, prêt à faire face. Cela devait laisser le temps à Dune de se relever si elle n'était pas déjà trop amochée. Le monstre bondit à une vitesse surprenante, il brandit son arme. Chevalier, il l'avait été dans son enfance, sur les chantiers perdus, il pouvait bien l'être une dernière fois. Son épée déchirait le ciel elle aussi, et son armure s'était muée en insouciance suicidaire. L'éclair sauvage le frappa à sa droite, le déséquilibrant assez pour qu'il perde l'équilibre et ses retrouve les fesses dans la neige, le bras tendu. Les griffes lui avaient fendu la chair, et son bras lui sommait d'être un peu moins con. Il se releva au plus vite, le bras replié contre son torse, la lame ensanglantée au sol. Il avait du le toucher, lui aussi, ce salopard de destin. Mais le face à face ne pouvait être gagné, il n'avait pas la moindre chance. Il n'avait jamais été taillé pour le combat. Il ne restait qu'une option.
Errol se rua sur Dune et l'enveloppa dans son bras encore valide. Qu'elle résiste ou pas, il avait encore assez de force et d'élan pour avancer un peu, et basculer, quelques secondes plus tard, dans le vide qui s'étendait en dessous d'eux. Mourir, alors ? Peut-être. Il n'avait jamais sauté d'aussi haut. Le sol était désormais plus haut que les méandres étoilés, et plus bas que le plus sombre des enfers. Maintenant un contact avec la jeune femme, le voleur ferma les yeux, le souffle coupé encore une fois par la vitesse écrasante. Il flottait, volait même, lui, le vagabond sans but, il avait une place dans le vide. Le temps, la vie, ça n'avait plus d'importance. Le matériel s'était arrêté, serein. Et Dune le guidait dans ce néant, c'était peut-être l'ironie du sort.
Le sol se faisait de plus en plus grand. On voyait déjà les couches de glaces humides, qui reflétaient les deux ombres s’ablatant sur elles, et leurs craquelures par endroit où la roche était apparue, sûrement par le même biais étrange que celui qui était en train de se produire. Le temps revenait à lui, le destin aussi. Il ne les avait pas assez sonnés. Les salauds. D'une impulsion des chevilles, Errol activa son jetpack, et l'inversion de pesanteur les secoua d'un coup sec avant de les projeter au sol, où, guidés par le moteur vrombissant, ils continuèrent leur chemin sur une belle distance.
Essoufflé, Errol étendit bras et jambes autour de lui et laissa s'échapper un rire nerveux. Ils étaient paumés, probablement à des heures de marches des premières traces de civilisation. Le jour était déjà bien avancé. Ils avaient toutes les chances de crever dans les heures qui allaient suivre. Mais au moins, il se serait encore amusé un peu. Et il aurait mis Dune dans la même galère, c'était assez comique. « Tu vas devoir montrer le chemin, pisteuse. T'auras besoin de moi pour survivre. Et après, si tu décides de me déglinguer, c'est ton choix, ma foi. Tu en as vue d'autres. »
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Il n'y avait pas la peur, il n'y avait qu'elle-même, son souffle, son visage, la sueur qui coulait, le sang aussi. Une conscience aigue et extérieure des événements, de ses erreurs. Perdre la lame pour commencer, ne pas avoir le dessus contre le fauve ensuite. Ainsi commençait son univers, ainsi semblait-il se terminer.
Ses muscles obéissaient à des impulsions étranges, Dune les sentait bouger du bout des nerfs mais ne parvenait à les guider complètement. Comme toujours...
Désincarnée, étrangère, elle se remit debout de sa manière à elle. Le vent lui fouettait le visage, s'emmêlait dans ses cheveux. Une vilaine griffure lui barrait la joue, déjà le froid y déposait des glaçons de givre comme des larmes tristes.
Animal à son tour, la jeune femme haletait. Son souffle lui échappait, elle ne pouvait le rattraper, pas lorsqu'un bras la retenait. Oh Force....
Elle ne cria pas, basculant en arrière simplement, acceptant la décision d'Errol et le vent qui soufflait, et le froid, et leur douleur...
La petite voix dans sa tête pour lui demander d'espérer le soleil encore un peu, car ils ne mourraient pas.
Pas aujourd'hui.
Les feux du jet-pack, mais n'était-il pas trop tard ? Non disait la voix, non... Et Dune la croyait alors même que son corps semblait se briser un peu plus, elle qui possédait si peu de réflexes.
La douleur encore, la douleur était son sang, était son cœur, agrippée à chaque cellule même qui constituait la jeune femme. Douleur d'être sans avoir, douleur de vivre et d'exister sans être entier. Douleur invisible surtout, douleur qu'on ne peut exprimer....
Elle ouvrit la bouche, hoqueta un peu, ne cria pas. Le hurlement était là pourtant, coincé en elle comme un animal féroce ne demandant qu'à sortir.
De combien étaient-ils tombés réellement ? L'espace d'un instant, le paysage dansa devant elle, en elle. Il n'y avait plus que glace et neige, elle songea au sable, se dit qu'un désert en valait bien un autre et, toujours malhabile, se remit debout.
Le froid avait gelé leurs plaies, pas la douleur. Ils pouvaient mourir encore finalement, rien n'était interdit, et cela pouvait être terrible, bien plus terrible qu'à coup de griffes ou de croc.
Alors Dune éclata de rire, sauvage, rejetant les cheveux en arrière dans un grand coup de tête. Il y avait de la violence dans son regard, elle éclatait à travers le sombre des pupilles et malheur à l'ennemi sur lequel ces yeux là se poseraient.

