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Comme le souvenir est voisin du remords ! • Masha

Kara Aryss
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Il va falloir que je m'habitue à cette base. Pourquoi ai-je finalement accepté de suivre Sienna ? De revenir au sein de la Résistance ? Je me pose déjà des questions, j'ai envie de repartir, de m'exiler de nouveau et de laisser loin derrière moi ce conflit qui m'a tant amoché. Est-ce que j'ai bien fait de la suivre ? Je sens déjà cette paix que j'ai eue du mal à installer en moi se déstabiliser, je doute de réussir à la garder bien longtemps. J'ai l'impression de ne pas être à ma place, de ne plus l'être en tout cas. C'est peut-être parce que j'ai pris du recul, que je me suis exilée et que je m'apprête à redevenir active. Je n'ai pas participé à la destruction de Starkiller, je n'ai pas participé à des attaques depuis plus de deux ans. Saurais-je encore le faire ? Aurais-je encore ce côté impulsif sur le terrain, ce truc qui qualifie en partie le commando Suicide. Les souvenirs me remontent en tête depuis que j'ai parlé avec Sienna. Ces souvenirs que j'ai pris soin d'enfouir au plus profond de moi pour éviter d'en souffrir, reviennent à la charge. Mes nuits qui étaient plus calmes ne le sont plus à présent. Alors que cela fait à peine quelques jours que Sienna est venue me chercher sur cette planète qui me manque déjà. J'ai tellement envie de repartir, j'étais tellement bien là-bas. Mais si je cherche à m'exiler de nouveau, me cherchera-t-elle encore ou comprendra-t-elle que l'action ne m'intéresse plus autant qu'avant ? De toute façon, je doute de retourner sur cette planète que j'aime tant si je dois m'en aller de nouveau, ça serait trop facile, elle viendrait directement. Quoique, retourner là-bas pourrait être trop évident au point qu'on ne pense pas à me chercher. Pourquoi forcément chercher ceux qui se sont mis en retraite ? Preuve en est que je ne suis pas la première, tout le monde recherche Luke Skywalker, mais pas pour la même raison qui a poussé Sienna à me trouver.

J'ai l'impression que cette base est un labyrinthe, il me faudra quelque temps pour m'y habituer. Je ne cherche pas à éviter ceux que j'ai connus, mais je n'en croise pas tant que ça. La solitude me plaît bien et avec tout ce monde qui s'agite autour de moi, ça me fait vraiment étrange. Plus le calme et le doux bruit des vagues qui s'écrasent. On se croirait dans une fourmilière, je préfère mon doux nuage où j'avais réussi à m'installer. Voilà dix minutes que je suis sortie d'une réunion que j'ai encore une fois réussi à me perdre. Moi qui voulais retourner dans ce qui me sert de chambre, c'est raté ! Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur ce qui doit être un hangar, je sors, aller à l'extérieur me fera sans doute du bien même si ça ne m'aidera pas à retrouver mon chemin. La planète est boisée et de ce que j'ai pu voir du vaisseau qui nous amenait à la base, il y a des lacs. Une bien jolie planète, qui je l'espère, ne sera pas détruite si le Premier Ordre décide de faire une autre super-arme capable de détruire une planète, ce qui ne m'étonnerait pas d'eux. Je sers les pans de mon pull, les courants d'air sont présents ici mais je ne m'en plains pas, l'air frais est agréable. Mes yeux se promènent sur les lieux avant de tomber sur un B-Wing que je semble reconnaître. Serait-ce le sien ? Je fronce les sourcils. Je ne crois pas que ça soit une bonne idée de ma part de m'en approcher, elle ne doit pas forcément avoir envie de me revoir. Sait-elle au moins que je suis de retour ? Qu'en pense-elle ?

Et pourtant je sens mes pieds qui m'emmènent vers elle, ou en tout cas ce qui semble être son vaisseau. J'aimerais faire demi-tour, faire comme si de rien n'était, comme si je ne l'avais pas vu, mais rien à faire, je vais vers elle. Est-ce qu'elle y est au moins ? J'espère qu'elle n'y soit pas, ça serait tellement plus facile, mais au fond de moi, j'espère la voir, elle m'a tellement manqué … et pourtant, je l'ai abandonné, comme Sienna, comme mes amis, j'ai abandonné la Résistance à la suite de la destruction du commando Suicide. Et pourtant, je suis ici, prête à reformer ce commando qui m'a tant coûté, pas seulement la perte d'un pied. Suis-je vraiment prête à retourner sur le terrain ? Je ne crois pas. Mais je ne peux pas me permettre de rester éternellement en retraite, je le savais, j'y avais déjà pensé à plusieurs reprises, mais je dois avouer que j'avais peur et que j'ai toujours peur. Ça laisse des traces d'avoir fait partie d'un tel commando, ça laisse des marques d'avoir réchappé au commando Rage, de voir ses amis tomber les uns après les autres. À chaque pas qui me rapproche d'elle les souvenirs remontent un peu plus à la surface. Il est encore temps de faire volte-face et de m'en aller sans qu'elle m'aperçoive. C'est lâche, mais ça serait tellement plus facile. Je m'arrête, mon cœur rate un bond, elle est là, elle me tourne le dos mais je saurais la reconnaître parmi mille autres. Je m'aperçois que pendant tout le temps qu'il m'a fallu pour arriver jusque-là, j'ai retenu ma respiration. C'est con, mais j'ai peur, je le sais que trop bien que ces retrouvailles n'auront rien d'idyllique, ça ne m'étonnerait même pas qu'elle m'en veuille. Moi aussi je lui en voudrais si elle était partie aussi soudainement que je l'ai fait. Je n'ai donné aucune nouvelle, zéro signale au radar, mais c'est le principe de l'exil, ne donner aucun signe de vie. « Bonjour ... » je m'entends prononcer d'une voix fébrile. Là, maintenant, tout de suite, j'ai envie de partir en courant. J'aurais pu faire une meilleure approche, enfin je crois, en fait non, il n'y a aucune bonne approche dans de telles circonstances.
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   Ce jour-là, le temps est doux. Comme souvent, comme toujours sur Fenves. On pourrait peut-être trouver la brise légère qui parcours la base des résistants un peu fraîche, trop intrusive, mais ce serait certainement chipoter sur de bien minces détails. C’est tout du moins ce que penserait Masha si on lui faisait remarquer ce zeste de Zephyr auquel elle ne porte personnellement pas attention. Il passe et repasse dans ses cheveux, fait virevolter deux ou trois mèches qui se sont échappées de son chignon soigné. Elle l’ignore sans le vouloir. Pourtant, inconsciemment, elle apprécie sa présence qui siffle occasionnellement sur une carcasse de vaisseau, dans les feuilles de la forêt voisine, rafraîchis ses joues rougis par l’effort.  
Depuis deux bonnes heures désormais, si ce n’est trois, elle bichonne activement son B-wing, s’épuise à lui redonner une apparence convenable, ce qui a ses yeux signifie lui rendre l’aspect d’un bombardier neuf. Elle pourrait déléguer cette tâche à un quelconque subalterne, ou à un droïd, mais elle n’aime pas vraiment qu’on s’approche de son petit bijou. Elle préfère s’en occuper elle-même. Elle ne s’y connait malheureusement pas assez en mécanique pour être à-même de tout prendre en charge, mais, tout ce qu’elle est en mesure de faire, il n’y a qu’elle qui peut s’en charger. Parmi ces tâches, on trouve entre-autre le genre de nettoyage qu’elle effectue actuellement. Armée de chiffons, de brosses, elle frotte et refrotte, astique énergiquement, fait rutiler chaque centimètre, chaque millimètre carré du vaisseau.

Entièrement absorbée par son travail, elle n’est pas aussi attentive au monde qui l’entoure que d’habitude. Pour exceller à la tâche, elle s’est faite prisonnière d’une bulle qui ne l’englobe qu’elle et son B-wing. Tout fragment de vie en est exclue. Voici qui explique son dédain pour le brin de vent qui zigzag dans le hangar, s’engouffre, s’essouffle entre chaque vaisseau, elle est pour l’instant seule parmi les machines.

Rattrapée par un début de fatigue musculaire, elle s’autorise une petite pause. Ses jambes engourdies par l’inactivité réclament une brève promenade pour chasser les fourmis qui ont pris possession de ses membres inférieurs. Au contraire, ses bras quémandent merci, harassés par les mouvements répétitifs auxquels la jeune femme les contraint. Elle lâche un long, profond soupir où l’on peut discerner une certaine satisfaction, s’essuie le front, quelques gouttes de sueur y perlent. Elle se fige un instant, assise sur les talons, les bras fermement appuyés sur ses cuisses, soulageant ses épaules d’un poids qu’ils ne veulent plus porter. Ses yeux se perdent sur les courbes reluisantes du bombardier. La peinture de l’écusson du Blade Squadron qu’elle commande s’est écaillée, elle décide qu’il est temps de le restaurer. Elle s’en occupera une fois le reste terminé. Désireuse de délivré ses jambes raides de leur paralysie passagère, elle glisse de l’aile unique et se coule sans bruit sur le sol.  
Elle élimine la poussière qui couvre ses outils, à-demi rêveuse, l’esprit léger mais malgré tout concentré sur sa tâche.  Soudain, une voix l’interpelle. Une voix qu’elle n’a pas entendue depuis longtemps, très longtemps, trop longtemps. Ses cheveux se hérissent dans sa nuque, ses muscles se bandent sous l’effet de la surprise. Nerveuse, elle tente de se persuader qu’elle a rêvé, qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer. Pourtant, au fond d’elle, on lui intime que tout ceci est bien réel et qu’il est grand temps de se retourner pour faire face à l’intruse. Dans un premier temps, elle laisse parler le silence. Puis lentement, elle se retourne et dévisage, interdite, son interlocutrice.

Une jolie brune aux yeux de biches lui fait face. Une jolie brune qu’elle connait bien.
Masha fronce les sourcils, ses les dents. Un orage s’est déclenché dans sa poitrine. Colère, chagrin, amour fou, amour nié, incompréhension se déchaînent en elle. Elle ne comprend pas, a soif d’explications, mais refuse de se montrer faible et de les quémander. Pourtant elle voudrait tant savoir, un millier de questions lui brûlent les lèvres, une seule importe, « Pourquoi ». Elle ne la pose pas. Aveuglée par une incommensurable tristesse, par la peur de voir des blessures maladroitement guéries se rouvrir, par la confusion qui règne en elle, elle préfère se terrer derrière son honneur, dissimuler l’absence totale de contrôle sous une carapace de fierté.  Elle écume de rage, déborde d’affection. Ne sachant que faire de la seconde, elle l’enterre loin, très loin de ses pensées immédiates. Elle se force à oublier cette envie de sauter au cou, d’embrasser celle qui l’a abandonné durant tout ce temps.