 « De toi ? Non Errol....tout comme toi tu n'as aucunement besoin de moi. Marche à mes côtés, viens... »

Et sur la neige, ses pas adoptaient déjà la démarche élastique du désert. Il n'y a plus de rire, celui ci s'est envolé dans bien des directions à la fois lorsque Dune choisit de prendre celle du silence. Il y avait quelque chose proche, la jeune femme le savait. Pas une ville, mais quelque chose capable de leur sauver la vie quand même. Cela suffirait.

 « Ici, c'est l'un des nombreux royaumes de la contrebande... Du coup des caches sont dissimulées un peu partout. Il y a à manger dedans, à boire aussi, de quoi tenir quand on doit se dissimuler des autres. Viens... »

Et une promesse de soin aussi, mais cela elle le cache dans ses yeux, cela suffisait.
Ils avancèrent lentement, collés l'un à l'autre comme deux enfants perdus.Enfin à travers le vent, leur apparaît la forme sombre d'une grotte dont la bouche sombre à moitié dissimulée promet de les protéger du froid.

 « Tu vois, tu as réussi... »
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Allongé dans la glace, le ciel infini au dessus de sa tête, Errol se sentait mieux. L'adrénaline avait ce quelque chose de réconfortant, qui séparait du froid et de la douleur. Le Ryll lui aurait probablement prodigué les mêmes effets, à ceci prêt qu'il n'aurait pas été capable de se relever, et serait resté inerte corps de glace, à attendre que le temps ne le fasse disparaître dans le paysage. Ses jambes pouvaient encore le porter, oui, et il n'avait pas l'intention de mourir ainsi. S'il devait mourir aujourd'hui, ce serait la décision de Dune, c'est tout. Sa dette n'était pas encore payée.