Désemparée, dominée par le souvenir de la douleur de sa fuite, elle ne peut que lui cracher ces paroles au visage, voix froide, regard de pierre :

« Je vois que tu as finis de jouer les enfants vagabonds. Mais je ne pense pas que ta place soit encore ici. On a appris à faire sans toi, tu es dispensable maintenant. »

Immédiatement, elle regrette ses propos, mais parallèlement, elle a envie de faire souffrir autant qu’elle a souffert. Elle veut qu’Ascella comprenne, mais pas par la douceur, par la force. Elle veut la savoir aussi misérable qu’elle ne l’a été. Caprice d’ego, arrogance immature. Elle ne sait y résister, malgré cette apparence forte, elle est toujours aussi faible. Enfin, elle demande, tout en pensant l'exacte inverse :

« Pourquoi tu es revenue ? »
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M'a-t-elle entendu ? Voilà la question que je me pose alors que je ne la vois pas se retourner. Non, c'est bon, elle m'a bel et bien entendu, je ne peux empêcher un minuscule sourire d'apparaître sur mes lèvres en la voyant me faire face malgré le fait qu'elle n'ait pas l'air ravie de me voir. En même temps je peux la comprendre, je l'ai laissé tomber sans un mot, plaquant tout sans rien à personne, disparaissant des radars du jour au lendemain. Mais j'en avais besoin de cette pause ! Il faut qu'elle sache, il faut que je lui explique. Après la destruction du commando j'avais l'impression de suffoquer, je me sentais de moins en moins bien, j'aurais fini par exploser, par faire une bêtise, ça aurait nui à la Résistance, alors j'ai préféré partir avant que cela n'arrive. Mon sourire disparaît de mes lèvres aussi rapidement qu'il est apparu . Elle m'en veut, ça se sent, ça se voit, j'encaisse en silence les mots durs et froids qu'elle me lance à la figure. Je ne pense pas avoir un jour était indispensable à la Résistance, je pense que tout le monde est remplaçable sauf nos généraux, les leaders qui sans eux la Résistance n'existerait pas. S'il arrivait à la générale Organa, le mouvement serait déstabilisé. Elle est tout un symbole et nous nous rangeons tous derrière elle. Si elle disparaissait, qui prendrait sa place ? Qui serait être la hauteur, à sa hauteur ? Même si j'ai envie de baisser les yeux je m'obstine à les garder planter dans les siens alors qu'elle me parle et que les souvenirs continuent de remonter à la surface. Bien sûr que pendant le temps où j'ai été absente je m'en suis voulu de l'avoir laissé tomber, même si notre relation était basée essentiellement sur le sexe. Je me suis demandé à maintes reprises si elle allait bien, si elle s'était trouvée quelqu'un. Elle mérite d'avoir quelqu'un de bien à ses côtés. Je ne pense pas être cette personne.

Je plonge mes mains dans les poches de mon pantalon, je devrais peut-être boutonner mon pull, ça permettrait que j'aie moins froid. Le climat n'est pas le même ici que sur la planète sur laquelle j'ai habité pendant tout ce temps, ça me fait étrange et il va falloir que je m'y adapte. Le léger vent un peu frais me fait étrange par rapport à celui tiède que l'on pouvait ressentir durant la journée, celui-ci étant plus froid durant la nuit mais généralement tolérable. Pourquoi suis-je revenue ? Je me pose moi-même la question. Pourquoi ai-je accepté de suivre Sienna, de rejoindre de nouveau le mouvement, de reformer le commando ? La vengeance semble être un bon mot pour qualifier la raison de pourquoi je suis de nouveau là. Au fond, serais-je restée éternellement là-bas, à me contenter d'écouter la radio qui était la seule source à me donner des informations sur les événements se déroulant dans la galaxie ? Ça dépend des événements, si quelque chose s'était passé contre la Résistance, peut-être bien que je me serais décidée à rappliquer. Mais avec la réussite de la destruction de la base Starkiller cela montre que la Résistance se montre plus que bien. Eh oui, Masha a raison, je suis dispensable. J'imagine qu'elle a voulu me faire mal en me disant cela, pensant sans doute que je me sens indispensable eh bien non, elle se trompe. Je ressens juste de la tristesse, tristesse que j'éprouve pour elle, parce qu'elle m'a manqué et que je regrette d'être partie en ne lui disant rien. Moi-même je me sens dispensable et j'ai encore envie de partir, de m'isoler et de les laisser faire, parce qu'ils s'en sortent très bien sans moi !

« Tu as raison, je suis dispensable, vous vous en sortez très bien sans moi. Mais bon, je ne me suis jamais sentie indispensable à la Résistance. Pour répondre à ta question, Sienna m'a retrouvé et a su me convaincre. Mais bon, en même temps, la connaissant, si j'avais continué à dire non, je me serais sûrement retrouvée ligotée et sur le chemin du retour. Nous allons reformer le commando Suicide. » je pince l'arête de mon nez, fermant les paupières quelques instants et poussant un profond soupir, rouvrant les yeux et lâchant mon nez je reprends « Au vu de la réussite de la Résistance, le commando n'est peut-être pas si indispensable que ça … et toi ? que deviens-tu ? Tu vas bien ? » J'ai tant de choses à lui dire, j'espère qu'un jour elle saura me pardonner parce que je ne me fais pas d'illusion, ce n'est pas aujourd'hui que cet air froid la quittera en me voyant. Mais il fallait que je la revoie, le hasard a fait qu'elle a été sur ma route, tôt ou tard je serais venue la voir. Même si la base est grande, j'en suis sûre, nous nous croiserons plus d'une fois. Je me prépare à la réponse, je me prépare qu'elle me sorte qu'elle est à présent en couple, qu'elle va bien, qu'elle me parle de cette personne qui sait faire battre son coeur. Que je n'ai plus ma place dans sa vie, que j'ai laissée passer ma chance. Si elle est avec quelqu'un je ne m'y opposerais pas, ça serait totalement déplacé de ma part, je serais bien entendue heureuse pour elle car je ne peux que lui souhaiter tout le bonheur du monde même si en ce moment – à mon avis – ce n'est pas le bon moment pour tomber amoureux. Je crois que si elle me dit qu'elle est avec quelqu'un je vais souffrir, parce que je crois que je l'aime encore et j'espère au fond de moi que la place est toujours libre.
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L'odeur des produits d'entretien chatouille les narines de la pilote, gratte sa gorge. Une légère envie d'éternuer ou de toussoter s'empare d'elle. Elle contient cette pulsion chétive, la situation n'a pas besoin d'être saupoudrée de ridicule, elle-même ne veut pas affiche un quelconque signe de faiblesse. D'un œil extérieur, cette scène pourrait paraître anodine, quelque peu ridicule même: Masha n'est pas crédible, son attitude défis et la rigidité de ses traits ne font plus beaucoup d'effet une fois qu'on a remarqué ses mains parées de gants en caoutchouc, munie, non-pas d'armes, mais de chiffons sales et de brosses usées. Pourtant, pour les actrices de cette pièce, elle est tout ce qu'il y a de plus sérieux.