La chasseuse de primes explosa de rire quand il lui dit qu'elle avait besoin de lui désormais si elle voulait s'en sortir. Un rire étrange, un peu malsain, de ceux qui frôlent la folie sans pour autant s'y engouffrer trop profondément. Il n'avait pas besoin d'elle, elle n'avait pas besoin de lui. Une colère aveugle s'empara de lui aussitôt, et il failli l'envoyer bouler. Lui dire, que dans ce cas, qu'elle s'en sorte seule,il irait de son côté. Et le destin seul choisirait s'ils devaient survivre, ou mourir. Elle ne lui en laissa pas le temps, l'invitant la la suivre et ouvrant la marche. Dépité d'avoir l'herbe ainsi coupée sous le pied, il la suivi en marmonnant. Pour qui elle se prenait, vraiment ? Personne ne pouvait survivre seul longtemps, il fallait de toutes manières collaborer de temps à autres avec d'autres. Mais elle, elle ne le faisait que quand c'était absolument vital, et encore. Elle le dénigrait. Il l'avait tirée d'une situation dangereuse, bordel, alors même qu'elle voulait le tuer pour récolter une poignée de crédits ! Il avait cru voir en elle une chance de rédemption. Il devait s'être trompé. A moins qu'elle ne refuse simplement de l'admettre. De se l'admettre.
Dune lui expliqua que le coin devait regorger de planques de contrebande. Ils étaient sur le territoire des malfrats, après tout, un monde sauvage et incontrôlé. Et certains devaient tellement avoir besoin de disparaître qu'ils se créaient des refuges au milieu de la désolation. Errol ne répondit rien. La fatigue se faisait sentir, les émotions l'avaient vidé. Il se sentait creux. Son bras commençait à battre dans sa tête, et le froid lui engourdissait le corps. Il s'approcha le plus possible de sa comparse pour se protéger au maximum, espérant de tout cœur qu'elle avait raison. Puis, après un moment infini, alors que la toile du temps semblait s'être déformée, ils arrivèrent au pied de ce qui ressemblait à une grotte. Bien. De quoi se protéger un peu. Faire du feu peut-être. S'il n'y avait pas une bête qui les y attendait. Ce jour là, Errol n'aurait été étonné de rien : le ciel pouvait bien leur tomber sur la tête qu'il n'hausserait pas les épaules.
« Tu vois, tu as réussi... ». Le corellien sourit, amer. « Et pas toi ? Il s'agit encore d'une réussite individuelle ? Toi contre le monde entier ? Moi contre le monde entier ? » Les parois rocheuses étaient étranges. Il n'avait jamais imaginé qu'elles puissent ne pas être rondes, ovales, mais aussi anguleuses que celles-ci. Elles abritaient raisonnablement du froid. Le vent, au moins, passait au large et ne s'y engouffrait pas. Cela formait comme un sas. Une entrée, assez petite, mais suffisamment grande pour deux, donnait sur un passage plus étroit, plus sombre, peut-être plus chaud aussi, le cœur de la grotte. On ne pouvait s'y engouffrer qu'à une personne à la fois, et bien sûr, on ne savait pas ce qu'il y avait derrière. Une cache probable pour Dune. Possible. Mais il n'avait vraiment pas envie d'aller voir. Cela lui donnait la chair de poule. Dune le regardait étrangement observer l'entrée. Une mine déconfite se dessinait sur son visage. « Je... je ne vais pas la dedans. J'ai trop peur. » Il n'avait jamais trop aimé l'obscurité totale, et les espaces clos lui donnaient des sueurs froide. Le souffle qui s'accélérait, du mal à prendre sa respiration. « Je suis bien là. ».
Il s'assit, grimaçant, contre la parois de roche glacée, et replia ses genoux contre son torse. S'ils passaient la nuit, ils pourraient peut-être retrouver un chemin. S'en sortir. Ils n'avaient pas échappé à tout cela pour crever comme ça. Le voleur en profita pour observer Dune. Il était perdu, complètement. « J'ai une question, Dune. Vu qu'on va peut-être bientôt mourir, je pense que le moment est idéal pour être honnêtes l'un avec l'autre. C'est le moment où jamais pour l'être, non ? La dernière personne à pouvoir nous écouter jamais. » Il lui adressa un sourire triste, un brin timide, avant de poursuivre, de peur qu'elle ne l'interrompe encore une fois pour lui dire qu'il divaguait. « La dernière fois, j'ai eu le sentiment que tu étais brisée. Que tu avais besoin de compagnie, d'une personne qui pouvait te l'apporter sans jamais rien demander en retour. J'ai eu le sentiment que sous l'épice, sous les étoiles, on avait trouvé la paix. Qu'on était bien. Parce que j'avais besoin de ça aussi. Parce que je suis perdu aussi. Et j'aurais aimé que tu vois les choses comme ça aussi ».Il soupira. « Je n'ai pas à te juger. Mais j'espérais quelque chose de plus. »
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Il avait peur, ne le cachait pas. Cela était étrange, presque amusant, parce que pour Dune les gens normaux étaient tout puissant. Pas comme elle, non surtout pas comme elle... Pourtant Errol avait peur d'une chose que Dune ne craignait pas. La jeune femme pencha la tête un peu, acquiesça. Dans un lent geste de douleur, elle se laissa peu à peu tomber au sol pour s'appuyer le dos contre la paroi, ramenant les jambes contre elle avec précaution, concentration.
Une fois cela fait, elle garda les sourcils froncés, prête à s'échapper dans son monde. L'imagination avait ela de bien qu'elle ne demandait nulle agilité pour l'accueillir, aussi Dune s'y réfugiait-elle souvent avec toute l'énergie du désespoir. De son désespoir.
Et la voix d'Errol venait de loin alors, de tellement loin. Elle rouvrit les yeux, le regarda lui et son sourire. Dire la vérité ? Elle ne mentait pas, ne tendait pas de piège et affrontait les gens de face. Parfois, elle essayait de doubler, acceptait une forme de sournoiserie pour survivre, se cachait aussi. Et l'amitié ne l'empêchait pas de tuer, mais elle ne faisait aucun serment d'amour, de protection, alors où était le mensonge ? Sa vie, sa vie à elle.
La jeune femme comprenait où Errol voulait en venir pourtant, il y avait une beauté certaine dans les mots choisis, dans la phrase, par delà le hurlement du vent dehors, le froid qui ne parvenait pas jusqu'à eux. Elle inspira, étendit ses jambes avec précaution et se releva, vacillant un peu, vacillant comme toujours. Une fois debout, Dune leva la tête, posa les mains au plafond et poussa, d'abord avec maladresse, énormément de maladresse, puis parvint à trouver la position permettant plus de force. La position qu'une personne normale aurait trouvé du premier coup. Inutile de penser à cela, à sa manière d'être ridicule mais surtout, pas naturelle...
La jeun femme dégagea l'ouverture creusée pour servir de cheminée, es mains tremblaient un peu, elle avait du mal à les contrôler avec précision. Comme toujours en sentant un regard près d'elle, Dune eut envie de pleurer, se retint par habitude.
Dans son corps, les larmes coulaient, invisibles, muettes. Des larmes de fantômes, qui n'existaient pas mais qu'elle reconnaissait pourtant. Qui l'empoisonnaient.
Elle rassembla un peu de bois sec, prit son briquet, alluma le feu.
Bien sûr il toussèrent un peu, jusqu'à ce que la fumée trouve le chemin de l'aération, et bientôt ne resta que la chaleur.