Ce n'est pas une conversation banale, c'est un duel. Les yeux de Masha brillent d'un feu qu'on ne saurait nommer passion ou vengeance. La brunette qui lui fait face semble moins belliqueuse, pourtant, ses défenses ne sont pas négligeables. Les balles verbales de son adversaire ricochent sur une certaine non-chalance, seuls de minces éclats sans importance font peut-être mouche. La jeune commandante ne se laisse également toucher par les propos qu'on lui renvoie. Cependant, leur inefficacité attise le brasier de son courroux.

Mais il faut se maîtriser. Perdre le contrôle c'est perdre simultanément la bataille. Masha lutte intérieurement contre ses pulsions primaires. Elle se doit de ne céder à aucune d'entre-elles. Pour l'unité de sa personne, pour son ego surtout, et enfin, pour tuer dans l'œuf le moindre soupçon de remords ou de regrets. Afin de palier à ces élans sentimentaux qui la dévore, qu'ils soient destructeurs ou passionnés, elle conserve son armure froide, sa carapace impénétrable, presque. En percevant les réponses d'Ascella, un rai cynique perce sa défense. L'ombre d'un sourire narquois, rictus de prédateur carnassier, se dessine sur ses lèvres. Puis, une fraction de seconde plus tard, toute sa position évolue : ses bras se croisent sur sa poitrine, son port de tête altier, transpire désormais d'arrogance, elle transfère le poids de son corps sur une jambe tandis que l'autre ne reste au sol que pour conserver son équilibre. Ainsi, elle acquière en mobilité et en désinvolture.

Avec cette attitude de défis nouvelle, la jeune femme annonce le début d'une seconde offensive. Une salve de mots s'abat alors, tandis que les répliques de celle qu'elle se force à traiter en ennemie viennent à peine de se conclurent.

« Reformer cette bande de fous furieux indisciplinés. Quelle bonne idée ! Surtout si l'une de ses leaders se voit doter d'une telle volonté. A quoi bon se battre si ce n'est que par faiblesse ? Ce n'est pas une question, ne te fatigue pas à y répondre. »

Masha pense bel et bien que recréer le Commando Suicide et une terrible idée. Mais ce n'est pas simplement parce qu'elle percevait ses membres comme une tribu de primates dégénérés, incontrôlables, c’est avant tout parce qu'elle se souvient de leur destin. Elle s'est, à l'instant, remémoré le désastre qui avait marqué la fin de ce commando, le retour abominable de leur ultime mission, la vision angoissante d'Ascella, inconsciente, ensanglantée. Il lui paraît certain que l'histoire est à-même de se répéter. Nouveau massacre, peut-être plus destructeur encore, peut-être mortel cette fois-ci, pour l'intégralité de ses membres, dont celle à qui elle tient.
Car, contrairement à ce que son interlocutrice a pu comprendre, lorsque Masha l'annonçait "dispensable", elle pensait l'exacte inverse et ne parlait pas au nom de la résistance mais seulement en son propre nom. Ainsi, elle refuse d'imaginer de perdre encore une fois, cette simple pensée lui est douloureuse. Après avoir chassé cette invention de son esprit, elle reprend son combat, précède ses mots d'une exclamation euphorique et nerveuse.

« Ah! Mais tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes très chère! J'ai dernièrement été nommée commandante de l'escadron lame. Que demander de plus? N'est-on pas purement et simplement heureux lorsqu'on dédie sa vie à une machine de guerre, elle-même sobre rouage d'un gigantesque mécanisme telle que la Résistance? Je suis aussi à la tête de quelques business florissant qui ne t'intéresseront pas. Mais en tout cas, puisque tu prétends en avoir quelque chose à faire, sache que oui, je vais bien. Très bien »

Mensonges, mensonges. Masha ne s'est jamais défendue de n'être qu'honnêteté. Sa mère l'a élevée ainsi : l'intérêt personnel prévaut à la vérité. Pourquoi lutter contre des préjugés qu'on nous a inculqués dès la naissance ?
Pourtant, lorsqu'elle demande du bout des lèvres pour feindre le dédain, « Et toi? Ces vacances? », elle espère qu'on lui dira la vérité.
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Je la vois qui change de position et tout ce que je perçois d'elle, c'est que je la trouve encore plus belle que la dernière fois que je l'ai vu, il y a plus de deux ans à présent. Mon point de vue n'est pas objectif, je le sais et je dois être shootée à la paix intérieure pour penser ainsi. Mais sa simple présence arrive déjà à fendiller cette paix que j'ai eu tant de mal à acquérir. Je l'aime, enfin je crois que je l'aime toujours. C'est dur de le savoir quand je viens à peine de la retrouver. Je ne bronche pas face à ses mots qui cherchent à blesser. Ce n'était pas mon idée de recréer le commando Suicide, je l'ai même rejeté dès que j'ai vu Sienna. Parce que je me suis tout de suite doutée qu'elle venait pour ça. Parce que au sein de la Résistance, je ne suis qu'utile qu'en faisant ça. Et je me souviens plus que bien de notre dernière mission, j'ai vu mes camarades, mes amis, ma famille, mourir. Chacun son tour et j'ai réellement cru que j'allais y passer. J'en ai faits des cauchemars pendant des mois et des mois, et je n'ai jamais su accepter ce pied mécanique que je dois me traîner à présent. C'est une belle prothèse, bien automatisée, je peux marcher, courir, sauter, me battre, mais ce n'est pas mon pied, ce n'est que de la ferraille automatisée. Je n'arrive pas à la voir comment étant un « vrai » pied, mais plutôt une pâle copie de ce qu'était avant ce membre fait d'os et de chairs, même si je le sais, je pourrais y mettre des améliorations pour le rendre encore plus performant. Voir des proches décéder les uns après les autres devant soi, je vous promets que ça marque ! Je le regrette déjà – un peu – d'avoir accepté de revenir, mais au fond, je ne pouvais rester inactive indéfiniment. Je plonge mes mains dans les poches de mon pantalon et même si elle ne souhaite pas de réponse comme elle vient de me le dire, je prends tout de même la parole pour prononcer seulement quelques mots « Mieux vaut mourir debout, que vivre à genoux. » elle le prendra comme elle le voudra, je n'ai que ça à dire pour ma défense et je ne lui donnerais pas un long monologue qui ne servirait pas à grand-chose. Nous le savons toutes les deux, le commando Suicide est nuisible pour ses membres et leur entourage.

De nouveau je l'écoute sans dire un mot, je suis ravie pour elle qu'elle ait été promu commandante d'un escadron et cela se voit par un petit sourire qui apparaît sur mes lèvres. Mais je ne crois pas en ses mots qui affirment qu'elle va très bien. Non je n'y crois pas. Je veux bien croire qu'elle va bien, mais il est clair qu'elle ne va pas « très bien » comme elle le dit. Je ne saurais vous dire comment je le sais, mais je le sens qu'elle ne va pas « très bien ». C'est exagéré, c'est vouloir me faire croire que tout va bien dans le meilleur des mondes. Et tout ne va pas bien, surtout quand on vit dans un monde de sangs et de souffrance. C'est peut-être le fait qu'elle a voulu appuyer sur le fait qu'elle va bien, qui me fait tilter, qui me fait penser qu'elle ment. Je ne suis pas un détecteur de mensonges ambulant, loin de là ! Mais je connais Masha même si cela fait plusieurs années que nous nous sommes pas vues, j'arrive tout de même à voir dans son attitude et sa façon de parler qu'elle tente de me faire croire que tout va bien alors que non. Je soupire, léger sourire toujours sur mes lèvres « Ravie d'apprendre pour ta promotion. J'espère que ça te fera du bien, car même si tu dis que tu vas très bien, tu ne l'es pas. Tu vas certes bien, mais pas « très bien ». Je ne chercherais pas à creuser plus, nous ne sommes plus aussi proches qu'avant, tu as sûrement des amis à qui tu peux en parler. Mais saches que si un jour tu as besoin d'une oreille pour écouter, je serais là. » Je ne veux pas m'imposer dans sa vie, déjà que je n'aurais peut-être pas dû venir la voir. J'ai disparu de sa vie sans prévenir et je l'ai regretté comme je le regrette encore aujourd'hui. Elle m'a tellement manqué, mais les choses ne sont plus comme avant. Elles ne peuvent plus l'être.

Alors c'est ça qu'elle pense de mon départ ? Que j'ai pris des vacances ? Elle sait dans quel état j'étais en revenant de ma dernière mission, j'étais brisée, mille morceaux. Un puzzle aurait été bien plus facile à reconstruire que moi. J'allais mal physiquement mais surtout mentalement. Je n'ai jamais pensé que c'était des vacances que je prenais, j'ai juste pensé qu'il fallait que je parte, loin très loin, que je coupe les ponts et que c'était la meilleure solution à prendre. Il fallait que je m'éloigne, pour mon bien comme pour celui de la Résistance. À l'époque, j'étais devenue une bombe à retardement et qui c'est ce que j'aurais pu faire si j'avais explosé, quel mal j'aurais fait autour de moi. Alors oui, pour une fois dans ma vie j'ai été égoïste et j'ai tout plaqué, j'ai laissé Sienna qui était mal en point, j'ai laissé Masha qui comptait tant pour moi, j'ai laissé mes amis et je me suis barrée sans un mot parce que c'était la meilleure chose à faire selon moi. Est-ce que je l'ai regretté ? Plus d'une fois. J'en ai même pleuré à plusieurs reprises. Mais il le fallait, parce que sinon je serais devenue complètement dingue. Mes yeux se sont baissés, mes épaules se sont affaissées alors que je me remémore de mes derniers moments au sein de la Résistance. Le soutien dont a fait preuve Masha. Et la manière que j'ai eue de la remercier de sa présence a été de me barrer sans même lui dire au revoir.