 « Tu parles d'une personne qui ne demanderait rien en retour mais après tu dis avoir espéré quelque chose de plus »

Debout, les bras croisé, la jeune femme eut son petit sourire fatigué. Elle ne prenait pas mal les mots d'Errol, comprenait le cœur pur qu'il portait en bandoulière, sans rien pour se protéger, comme une fleur à offrir dans la grisaille du monde.

 « Je suis née brisée, c'est ma manière d'être. On peut voyager parmi les étoiles, rendre aux gens leurs bras, leurs jambes, mais moi on ne peut pas me réparer...Une manière polie de dire que je suis une putain d'handicapée si tu veux. Ma vision du monde ne pourra jamais être la même, on ne survit pas de la même manière sans qu'une méthode ne vaille mieux qu'une autre pour autant. »

Elle voulait se rassoir, mais de nouveau perdue dans ses gestes, ne pouvait y arriver seule. Alors épuisée, Dune resta debout. Elle avait l'habitude, les sacrifices, tout cela. Ne se plaignait pas, portait juste une tristesse étrange au visage malgré ses yeux, ses sourires.

 « Un homme aurait pu me réparer...Il est beau tu sais ? Presque trop pour moi. Un contrebandier, lui aussi parfois il traîne avec de mauvaises personnes. Il m'aimait moi en me voyant réellement, c'est niais à dire comme ça mais c'est vrai. Tu t'en fous que la vie soit laide ou injuste quand quelqu'un t'aime, t'es plus brisée, plus vraiment. Il ne m'aime plus, quelqu'un a fait quelque chose à son cerveau, le lui a retourné, je ne sais pas mais... Il ne sait même plus que j'existe. Je l'ai revu, il ne m'a pas reconnu. »

Et la jeune femme se revoyait, l'épaule en sang, blessée, terrorisée, et lui, des yeux aussi noirs que les siens, des yeux qui la regardaient poliment lorsqu'ils l'avaient vu nus pourtant. Une nuit terrible comme une autre...

 « Je ne veux plus rester avec les gens, je préfère être seule, même si cela veut dire rater des choses avec mes problèmes, rater trop de choses. Tu ne peux me suivre où je vais... Tu vaux bien mieux que cela. »

Elle se laissa tomber à genoux, un geste violent, un geste brusque, semblable à tous ceux que la jeune femme exécutait. L'onde de douleur caractéristique se répercuta dans son dos, sa nuque, ses reins. Alors son visage restait triste, car la tristesse était un masque empêchant les larmes réelles. Elle avait été consolé, Dune, mais chaque homme à l'avoir fait ne pouvait plus être là désormais. Julen, son mentor, mort, et Ian, Ian qui avait sans doute trouver d'autres femmes à aimer. Ce n'était pas une trahison, pas de sa faute à lui, elle l'acceptait.
Lentement, la jeune femme saisit les mains de l'homme face à elle et hocha la tête simplement, pure et sauvage tout à la fois. Ce qu'elle était, ce qu'elle resterait Personne ne voulait de la solitude, et Errol souffrait...
Parce qu'il n'y avait que cela à faire, elle l'attira à lui, l'enlaça, calant sa tête à lui dans le creux de son cou pour qu'il puisse y pleurer si cela était trop dur.
Dune n'avait plus de larmes mais savait que ce n'était pas le cas des autres pour autant.

 « Je peux te guider hors de mes ténèbres mais pas plus loin. Repose-toi si tu veux, pour le moment tu n'es pas seul alors ne pense pas à après. »
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