Voilà, maintenant je me sens minable, comme à chaque fois que je pense à elle et à mon départ. Je ferme les yeux quelques secondes avant de les rouvrir et d'aller les poser sur les siens tout en poussant un soupir « Des vacances, sérieux ? sérieusement Masha, des vacances ? Ça n'a rien à voir avec des vacances ! Ça n'a rien à voir avec du bon temps, des congés ! Il fallait que je parte. Tu m'as bien vu lorsque je suis revenue, à quel point j'étais mal. Je n'arrivais pas à remonter la pente. J'étouffais. J'ai cru que j'allais finir par péter une durite si je restais, et ça se serait sûrement passé. » je passe une main dans mes cheveux, soupirant de nouveau « J'avoue, j'ai été nulle de partir sans rien dire. Surtout avec toi, parce que tu as été là quand j'ai eu besoin de toi et je me suis tirée sans un mot. J'allais tellement mal … mais tu peux me croire que je l'ai regretté et que je le regrette encore aujourd'hui. Tu m'as manqué … et ne crois pas que ça a été de tout repos. J'ai certes trouvé une planète sympa où j'ai pu me poser, mais ça ne ce n'est pas fait tout de suite ! Et j'ai mis beaucoup de temps avant de commencer à me sentir réellement mieux, les cauchemars refusaient de me quitter. Où je me suis arrêtée, j'ai pu réussir à trouver cette paix dont j'avais tant besoin et puis, j'ai commencé à apprendre la médecine. Ne crois pas que ces deux dernières années ont été toutes roses, que c'étaient des vacances, comme tu le dis si bien. Certes, quand j'ai trouvé où m'installer, ça a été tout de suite plus calme, mais j'en avais tant besoin Masha ... » J'ai plongé un peu plus profondément mes mains dans mes poches. Ça devait arriver que je m'explique, je me doutais bien que ça serait dur, mais pas à ce point. J'ai plus l'impression de mettre enfoncée qu'autre chose. J'espère qu'elle me comprendra, à défaut de me pardonner.
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Passive, elle écoute, pensive et fourmillant de doutes. Son esprit n'est qu'à moitié présent, les mots qui la percutent, à-demi cohérents. Elle se pare de silence, un carcan maladroit qui emprisonne momentanément sa haine, sa rancœur, mais qui dissimule également un soupçon d'affection qu’elle fait tout pour annihiler. La réalité que lui a imposée Ascella chatouille pourtant ce sentiment. Il faut malgré tout le combattre, le repousser tant bien que mal. Masha sait sa défense déjà trop chétive, et les propos de son interlocutrice la fragilise encore. La pilote se sent encline à l'abandon, prête à céder à ses passions. Une fois encore, s'affrontent colère et amour, deux lions féroces qui la déchirent, deux brasiers insatiables qui la consument. Plutôt que de se laisser dominer par une pulsion chétive qu'elle connait finalement si mal, qui lui paraît avant tout plus destructrice pour elle-même que pour son adversaire, elle choisira de se livrer au ressentiment.

Ce sourire discret et franc qui s'est peint sur les lèvres d'Ascella est une énième provocation aux yeux de Masha. Le ton calme de son opposante, sa bienveillance, la douceur qui se dégage finalement de tout son être l'exaspèrent toujours et encore. Elle ne supporte pas de la voir ainsi si tolérante. La nonchalance qui berce la brunette révoque le peu de patience dont la pilote avait sur faire preuve. Elle boue intérieurement. Elle sait pertinemment qu’elle ne pourra contenir longtemps encore les soubresauts de sa tempérance. Par peur de trahir l'imminence de son explosion, pour tenter de la maintenir à l’écart, ne serait-ce qu'une seconde de plus, elle se retourne, dissimule ses traits crispés et n'expose que son dos, vierge de tremblements contrairement à ses mains.
D'un pas ferme et rageur, elle se dirige vers une profonde malle de fer, posée à quelques mètres de son B-wing. Quantité de produits d'entretiens pour vaisseaux et autres outils ménagers y sont soigneusement entreposés. Pour occuper partiellement son esprit, Masha y dépose les brosses qu'elle avait en main, avant de retirer ses gants. En axant toute sa concentration sur ses gestes simples, elle essaye d'ignorer les propos d'Ascella, trop censés, trop paisibles. Masha la voudrait aussi belliqueuse qu'elle l'est, aussi excessive, aussi accablée. Mais rien de la sorte de paraît.

La voix d'Ascella s'aiguise pourtant, un instant, elle se fait plus tranchante. Son opposante y voit alors l'espoir, enfin, l'annonce, d'un conflit ouvert et mordant, une vraie bataille, joute verbale à laquelle elle aspire depuis deux ans. Elle fait volte-face, prête à répliquer avec la même vigueur, la même fougue. Mais le ton de son interlocutrice s'émousse à nouveau. La brève vague de reproches cède aux remords, regrets et excuses, une honnêteté totale qui démunie une fois encore la pilote.
Durant le laps de temps qui a soulevé un élan de rage, elle s'est à nouveau avancé préparant, sélectionnant ses mots pour une réponse cinglante, des balles pour le chargeur d'un revolver à la gâchette brûlante. Mais face au retour de la délicatesse et de la patience, elle ne sait plus que dire, elle ne sait plus que faire. Interdite, elle écoute.  Enfin, d'une voix fluette, filet presque timide qui contraste drastiquement face à la démarche autoritaire qui a précédée, elle soupire :

« Et alors ? Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? Qu’est-ce que tu espérais en revenant ici ? Que je me jette à ton cou ? Que je te pardonne immédiatement sous prétexte que tu as souffert ? Mais tu l’as dit toi-même : nous sommes en guerre. Tu connaissais, comme tout le monde ici, les risques de ton métier, exacerbés par ton rôle de suicidaire. Tu savais très bien que la mort était à tes trousses, qu’elle vous collait aux basques comme elle le fait pour chaque putain de soldats ici ! »

Le zéphyr de sa voix s’est mue en un ouragan, au fur et à mesure de ses questions elle a pris de la force, de l’aplomb et rugit désormais, écume d’une colère qu’elle ne peut plus limiter. Sans laisser à Ascella le temps de rétorquer, de protester, sans lui laisser une seconde de répit, elle poursuit, portée par sa colère :

« On a jamais voulu nier la réalité de ton chagrin, ignorer ta souffrance ou occulter ta douleur. On la comprend, on la vie nous aussi, chaque jour, chaque minute, plus ou moins intensément. Alors, oui tu as été particulièrement touché, je n’ai jamais remis ça en question, au contraire, j’aurais tout fait pour t’aider. Mais ta douleur, te donnait-elle vraiment le droit de blesser ceux qui t’entouraient, qui t’aimaient ? Hein ? Tu m’expliques ? Pourquoi tu avais besoin de me, de nous, faire souffrir autant que toi ? Nous qui ne voulions que ton bien ? »

Elle a craqué. Complétement, totalement craqué. Seule la haine l’habite désormais. Elle se repend dans tout son corps, tout son être, s’immisce dans chacune de ses veines. Une furie destructrice l’anime. Elle assène un coup de poing violent dans la carrosserie impeccable de son précieux vaisseau, y laisse une marque à peine visible. Le choc de la tôle, de la chair et des os fait naître un bruit ample qui résonne dans tout le hangar, s’accompagne d’une grimace de douleur qu’elle dissimule avec maladresse..

« Putain ! »

Elle tremble
Kara Aryss
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Je l'observe qui s'éloigne de moi mais ne fais aucun geste pour la suivre, mes yeux restants fixés tout simplement sur elle d'où je suis. Elle est si belle même de dos. Mon cœur se sert un bref instant, et dire que je l'ai laissé tomber sans rien lui dire. Qu'est-ce que je suis nulle. Je m'en veux tellement. Elle dépose le matériel qu'elle avait entre ses mains ainsi que ses gants. Les voilà ces mains que j'ai touchées et qui m'ont touché. J'ai exploré son corps comme elle a exploré le mien. Je ferme quelques secondes mes yeux, reprends-toi ! Il faut que j'arrête de me remémorer les moments que nous avons passés ensemble, ça ne va que m'enfoncer sinon. Je sais que je suis en tord, que je lui ai fait du mal. Quand je me suis réveillée à l'infirmerie, Masha était là, auprès de moi. J'ai été sincèrement touchée par sa présence, j'aurais dû lui laisser au moins un mot avant de partir. J'ai été offusqué par le fait qu'elle catalogue mon absence par des vacances. Ce n'est en rien des vacances ! J'avais besoin de m'éloigner de la Résistance, du champ de bataille pour me retrouver, pour guérir. Mes plaies sont encore présentes mais elles se sont muées en cicatrices. Oui, elle a raison je connaissais les risques, surtout avec le commando qui frôlait sûrement bien plus la mort que tous les autres commandos et escadrons qui forment la Résistance. Mais jusqu'à présent, je lui avais toujours échappé et même si j'avais vu des camarades mourir, la mort n'arrivait pas à avoir une marque trop présente dans mon esprit. À cette époque, je devais être encore insouciante et c'est à grâce à ça que j'étais toujours partante pour une mission même si celle-ci pouvait me tuer. L'adrénaline qui coulait dans mes veines à chaque fois que nous partions était devenue une drogue pour moi.

Je maintiens mon regard sur elle durant ses premières paroles, jusqu'à ce qu'elle aborde le sujet de ma souffrance et du fait que j'ai faits du mal à ceux qui m'aiment, là, mes yeux se baissent. Bien sûr que non, je ne m'attendais pas à ce qu'elle se jette à mon cou, je me doutais bien que ça serait tendu. Ce ne sont que dans les rêves que l'on espérait que la personne que vous aimez ne vous en veuille pas de l'avoir laissé tomber comme une vieille chaussette. Mais Masha n'a jamais été une vieille chaussette pour moi et dès le lendemain de mon départ, je me suis maudite d'être partie comme une voleuse. J'ai eu sur le coup envie de revenir, de m'effondrer en larmes dans ses bras et de lui demander pardon d'être ainsi partie, mais hormis ce conflit intérieur je le sentais qu'il fallait que je fasse un break. M'aurait-elle suivi ? Aurait-elle accepté de s'en aller avec moi ? De tout plaquer . Je ne crois pas et je me refusais de lui demander de faire ça, même pour moi. Et je m'y refuse encore plus aujourd'hui. Surtout qu'à présent, elle est à la tête d'un commando. Je suis sûre qu'elle va faire des merveilles ! Je n'ai jamais dit qu'ils ont nié ma souffrance, Écho que j'ai connue au temple Jedi avant de la retrouver au sein de la Résistance a elle aussi tenté de m'aider, je l'en remercie même si ça n'a pas marché. Même à cette époque où j'allais tellement mal, j'avais conscience que l'on comprenait ce que je ressentais même si on ne l'avait pas forcément vécu. Je ne crois pas me souvenir que Masha ait perdu tout un escadron. Les pertes sont régulières et présentes lorsqu'il y a eu une bataille et cela dans les deux camps, nous perdons des amis et même ceux que nous n'apprécions pas au sein de notre camp, nous les regrettons.

J'ose m'approcher de quelques pas d'elle qui vient de frapper de son poing la carrosserie de son B-wing, avec une certaine timidité j'ose prendre sa main dans les miennes, usant de mon contrôle de la Force pour dissiper la douleur qu'elle vient de s'infliger en se cognant contre son appareil. « Je n'ai jamais pensé que tu sauterais de joie en me revoyant. Le lendemain de mon départ, j'ai regretté d'être partie sans te dire au revoir, mais il était trop tard. Et je ne me suis jamais dit que vous n'acceptiez pas mon chagrin. Mais j'allais tellement mal Masha, tellement, que je n'arrivais pas à réfléchir correctement. J'aurais dû t'en parler avant. Mais je crois que j'avais peur que tu tentes de m'en dissuader … à ce moment-là, je n'ai pas pensé au mal que mon départ pourrait faire. Ce n'est qu'après que j'y ai pensé, et je l'ai regretté. Je n'ai jamais souhaité vous faire du mal et j'espère qu'un jour, tu sauras me pardonner pour ce que j'ai fait. » mes yeux se ferment, il faut que je rompe le contact, j'ai envie de l'embrasser, c'est déplacé. Ses lèvres contre les miennes me manquent, tout me manque chez elle. Et pourtant, je le sais, cette proximité n'est pas prête de revenir avant un bout de temps. J'ai envie de lui dire que je l'aime, mais est-ce que je le ressens vraiment ? À cent pour cent ? Ma culpabilité ne joue-t-elle pas des tours à mon cœur ?

« J'aurais tant de choses à te dire, mais pas ici, pas dans un hangar où tout le monde peut l'entendre. » Je me fiche des regards qui se sont posés sur nous suite aux paroles et à la frappe de Masha contre son vaisseau, mais je ne souhaite pas étaler ma vie en public, surtout pas lorsqu'il est question de ma maladie. Qu'un minimum de personnes le sache est très bien comme ça ! J'aimerais en parler à Masha, mais pas ici, ce n'est pas le bon endroit. Je retire mes mains de la sienne et m'écarte d'elle, si je reste encore quelques instants de plus je crains de ne pas résister à l'envie de l'embrasser. Il faut que je m'en aille. Je n'aurais pas dû la toucher. Mes yeux glissent vers les siens « Écoute, je vais te laisser, il faut que je retrouve ma chambre … enfin plutôt mon dortoir … » je pince l'arête de mon nez « Ça fait bizarre de dire ça … bref, je te laisse retourner à ce que tu faisais, je ne veux pas te déranger plus longtemps. » ma main droite vient se placer sur mon épaule gauche « N'oublie pas ce que je t'ai dit, si un jour tu as besoin de parler à quelqu'un, tu peux venir me voir. Bonne fin de journée et peut-être à plus tard. » Je lui adresse un mince sourire et sans attendre fais volte-face pour m'éloigner le plus vite possible d'elle. Même si nous avons échangé que quelques paroles, cette paix intérieure que je chéris tant vient d'être chamboulée par notre conversation. Est-ce une bonne idée d'avoir accepté de revenir ? Je ne crois pas.
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Bien loin d'avoir retrouvé la totalité du calme et de la tempérance qui la caractérisent habituellement, Masha est pourtant redevenue maîtresse d'elle-même. L'inattendu coup de poing qui s'est enfoncé dans l'aile de son vaisseau a emporté dans sa course brutale la manifestation physique de sa colère. Son sang s'est alors refroidi. Le brasier de son courroux est redevenu une maigre flamme, toujours incendiaire mais, désormais contrôlée.
Cette explosion, tant redoutée, qu'elle n'a pu éviter, s'est finalement révélée nécessaire, ou tout du moins utile, puisqu'elle lui offre enfin la possibilité de réadopter l'attitude sobre voir stoïque qu'elle privilégie lors des batailles. Or cet affrontement, bien qu'oral, doit en effet, selon elle, être considéré comme le semblable de tous les combats qu'elle a pu mener au nom de la Résistance. Il faut, ici aussi, se focaliser sur l'attaque, empêcher l'ennemi de gagner ne serait-ce qu'un pouce de terrain, et surtout, ne jamais montrer ses faiblesses : failles pernicieuses, brèches mortelles où il pourrait s'engouffrer. Cependant, si la pilote a tenté d'appliquer ici cette théorie, elle a bien évidemment échoué. Tout d'abord car cette virulente conversation n'est que partiellement comparable aux opérations de bombardements de destroyers stellaires du premier ordre auxquels elle prend généralement part. Mais également, et avant tout, car, avant même l'échange de leurs premiers mots ce jour-là, Ascella avait déjà pénétré ses défenses et se trouvait donc en mesure de la détruire de l'intérieur. N’avait-elle pas commencé il y a deux ans auparavant lors de son départ ?

La rage fait place à la lassitude. Masha se sent fatiguée maintenant, si fatiguée. L'imprévisible violence qui a brusquement émané d'elle semble l'avoir vidée de toute force vitale. Elle ne trouve plus ni l'envie, ni la volonté de se battre. Elle regrette ses paroles, ses gestes. Rongée par le remords, elle laisse le silence l'envelopper, la bercer et ne pousse qu'un soupir discret, ferme les yeux, exténuée. Cet épuisement soudain entrave toute possibilité de réaction, amenuise ses réflexes, ainsi ne fait-elle rien lorsque Ascella s'approche et calme avec affection son mal.  La caresse est douce, les mains de la brunette sont fraîches, apaisantes. Les jointures rougies et endolories de la main de la pilote retrouvent en quelques secondes leur état normal, la douleur s'envole miraculeusement.
Ce contact charnel inespéré ramène Masha plus de deux ans en arrière, à l'époque où cette souffrance qu'elle éprouve au creux de sa poitrine n'était pas encore. A demi-consciente, elle se remémore les nuits de tendresse passées dans l'intimité de ses draps. Dans ses oreilles résonne faiblement l’écho de rires et de soupirs, des mots suaves et mélodieux. Insouciantes qu'elles étaient, elles n'ont pas su pleinement profiter de ces instants. Si leur disparition toute proche leur avait été annoncée, elles les auraient sûrement d'autant plus chéris, mais il est trop tard. Cette caresse soulage malgré tout quelque peu sa brûlure intérieure.

Les oreilles de Masha bourdonnent. La tête lui tourne. Lorsqu'elle rouvre les yeux, les murs du hangar semblent tanguer, danser. Ses pensées se floutent. Elle a l'impression d'être ivre, ivre de tristesse, de solitude et d'incompréhension. Pourtant, elle voudrait bien finalement comprendre, mais cette empathie lui est refusée, elle ne parvient pas à l'atteindre. Seule lui parait sa peine, ses blessures à peine cicatrisées, elle ne parvient pas à pardonner et sur ses lèvres demeure toujours ce mot : "pourquoi".
Le brasier de sa rancœur s'éteint. S'être ainsi enflammé l’a réduit à un petit tas de cendres, ridicule. Mais les propos d'Ascella attise sa curiosité et le mystère qui voile son discours la perd un peu plus, elle voudrait tant savoir. Elle reste muette, effrayée par ce qu'elle a pu dire et ce qu'elle pourrait encore annoncer, elle préfère se taire.

D'un oeil morne, les épaules basses, elle regarde son ancienne amante s'éloigner, ne fait rien. Elle se sent inutile, voudrait agir mais un elle-ne-sait quoi la retient, la cloue au sol et entrave sa gorge. Sa voix se meure sans n'avoir pu s'exprimer, elle reste les bras ballants à côté de son bwing, baisse la tête.
L’espoir d’une rencontre nouvelle persiste en elle. Elle espère en effet la revoir, avoir peut-être la chance de pouvoir s’exprimer surtout de s’expliquer, qu’après cela, tout sera oublié et chaque chose reprendra sa place.


Fin

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